Balades de Saint Augustine (Florida) à Savannah (Georgia) - Côte Est des USA - PARTIE « A »

par JPCiron
lundi 28 août 2023

Comme souvent pour mes Articles de Voyages, je propose un ''reportage photographique".

Pour les commentaires, l'idée n'est pas de reprendre les informations aujourd'hui facilement accessibles sur internet, mais plutôt de faire émerger un ressenti, une ambiance, un sentiment.

Je ne prétend pas avoir tout vu : en voyage aussi, il faut faire des choix.

Depuis longtemps, nous nous étions promis de visiter Manhattan... Mais avant de nous 'immerger' dans le béton, nous avions choisi de prendre une bouffée d'air frais, sur un bout de la côte Est. Aussi avons-nous fait un Paris – Atlanta – Jacksonville, pour ensuite remonter le long de la côte vers le Nord.

La découverte de nouveaux paysages, c'est cool. Et cela peut aussi donner l'opportunité de ressentir de plus près la substance qui se tenait derrière les quelques lignes lues sur un livre d'histoire ou d'économie.

Cela donne à penser. Et je partage aussi mes réflexions, à l'occasion.

 

 

Voici à présent le Plan de nos balades de Saint Augustine à Savannah :

PARTIE ''A''

> Saint Augustine / Florida

> Jacksonville / Florida

> Cedar Point / Florida

> Fernandina Beach (Amelia Island) / Florida

> Fort Clinch (Amelia Island) / Florida

> Jekyll Island (Dead Tree Beach) / Georgia

> Une pensée pour les disparus

 

PARTIE ''B'' (à suivre)

> Jekyll Island (Historic Center / Georgia

> Wormsloe / Georgia

> Savannah / Georgia

 

Et puis, nous avons poursuivi notre voyage sur la Caroline du Sud, puis sauté à Manhattan.

Ce seront deux autres Articles.

Suite à un (bon) conseil, je réduis fort drastiquement le nombre de photos sur cet Article de voyage... et sur les suivants.

 

 

SAINT AUGUSTINE

https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Augustine

Les Espagnols ont été les premiers à coloniser la Floride, dès le XVI siècle. Ils fondent la ville de Saint Augustine en 1565.

 

La plus ancienne école en bois des USA était à Saint Augustine ! Ici reconstituée.

 

Flagler College

 

Le ''Castillo de San Marcos'' est le premier fort (initialement en bois) construit aux USA. Il servait de protection contre les pirates (venant de la mer) et contre les populations autochtones (qui défendaient leurs terres). (1672)

 

 

 

JACKSONVILLE / Florida

https://en.wikipedia.org/wiki/Jacksonville,_Florida

Jacksonville est une ville extrêmement étendue constituée essentiellement de quartiers résidentiels, étalés autours de grands axes de circulation.

 

 

 

 

On voit ici le pont-levis ferroviaire, qui laisse passer les bateaux en position haute (il était en position basse sur la photo précédente).

Les trains qui passent là (marchandises) semblent faire plusieurs kilomètres de long...

 

 

 

 

Entre deux zones résidentielles, se trouvent des zones protégées.

Par exemple Jurlington Durbin Creek (Nature Preserve) où je me suis arrêté, par curiosité.

 

C'est une zone en grande partie marécageuse... avec alligators paraît-il.

 

Il y a des jeux de lumières fantastiques

 

Et chacun y trouve sa nourriture : de l'herbe fraîche pour le lapin. Et du lapin pour l'alligator...

Et, partout, en silence, un œil surveille votre passage...

 

 

CEDAR POINT(Jacksonville) / Florida

https://www.nps.gov/timu/learn/historyculture/cedarpoint.htm

 

C'est une bien agréable balade principalement à l'ombre.

Partout, il y a ces ''spanish moss'' qui pendent des arbres.

 

 

 

 

FERNANDINA BEACH (Amelia Island) / Florida

https://en.wikipedia.org/wiki/Fernandina_Beach,_Florida

 

C'est la première cité apparue sur l'île Amelia. Devenue une station balnéaire, mais avec quelques maison traditionnelles intéressantes  :

 

 

 

 

Avec, très souvent, le drapeau.

 

 

 

FORT CLINCH (Amelia Island) / Florida

https://www.floridastateparks.org/fortclinch

 

Un Fort 'récent' (1847)

 

Unique entrée

 

Les canons font face à la mer...

… et à la terre.

 

Il y a sur cette place des sonneries de trompette, de tambour,... qui donnent vie à cette grande place d'armes intérieure.

 

 

En attendant l'ennemi...

Cet échiquier donne un trait humain au dortoir fonctionnel.

 

J'ai été étonné par le nombre de cheminées dans ce fort (en Floride quand même...).

