Cent ans d’égyptologie en Belgique

par Réflexions du Miroir
mercredi 12 avril 2023

Le 14 mars 2023, la reine Mathilde et la princesse Élisabeth de Belgique ont entamé une visite de travail de trois jours en Égypte. Mère et fille ont foulé la terre des Pharaons, du Caire à Louxor, pour suivre les traces de l'intrépide reine Élisabeth, venue 100 ans plus tôt découvrir la tombe de Toutankhamon.
E
n Belgique, l'engouement pour l'égyptologie est né par la persévérance de Jean Capard.

Il y a 100 ans, presque jour pour jour, la reine Élisabeth, épouse du roi Albert Ier, arpentait les terres de ce pays d'Afrique du Nord avec son fils aîné, le futur Léopold III. L'héritier du trône n'avait alors que 21 ans, comme la duchesse de Brabant. Elles inaugurent l'exposition intitulée 1923-2023 composée de photographies et de films relatant le voyage de la reine Élisabeth de Belgique et du prince héritier Léopold.

La reine Élisabeth est à l'origine de l'épanouissement de l'égyptologie en Belgique. Elle était réputée pour sa passion débordante pour la terre des Pharaons et sa témérité. Elle fut d'ailleurs l'une des premières européennes à découvrir la tombe de Toutankhamon située dans la Vallée des Rois en suivant l'égyptologue Jean Capart. Celui-ci d'un enthousiasme et d'un dynamiste permanent va en une cinquantaine d'années, donné son véritable essor à la collection égyptienne en faisant de Bruxelles une véritable capitale de l'égyptologie. Son esprit encyclopédique se rattache à la philosophie de Paul Otlet et Henri La Fontaine qui, dans leur Mondaneum s'étaient donné pour but de rassembler en un même lieu toutes les connaissances du monde, devenant l'ancêtre du Web. 

 

En 1922, la découverte de la tombe de Toutankhamon par Howard Carter provoque une engouement, Capart suggère à la reine Elisabeth de créer une fondation égyptologique pour promouvoir les connaissances scientifiques concernant l'Egypte ancienne. Cette fondation devenue Reine Elisabeth qui fête son centenaire, devient un centre de recherche et de diffusion de l'égyptologie grâce à de nombreuses publications et conférences.
En février 2022, la reine Mathilde et sa fille ont visité le célèbre tombeau, point d'orgue de la visite. Guidées par des égyptologues et des professeurs, elles se sont rendues ensuite sur différents sites archéologiques à Louxor et ses environs où des fouilles sont encore en cours, effectuées par des institutions et des universités belges pour valoriser une fois de plus, l'expertise belge dans ce domaine et de "mettre en lumière la passion et l'engagement de l’aïeule de son époux pour l’égyptologie dans une visite de travail historique sur les traces de son arrière-arrière-grand-mère.
"
Cette visite commémore plusieurs anniversaires célébrés en 2022 et 2023 de manière symbolique" révèle le communiqué officiel du palais.

  1. Il y a 200 ans, Jean-François Champollion parvenait à déchiffrer les hiéroglyphes.
  2. Il y a 125 ans ce fut l’émergence de l’égyptologie belge.
  3. Il y a le 75 ans mourrait l'égyptologue belge, Jean Capart, grand ami de la reine Élisabeth. 

Pour l'occasion, la reine Mathilde et sa fille logèrent dans le mythique "Winter Palace Hotel", le même hôtel que la reine Élisabeth 100 ans plus tôt. Celui-là même qui a accueilli la célèbre romancière Agatha Christie au moment d'écrire "Mort sur le Nil".
Jean Capard a été l'initiateur et le catalyseur de l'égyptologie en Belgique.
Elle a été aussi pour moi, le départ d'une passion. Plusieurs livres m'ont servi pour m'informer de cette époque qui a compté 3000 ans d'histoires. 

