L’intelligence politique allemande

par Daniel RIOT
mercredi 23 novembre 2005

Angela Merckel peut lancer le cri célèbre : « C’est maintenant que les difficultés commencent »... Elle devra se garder sur sa droite (« Seigneur, délivrez-moi de mes amis. De mes ennemis, je m’en occupe »...)et sur sa gauche, évidemment, et elle se sait condamnée à une impopularité annoncée et déjà amorcée. Pas d’état de grâce pour cette première chancelière : la rue pleure (les sondages sont là) et nombre d’éditorialistes gémissent. Et pourtant...

L’Allemagne politique affiche une belle intelligence, fait montre d’une belle sagesse et témoigne d’un sens des réalités qui relève des plus belles vertus civiques : la lucidité et le courage... Peut-on le dire sans se faire accuser de masochisme hexagonal ?

Contrairement à nos têtes politiques actuelles, obsédées par des présidentielles encore lointaines, et prisonnières de la doxocratie ambiante, les dirigeants et les militants de la CDU/CSU et du SPD méritent d’être applaudis pour leur sens de l’État. Quelle est la différence entre un homme (ou une femme) politique, et un homme (ou une femme) d’État ? Le premier (clonable) pense à la prochaine élection. Le deuxième (rare) pense à la prochaine génération. Belle différence. Schröder, déjà, s’était lancé dans des réformes d’un courage qu’on ne retrouve ni dans les motions ni dans la synthèse du Mans. Merckel va les poursuivre dans un esprit de continuité, et non de rupture, en prenant le risque de faire des mécontents et de renoncer à quelques-unes des orientations défendues dans sa propre campagne électorale.

Le réalisme n’est pas le contraire de l’idéalisme. L’art du compromis n’est pas l’esprit de compromission. L’art du possible n’est pas synonyme de résignation. « L’idéal et la nécessité », redirait Jean Monnet...


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