 

 

JEKYLL ISLAND (Dead Tree Beach) / Georgia

https://keithdotson.com/collections/driftwood-beach-on-jekyll-island-georgia

 

Le sol a été érodé par les vagues. La végétation a perdu son appui et est repoussée, morte, vers la côte.

Cette érosion importante, localisée, pourrait venir de quelque modification de courants marins locaux, ou tout simplement du sol qui s'enfonce sur cette zone. Le sol, ça ''respire''.

 

Les conifères, avec leurs racines verticales, résistent plus longtemps. Mais subissent le même sort.

 

Les feuillus au système radiculaire horizontal sont les premiers à céder.

 

A chacun sa trajectoire...

 

 

La vie continue...

 

 

UNE PENSÉE POUR LES DISPARUS...

Dès le début de ce vagabondage exploratoire d'une partie de la côte Est, j'ai pu me rendre compte que, sur place, demeurent les traces visibles des premiers colons européens, mais que celles des peuples autochtones (les ''Indiens'') semblent absentes en Nord Floride...

Aussi je place ici quelques considérations pour les disparus :

 

> Rappel Historique Express

Les premiers habitants des Amériques sont arrivés là voici environ 16000 ans.

A l'arrivée des européens, vers l'an 1550, les peuples indigènes occupaient tout l'espace des actuels USA, dans une grande variété d'environnements. Ces peuples étaient constitués d'une dizaine de cultures éclatées en de nombreuses Nations. Un grand nombre de langues étaient pratiquées. 

https://www.loc.gov/resource/g3701e.ct003648r/

 

Ces peuples autochtones étaient alors environ 50 millions dans les Amériques, dont dix dans l'actuel territoire des USA :

https://www.history.com/topics/native-american-history/native-american-cultures

 

L'Amérique du Nord comptait ainsi plus de 300 langues du temps des premiers colons européens. Il n'en reste que six qui ont encore quelques chances de survivre... Ce qui est similaire à ce qui s'est passé en Australie où il ne reste qu'une poignée de langues, sur les 250 présentes avant l'arrivée des européens.

 

L'arrivée des européens a donné lieu à de rudes affrontements, et les Indiens ont été dispersés. « Du jour où un établissement européen se forme dans le voisinage du territoire occupé par les Indiens, le gibier prend l'alarme. (…) ''Les troupeaux de bisons se retirent sans cesse, disent MM. Cass et Clark dans leur rapport au Congrès, 4 février 1829'' » (…) « Ce ne sont donc pas, à proprement parler, les Européens qui chassent les indigènes de l'Amérique, c'est la famine (…)''. » (1) p476

Et l' histoire des Indiens a été pour le moins chaotique : « Ces bouleversements et ces changements ont eu lieu au cours de nombreux siècles, et chaque épisode individuel a été marqué par son propre ensemble de circonstances uniques, allant des négociations publiques et de la planification minutieuse aux subterfuges et à la tromperie ; des déclarations d'amitié aux appels au génocide ; de la maladie, de la famine et des effusions de sang à la persévérance, à la résistance et à l'espoir face à la persécution.  »

https://www.loc.gov/classroom-materials/immigration/native-american/

 

Pour la Floride, en 1897, les ''réserves'' pour les Indiens couvraient encore une grande zone centrale :

https://fcit.usf.edu/florida/maps/nat_am/nat_am01.htm

De nos jours, les ''Réserves'' d'Indiens en Floride ne sont plus qu'une poignée de minuscules micro-confettis (agrandir la carte pour pouvoir les voir) :

https://www.doi.gov/sites/doi.gov/files/uploads/12_bia_regions.pdf

Ces réserves se trouvent essentiellement sur le sud de la Floride. Ainsi, dans la partie nord d'où commence mon périple, il avait été fait place nette depuis bien longtemps.

 

> Analyse 'technique' d'Alexis de Tocqueville

Alexis de Tocqueville confie  :« Les Américains des États-Unis ont atteint ce double résultat [exterminer la race indienne et l'empêcher de partager leurs droits] avec une merveilleuse facilité, tranquillement, légalement, philanthropiquement, sans répandre de sang, sans violer un seul des grands principes de la morale aux yeux du monde. On ne saurait détruire les hommes en respectant mieux les lois de l'humanité. (…) Plus j'y songe et plus je pense que la seule différence qui existe entre l'homme civilisé et celui qui ne l'est pas, par rapport à la justice, est celle-ci : l'un conteste à la justice des droits que l'autre se contente de violer. » (1) p. 498

Mais, comment violer la justice légalement ? Facile  : on crée une loi inique, que l'on va ensuite faire respecter scrupuleusement. Ainsi, si l'on considère que ''les Indiens font partie de la faune", alors, s'ouvrent des perspectives ''intéréssantes''.