Ramsès II

Ramses II et son héritage continuent de fasciner le monde entier.
A Paris, une exposition "Ramsès II et l'or des pharaons" vient d'ouvrir ses portes

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« Paris sera la seule ville d’Europe à accueillir cette exposition et, surtout, la seule à montrer le sarcophage de Ramsès II grâce à une coopération inédite entre la France et l’Egypte ». Les pharaons sont une valeur sûre de la muséographie. Ils intéressent tout le monde, jeunes et vieux, petits et grands, et cet amour finit par en être intrigant. Depuis la campagne de Napoléon et la découverte de Champollion, il s’agit d’une véritable passion française qui ne s’est jamais démentie.
Mais, qui était ce pharaon ? Il représentait un dieu sur Terre pendant sa vie.
Quelle était sa vie et que retenir de son règne ? Philippe Collombert, professeur d'égyptologie à lʹUniversité de Genève et directeur de la mission archéologique franco-suisse de Saqqâra répond dans "Un jour dans l'histoire"..
Il reste l'un des rares pharaons dont la mémoire persiste au cours des siècles. Des constructions immenses encore visibles (Abou Simbel, le Ramesseum) des histoires bibliques comme l'Exode. En 1956, sortait les "Dix Commandements" et était représenté à nouveau ce 5 avril sur notre 3ème chaîne télé belge.
En Egypte au temps pharaoniques, le bébé sauvé des eaux, Moïse, a eu une singulière destinée à devenir le libérateur des Hébreux et leur guide spirituel.
Mais qui était Moïse et avec quel Ramsès a-t-il été contemporain ?

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Ce fut le tournant dans l'histoire, par un déclic dogmatique qui a fait passer le polythéisme au monothéisme dans l'esprit des contemporains et des générations suivantes.
De vagues références des auteurs classiques à un roi à Ramsès (ou Ozymandias d'après Diodore de Sicile) le souvenir du puissant pharaon de la XIXème dynastie pour traverser les millénaires sans connaître ses pensées intimes, ses objectifs et ses peurs pour dresser un tableau psychologique de sa personnalité et à mieux cerner ses initiatives. Ses exploits trahissent une certaine démesure, le désir de surpasser ses prédécesseurs et de laisser une empreinte pérenne dans la mémoire des hommes en regard des dimensions colossales des ses monuments et de l'échelle de ses affrontements militaires jusqu'à son extraordinaire descendance de plus d'une centaine de fils et de filles. Que dire sinon d'être un Dieu sur Terre dans le sillage des Grands qui est monté sur le trône à l'âge de 24 ans en -1279 AC jusqu'à l'âge de 91 ans après une lignée non royale de rois éphémères à la légitimité douteuse qui avaient bâti un empire puissant, terminé dans le trouble en transit par l'épisode amarnien et la réforme religieuse d'Akhenaton (Aménophis IV) d'un Dieu unique : le Soleil.
Pour les anciens Égyptiens, l'univers n'était au commencement qu'un grand océan primordial sur lequel Ré  créa le monde qui fit naître le dieu Noun dans un enchainement avec Atoum (le soleil), de Tefnout (l'humidité), de Shou (le souffle) qui sépara la déesse Nout, reine du ciel, de Geb, dieu de la terre dont l'union naquirent trois fils : Osiris, dieu des moissons et roi des tombes, Horus, à la tête de faucon protecteur, dieu du cosmos et Seth, le maléfique, dieu des tempêtes et des orages et deux filles, Isis et NephtysGeb offrit le pouvoir sur terre à Osiris, dieu de la fertilité. Il régna aux côtés de sa sœur et épouse Isis, reine magicienne, Hathor, à tête de vache, déesse de l'Amour, de la Beauté, de la Musique et de la Maternité. Osiris fut le premier Pharaon d'une longue lignée au cours de ces 3000 ans.
Pour parler de leurs croyances polythéistes, on parle de "Mythologie égyptienne" avec des noms comme Ramsès, Thoutmosis, des Aménophis, numérotés en séquence..
Ils avaient la volonté d'être immortels, de vivre des millions d'années après leur mort par la conservation de leur corps pour leur survie dans l'au-delà..
Ils avaient pris des représentations de leurs dieux par des têtes d'animaux et des être vivants qu'ils connaissaient visuellement.
L'initié égyptien prend conscience des neuf éléments essentiels de l'être :

  1.  djet, le corps par image matérielle du grand corps céleste
  2.  ka, représentant du dynamisme créateur 
  3.  ba, l'âme qui a la possibilité d'incarner le divin sur cette terre 
  4. shut, l'Ombre comme reflet de la vérité
  5. akh, le lumière de l'esprit
  6. ab, le cœur comme siège le siège de la conscience 
  7. sekhem qui  apporte la puissance de réalisation
  8. rén, le Nom qui donne la vérité ultime de toute création 
  9. sakh, représentant le corps spiritualisé. 

