La tournée bretonne - 2 -

par C’est Nabum
jeudi 26 octobre 2017

Le second jour

La soirée s’étant achevée fort tard, la maisonnée est silencieuse au petit matin. Les auteurs en mal de lecteurs se sont mis au clavier pour écrire le compte rendu de la veille, mettre en ligne le conte du jour et mettre en ligne leurs différentes pages ; un travail de romain en somme pour gens hyper-connectés. Un peu de bruit trahit la présence de l’un de leurs hôtes en bas, ils descendent pour prendre un petit déjeuner réparateur.

La matinée s’étire comme ces jours où tout va au ralenti après une fête. Il faut pourtant envisager de découvrir un peu la région et ce sera un marché qui servira de prétexte à une sortie. Il se situe au pied d’une écluse batelière sur le canal de Nantes à Brest. Le site est fort agréable à deux pas de l'abbaye de bon séjour. Plus loin le barrage de Guerlédan doit désormais se remplir après avoir été vidé l’an passé.

Ils rentrent, la matinée s’est écoulée sans qu’ils s’en aperçoivent. Il est bientôt quatorze heures, ils seraient déraisonnable de prendre un repas qui forcément s’éterniserait. Ils sont attendus à Brest. Il convient de ne pas traîner pour tenir le programme. Il y a près de deux heures trnete de route, c’est donc à regret qu’ils quittent Saint Nicolas de Pelèm.

Ils sont attendus à Brest par une dame, Nicole qui a une énergie folle, l’envie de se raconter en si peu de temps que son débit surprend tout d’abord avant que de les amuser. En en rien de temps, ils savent l’essentiel de son existence, son parcours personnel, son divorce, son nouvel ami ; un auteur lui aussi, ses activités de médium et sa passion des autres. Elle suggère immédiatement de tirer les cartes à la Bretonne, le fil est passé entre les deux dames.

Nicole a préparé un far breton, aux pruneaux avec quelques gouttes de rhum, qu’elle sert avec un cidre rosé, délicatement sucré. Elle ne cesse de se raconter son Julien qui nous a réunis par le livre, forcément. Elle se propose de les accompagner pour un plateau de fruit de mer qui signera la véritable immersion en terre bretonne. C’est avec plaisir qu’ils acceptent.

C’est maintenant l’heure du pèlerinage, de la visite émotion à la grand-mère de 96 ans, vivant encore seule à son troisième étage. Soixante cinq ans qu’elle vit ici, elle a acheté cet appartement avec son mari, y ont vécu avec leurs trois enfants, puis sont restés tous les près de soixante ans. Son Pierre est parti, d’un coup, comme il le souhaitait. Marguerite passe ses journées désormais sans pouvoir sortir de chez elle. Pourtant la dame a toute sa tête, une bonne dose de philosophie et ne songerait jamais à se plaindre.

Elle a hâte de lire le roman de sa petite fille. Elle prendra son temps pour le faire, en mettant ses lunettes tout en évitant de le parcourir le soir. Maintenant, elle a besoin de se coucher tôt. Mais c’est promis, elle le lira comme le précédent qui l’avait amusé avec ses séquences un peu osées. Elle s’en amuse, l’âge ne lui a pas retiré le sens de la tolérance, certains pourraient s’en inspirer.

Marguerite a sorti les albums photos. Beaucoup ne sont plus, c’est le lot du grand âge. Elle les évoque avec un petit signe de tête qui en dit long. Pas un mot cependant sur cette destinée qui la maintient ici quand de bien plus jeunes ont été fauchés. C’est la vie soupire d’elle, et elle vaut toujours la peine de la poursuivre avec des petits bonheurs minuscules qui se présentent parfois à l’improviste.

Tandis que le chroniqueur écrit ces quelques lignes, la vieille dame reprend le livre dans ses mains. Elle le tourne de tous côtés, regarde la photographie de sa petite fille. Une grande fierté se devine devant ce bel objet, un livre, porteur sans doute pour elle de valeurs fortes, elle qui a passé son certificat d’étude en 1933. Oui vraiment, elle a de quoi être fière celle qui a du renoncer à poursuivre des études alors qu’elle en avait les capacités pour apprendre la couture et ne pas terminer son apprentissage pour aller travailler auprès d’une mère malade.

Elle évoque ses années de pensionnat, 7 longues années dans une école religieuse de Quimper, à plus de vingt kilomètres du moulin familial. Sept années qui lui ont enseigné ce qu’elle continue de défendre. Lire à 96 ans, c’est un privilège rare, Marguerite a cette chance, ce don de la nature et demain, elle ouvrira le roman de sa chère Nadine, qu’elle voit si peu à son goût ! Pour illustrer ce billet, la petite fille prend les tableaux accrochés au mur, le moulin ci Place An Tolou à Plogonnec et la ferme familiale. La mère de Nadine est d’ailleurs représentée sur le tableau alors qu’elle était enfant. C’est l’occasion pour Marguerite de dévider encore une fois l’écheveau de la mémoire.

Mémoriellement sien.

 

Documents joints à cet article


Lire l'article complet, et les commentaires