A ce propos, Claude Lévi-Strauss remarquait que « Tandis que les blancs proclamaient que les Indiens étaient des bêtes, les seconds se contentaient de soupçonner les premiers d'être des dieux. A ignorance égale, le dernier procédé était certainement plus digne d'hommes.  » (5)

Ces ''intéressantes perspectives'' ont donc été exploitées dans le Rapport du Comité des Affaires Indiennes du 24 février 1830. Rapport qui expose le Principe Fondamental selon lequel les Indiens, en vertu de leur ancienne possession, n'ont acquis aucun droit de propriété ni de souveraineté. Tout comme les bisons des plaines, qui n'ont pas titre sur les plaines ! Et ce principe n'a ensuite jamais été abandonné, ni expressément, ni tacitement. (2)

Comme dit Tocqueville, « La conduite des Américains des États-Unis envers les indigènes respire (…) le plus pur amour des formes et de la légalité. »

C'est le même esprit qui guidait Winston Churchill en 1937, niant les droits des Palestiniens sur leurs terres : « Je ne pense pas que le chien dans la crèche ait un droit à la crèche, même s’il y est depuis longtemps. Je n’admets pas ce droit. Je n’admets pas, par exemple, qu’un grand tort ait été causé aux Indiens d’Amérique ou aux populations noires de l’Australie. Je n’admets pas qu’un tort ait été causé à ces peuples parce qu’une race plus forte, une race de plus haut grade, une race plus consciente des réalités pour ainsi dire, est venue et a pris sa place » (3)

 

C'est aussi le même esprit qui est toujours aujourd'hui à l'oeuvre au grand jour en Palestine, avec un régime d' Apartheid qui est en pratique accepté par tout l' Occident. (4) (6)

 

Le Chef Seminole Osceola (1804–1838) – Author George Cattin - Public Domain

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/be/Osceola.jpg

 

 

> Aurions-nous fait fausse route ?

Le processus initial de domination en Amérique a préparé l'installation d'une société coloniale. Outre la ''nécessaire'' violence physique pour l'instauration de ce genre de société, s'installe aussi une violence culturelle. Ainsi, les peuples dominés se trouvent bon gré mal gré ''embarqués'' sur le train du salut biblique menant à la fin des temps... Ce qui est un monde totalement étranger pour les Indiens d'Amérique pour lesquels les êtres et les choses étaient, et pour toujours, intimement liés au spirituel via les mythes et les rites. 

Or, « A côté de chaque religion se trouve une opinion politique qui, par affinité, lui est jointe. Laissez l'esprit humain suivre sa tendance, et il réglera d'une manière uniforme la société politique et la société divine ; il cherchera, si j'ose dire, à harmoniser la terre avec le ciel. » (1) p426

Cinq siècles après le début de colonisation de l'Amérique, nous commençons seulement à nous demander si la colonisation du monde, que nous entreprenons-poursuivons, est un projet « Civilisés contre Barbares » comme on nous l'a appris, ou bien la même chose à rôles inversés. Cette idée émerge de la lecture-interview de l'historien Serge Gruzinski (EHESS – Univ. Princeton – Univ. Belém) :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/colonisation-du-nouveau-monde-civilises-contre-barbares-1811529

 

 

(à suivre)

 

JPCiron

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Note : je ne m'oppose pas à ce que mes articles soient republiés (totalement ou partiellement) (traduits ou non), pour peu que soit rappelée l'adresse Web de l'Article concerné (sauf utilisation commerciale).

°°°°°°°°°°°  NOTES  °°°°°°°°°°°°°°°

.. (1) - Ouvrage « De la Démocratie en Amérique » – Alexis de Tocqueville (1835) – Gallimard - 2014

 

.. (2) – Le Indian Removal Act (Loi sur le déplacement des Indiens) du 28 mai 1830 se base sur la décision de la Cour Suprême de 1823 qui statue que, si les Indiens occupent et contrôlent des terres à l'intérieur des États-Unis, ils ne peuvent pas avoir titre sur ces terres. « (…) Indians could occupy and control lands within the United States but could not hold title to those lands.  »

 

.. (3) – Article « Le Sionisme : la déclassification progressive des archives change le regard des historiens sur les Processus associés à sa mise en oeuvre  » :

 https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/le-sionisme-la-declassification-209989

 

.. (4)  Article « Quelle PAIX pour les 'indiens' de Palestine ?  » :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/quelle-paix-pour-les-indiens-de-211789

 

.. (5) - Ouvrage «  Tristes Tropiques  » par Claude Lévi-Strauss – Terre Humaine / Plon - 1955

 

.. (6) – Article «  Un régime d'Apartheid du Jourdain à la mer Méditerranée : quoi de plus naturel ? »

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/un-regime-d-apartheid-du-jourdain-244787

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 


Lire l'article complet, et les commentaires