C'est dire que les Egyptiens anciens avaient tout envisagé, tout orchestré par neufs fonctions, bien réparties avec des dieux qui s'occupaient de toutes leurs tâches spécifiques avec leur notion de cycles circadien qui va de la naissance du Soleil au matin et à sa disparition le soir et de sa renaissance, le lendemain avec Khépri, dieu des cycles et Atoum ,situé entre "ne pas être" et "être complet". Ptah, dieu des artisans et des artistes.
Le cycle annuel doit prévoir des inondations trop faibles ou trop fortes à cause des crues du Nil qui pouvaient être source de joie comme de peine avec Sobek. à la tête de crocodile solitaire, dieu de l'eau et Bastet, à la tête de chat, déesse de la joie du foyer.
Le cycle de la vie passe par la naissance qui succède à la mort avec son protecteur Anubis, à la tête de chacal bien aimé, protecteur des nécropoles mais qui ne doit pas prévoir de réincarnation terrestre, mais seulement l'idée de l'immortalité par la grande sagesse de Thot à tête d'ibis, maître du temps, du savoir et des mathématiques.
Tout est ainsi réglé avec des dieux pour toutes les phases de la vie.
Le Nouvel Empire, le plus important dans l'histoire, contient la XIXème dynastie avec les pharaons Ramsès Ier, Séthi Ier, Ramsès II, Mérenptah, Amenmès, Séthi II, Siptah et Taousert...

Leur "Livre des morts" ou "Livre pour sortir au jour", celui des vivants, mais aussi de tout principe lumineux s'opposant aux ténèbres, à l'oubli, à l'anéantissement et à la mort. Dans cette perspective, le défunt égyptien cherche à voyager dans la barque du dieu soleil  et à traverser le royaume d'Osiris dans une version nocturne du Soleil diurne en cours de régénération.

 

Réflexions égypto-belgo humoristiques du Miroir

J'ai écrit successivement 

Après avoir fait la croisière sur le Nil jusqu'à Assouan, à Louxor, le Winter Palace a été mon hôtel pendant une semaine dans une petite chambre pas celle des reines Elisabeth ou de Mathilde.
Jean Capart a rendu à l'utopie de l'égyptologie, ses lettres de noblesse au niveau mondial.
Il est mort en juin 1947 et je suis né deux mois après.

Mon homonyme parfait, pourtant sans lien familial, a été égyptologue au Musée du Cinquantenaire, lui, Bernard et moi Guy. En 2004, il écrivait dans la "Revue belge de philologie et d'histoire".
Pas étonnant que l'égyptologie a été pour moi, une passion. C'était écrit.
L'Egypte des Pharaons a une histoire d'au moins 3000 ans.

Elle a évidemment évolué dans le temps mais il y a des anniversaires que l'on ne peut laisser passer dans l'ombre.
France5 présentait jeudi 5, "La cité oubliée de Ramses II" à la découverte de Pi-Ramsès à Qantir..
Ce samedi 8, le documentaire "Enquête sur la nécropole des taureaux sacrés" à Saqqarah, non loin de la pyramide à gradins de Djoser, construite par l'architecte Imhotep, montre la mystérieuse et très ancienne nécropole du sérapéum dédiée aux taureaux sacrés au nom grec Apis qui perdura jusqu'à l'époque romaine comme symbole de fertilité, de puissance sexuelle et de force physique. Au milieu du XIXème siècle, avait été mis à jour, un fabuleux trésors constitué de vases canopes, d'amulettes, de statuettes et de bijoux à leur effigieAuguste Mariette y avait commencé les fouilles, guidé par les informations de Strabon, mais bizarrement sans y trouver de tombes. Les pharaons aimaient s'entourer de tout le confort dans leur tombe pour la traversée de l'au-delà.
ARTE continuait la soirée par "Les étonnantes techniques des bâtisseurs de la pyramide de Khéos" et par le suspense du "Complot contre Ramsès III".

Les fouilles continuent sur plusieurs fronts en Egypte.

Les Grecs ont pris la relève des Egyptiens en personnifiant leurs dieux dans une famille régulée par le patriarche Zeus du haut de l'Olympe.
Dans la mythologie grecque, les dieux peuvent être blessés, tomber malades ou même être tués. Ils peuvent être soumis à des limitations et des faiblesses bien plus humaines, telles que la jalousie, la colère ou la luxure.
Les Romains ont repris l'idée en leurs donnant d'autres noms mais avec des fonctions équivalentes. (Aphrodite->Vénus, Apollon->Phébus, Arès->Mars, Artemis->Diane...).

Alors, les religions du christianisme, de l'islamisme et du judaïsme, tout en reprenant certaines idées, ont imaginé réduire les divinités sur la tête d'un seul Dieu avec des noms différents, pour s'occuper de tout cela en offrant le paradis ou l'enfer pour couronner une vie avec une "âme immortelle" ni tangible, ni subliminale, ni même palpable qui se manifesterait le jour du Jugement dernier.
En attendant, les corps matériels peuvent ainsi être enseveli dans la terre ou brûlé par la crémation puisque subsistent l'âme. L’âme, du latin anima, « souffle, respiration », est à la fois le principe vital et spirituel, immanent ou transcendant, qui animerait le corps de tous les êtres vivants. Le terme « âme » est souvent employé comme synonyme d'« esprit ».

Vivant, il lui faudra seulement respecter et obéir aux Dix Commandements. 

Le dictionnaire philosophique de Lalande définit l'âme comme un "Principe de la vie, de la pensée ou de toutes deux à la fois, en tant qu'il est considéré comme une réalité distincte du corps par lequel il manifeste son activité." de manière matérielle chez Epicure ou Tertullien, immatérielle chez Descartes dans une dualité de nature et de fins, en opposition avec l'idée du corps, par une méthode métaphysique, empirique, morale qui offre à ces termes une polysémie riche, souvent source de polémiques et d’ambiguïté. Avec ce concept vitaliste, la mort deviendrait moins mystérieuse grâce à l'âme qui quitte et le corps devient inerte. L’âme est alors porteuse d'un espoir de vie éternelle, de résurrection et de réincarnation qui est fêtée tous les ans pour commémorer la résurrection de Jésus que le Nouveau Testament situe le « troisième jour » le surlendemain de la Passion, ce sentiment d'amour, d'émotion ardent, parfois plus fort que le raisonnement précédée par la Semaine sainte, dernière partie du carême, commence dans la nuit qui précède le dimanche de Pâques, par la veillée pascale. Fête imitée dans l'Islam par le Ramadan.
Seulon les religions monothéistes, nous sommes entourés de fantômes qui se manifestent à des moments qui leurs semblent opportuns.
Le film fantastique Ghost l'exprime parfaitement. Ces doubles fantomatiques nous hanterainet en permanence, nous suivraient après notre mort et demanderaient un médium pour faire la transition entre les êtres vivants et les morts.


Un Dieu unique qui serait partout présent et n'importe quand, doit avoir un ordinateur quantique gigantesque pour manager et réguler notre monde avec les cantiques. Il ne saurait plus où donner de la tête.
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Le mythe s'applique à porter au langage le tout du réel, à la fois le visible et l'invisible. La religion, au travers de rites, sauvegarde ses voiles sous l'action et les effets affectifs qu'elle transmet à la sensibilité du croyant.".
Ce ne serait plus qu'une question de voiles qu'il faudrait déchirer pour voir ce qui a en dessous ?
Il en faut de la foi pour comprendre les croyances qu'il serait capable de tout faire dans l'espace et dans le temps alors que chaque fonction a ses propres prérogatives et sa vision du monde.
Mathusalem, patriarche et figure du judaïsme, du christianisme et de l'islam, a régulé les trois religions comme le plus âgé avec ses 969 années mentionnées dans l'Ancien Testament. Selon le Livre de la Genèse, fils d'Hénoch, père de Lamech et grand-père de Noé, il est mentionné dans le Livre des Chroniques et dans l'Evangile selon Luc.
La vie de Mathusalem est décrite principalement dans des textes religieux extrabibliques par le Livre d'Hénoch, le Livre des secrets d'Hénoch et le Livre de Moïse. Les théologiens ont offert plusieurs explications à la longévité exceptionnelle de Mathusalem selon la Bible. Certains avancent qu'il s'agit d'une mauvaise traduction. D'autres considèrent que son âge est utilisé pour donner l'impression que le début de la Genèse est un passé très lointain. Comme c'est bizarre d'être devenu un symbole de longévité avec l'expression « Vieux comme Mathusalem », alors que personne n'a reçu de testament en direct de sa part.
Considérés comme des êtres divins, au-dessus des lois de la nature, les Pharaons comme les dieux régissent la mortalité des humains, existent depuis l'aube des temps jusqu'après la fin du monde en esprit chez les humains mortels.
Mathusalem a bien mérité du repos après une vie aussi longue de près de 1000 ans. Il devait être crevé, mériterait de se reposer, de prendre sa retraite et de vivre de ses rentes comme tout le monde.
Il recevra une place importante dans les livres d'histoire et les dictionnaires.
La vie, il faut la vivre telle qu'elle est avec ses bons et ses mauvais côté et parfois avec la foi en soi ou en son entourage en osant l'imagination comme l'avait le thème de la Foire du Livre.
Mardi 4 avril, ARTE présentait le documentaire "Les évangéliques à la conquête du monde" avec le 3ème épisode "Dieu au-dessus de tout ?".

Donald Trump revient dans l'actualité comme un nouveau Pharaon porté au pouvoir par les évangéliques.
Avec lui, le rationnel est passé à la trappe dans l'émotionnel sous le poids de la peur de voir mourir l'Amérique.
Le Cactus en parle avec une compil de Christophe Maé 

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La question de l'immortalité des dieux dépend de la compréhension et de l'interprétation de chaque religion ou mythologie. C'est vrai avec l'esprit de famille et celui des réformes, il y a parfois des expressions en lieux communs qui correspondent à "se tirer une balle dans le pied" ou à "scier la branche sur laquelle on est assis" ou encore à "creuser sa propre tombe"
sous la plume de Thomas Gunzig : 

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Le roman "La vie absolue" avec le sous-titre de "Comédie d'enfer" de Didier Van Cauwelaert vient bien à propos dans cette vision de vie éternelle et peut-être de transhumaniste d'aujourd'hui en oubliant la mort par cinq mots : exhumation, outre-tombe, mensonge, humour et écriture

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Je terminais mon 1er billet de 2006 : A la question d'un journaliste pour tester l'intérêt de jeunes écoliers égyptiens pour les temples, la réponse fut : "Jamais visité, c'est pour les touristes". Quant à la connaissance au sujet de la fuite en Égypte de Pharaon, la réponse fut : "Avant de périr, car Pharaon s'est noyé en suivant Moïse, il a tué la reine qui s'était convertie à l'Islam. Là, il y a du travail pour l'éducation.

On pourrait imaginer des classes flexibles comme en Belgique, racontées par le Cactus

   

ou alors par l'intermédiaire des célèbres "noktat" égyptiennes en leur offrant des pirouettes de langage et au besoin, en faisant un pied de nez aux réalités parfois contraignantes, voire dramatiques.
Amr Helmy Ibrahim écrit "Même si l’étymologie du mot reste encore relativement floue, "la 'nokta' dans le parler des gens, c’est le trait épicé, comique, la parole agréable qui touche l’esprit et le réjouit. L’origine du sens de 'nokta' dans la langue, c’est l’effet, la conséquence du retournement de la terre. Si la ‘nokta’ égyptienne est souveraine, c’est d’abord par ce que l’on pourrait qualifier d’excès de lucidité. Cet excès où tout membre authentique de la communauté reconnaît à la fois une vérité indiscutable et un danger irrémédiable, donc l’urgence d’en rire avant d’avoir à en pleurer.".
Robert Solé le reflète dans son "Dictionnaire amoureux de l’Égypte". L’écrivain Taha Hussein explique : "C’est ce que nous puisons à la terre et au ciel d’Égypte, à son Nil et à son désert qui nous donne ce caractère à la fois mystique, mélancolique, débonnaire et ironique.".
Eugène Fromentin, visitant l’Égypte en 1869, note dans ses carnets : "Ce peuple est doux, soumis, d’humeur facile, aisé à conduire, incroyablement gai dans sa misère et son asservissement. Il rit de tout. Jamais en colère. Il élève la voix, ou crie, ou gesticule ; on les croit furieux, ils rient. Leurs masques mobiles, leurs yeux bridés, leurs narines émues, leur bouche toujours entrouverte, large, fendue, leurs dents magnifiques, sont faits, on dirait, pour exprimer tous les mouvements de la gaieté.".
Rire - et d’abord rire de soi - est en effet une manière de ne pas pleurer. Quand les embouteillages bloquent le centre du Caire, on se résigne à emprunter le boulevard périphérique, mais après l’avoir surnommé 'le cap de Bonne-Espérance'. En 1967, au lendemain de la guerre des Six Jours et de l’humiliante défaite arabe, on a assisté à une telle floraison de blagues politiques que Gamal Abdel Nasser est intervenu publiquement : "Il faut faire attention, car nos ennemis pourraient en profiter.".
Les Égyptiens ont tendance à se moquer d’eux-mêmes et rarement des autres peuples. Dans une anecdote mettant en scène plusieurs chefs d’État, c’est toujours le pharaon qui est ridicule. Ils s’acharnent gentiment sur les Saïdiens, leurs compatriotes du Sud.
Exemple type de 'nokta' : John Kennedy et Gamal Abdel Nasser se retrouvent tous deux en enfer. L’ex-président des États-Unis obtient de téléphoner en Amérique pour quelques millions de dollars. Le 'raïs', à son tour, demande une communication en Égypte. À sa grande surprise, elle ne lui est facturée que cinq piastres. "Comment ? Cinq piastres seulement !" s’étonne-t-il. "Oui, lui répond-on : c’était une communication locale.".Il doit y avoir une mauvaise compréhension de l'histoire. 

Internet est devenu depuis, un super-téléphone arabe… 

Un Égyptien se reconnaît à sa capacité de comprendre et de goûter la 'nokta', comme l’exprime une expression très savoureuse : 'yefhamha wa heya tara' (il la saisit au vol).
"Avant les élections, les électeurs proposent à leur dirigeant de préparer un discours d'adieu. Le dirigeant, lui, se demande où doivent partir tous ses concitoyens quand une petite annonce d'offre d'emploi pour président demande un expert ayant un minimum de 25 ans. Est-ce pour devenir président a vie ? demande-t-on. Ce n'est pas écrit sur le journal".
L
es égyptophiles trouvent assez d'images sur ce site de photos.

Après le dimanche de la Résurrection suit la semaine de Pâques ou octave de Pâques en Occident, Semaine radieuse ou semaine du Renouveau en Orient, Semaine sainte en Amérique latine et en Espagne. Le pape François est dit progressiste et cela ne plait pas à tout le monde

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 En Belgique, dans la tradition, on mange beaucoup d'œufs ou de cloches en chocolat

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Ils réconcilient tout le monde.

En 1947, juste avant de mourir, Jean Cappart écrivait : "On dit que pour pouvoir se vanter d'avoir eu une belle vie, il faut avoir eu des enfants, écrit un livre et bâti une maison. Et bien moi, j'ai dit enfants, j'ai écrit un rayond de bibliothèque et j'ai bâti un musée. [...] La mort est la seule porte par laquelle nous pouvons entrer pleinement dans la plénitude de notre nature et de notre destinée. Pourquoi la craindrions-nous ?".

Mais, il est vrai qu'à Pâques, on peut accuser une grosse fatigue qui nécessite une résurrection en allant voir une exposition à Bruxelles ou à Paris...

 

 

L'Exposition "Expéditions d'Egypte" au Musée royal d'Art et d'Histoire du Cinquantenaire

Moins de faste peut-être qu'à Paris, cette exposition raconte néanmoins l'histoire de deux siècles de découvertes fascinantes au Pays des Pharaons et de la formation de la collection égyptienne du Musée du Cinquantenaire. Elle rassemble près de 200 objets dont les sarcophages de la Cachette des prêtres de Deir el-Bahari et du Livre de Morts du haut dignitaire Neferrenpet, des stèles funéraires, des vases canopes, des figurines ouchebri destinés à la vie éternelle montrés pour la première fois en provenance des caves du Musée.
Les interventions artistiques de Sara Sallam explorent en plus l'identité culturelle égyptienne contemporaine en questionnant l'histoire et le sens de l'égyptologie comme héritage de l'Egypte ancienne.  

Photos au sujet de Jean Capart et de "Expositions d'Egypte" au Cinquantenaire de Bruxelles

Allusion


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