Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine

par Sylvain Rakotoarison
samedi 16 mars 2024

« Qui peut penser une seule seconde que le Président Poutine qui n'a respecté aucune de ces limites et aucun de ses engagements, s'arrêterait là ? (…) La sécurité de l'Europe et la sécurité des Français se joue là-bas. » (Emmanuel Macron, le 14 mars 2024 sur TF1 et France 2).

Deux jours après le vote solennel de l'Assemblée Nationale sur le soutien à l'Ukraine, le Président de la République Emmanuel Macron est intervenu aux journaux télévisés de 20 heures de TF1 et France 2 ce jeudi 14 mars 2024 (pendant près d'une quarantaine de minutes au Palais de l'Élysée) pour expliquer aux Français la situation grave en Ukraine et la position de la France qui a été particulièrement caricaturée ces dernières semaines par les opposants en tout genre et surtout par les nombreux agents de Vladimir Poutine qui peuplent aujourd'hui les réseaux sociaux français (autrement dits, des trolls).

Remarquons que cette intervention télévisée, très importante, a télescopé médiatiquement le premier débat télévisé des élections européennes qui se terminait quelques minutes auparavant sur LCP et dont l'écho fut assez faible (ce qui était prévisible).

On a voulu caricaturer Emmanuel Macron comme un va-t-en-guerre qu'il n'a jamais été. Jusqu'à maintenant, celui qui a déclaré la guerre, c'est Vladimir Poutine et personne d'autre. Jusqu'à maintenant, c'est la Russie qui a montré ses visées expansionnistes inquiétantes depuis une dizaine d'années. Jusqu'à maintenant, l'agresseur est bien identifié et l'Ukraine, pays victime de la folie belliqueuse de Vladimir Poutine, a déjà payé un lourd tribut pour ces funestes ambitions.

De plus, Emmanuel Macron n'a jamais déclaré, d'une part, qu'il voulait envoyer des troupes au sol, mais qu'il ne fallait rien exclure dans l'avenir, et d'autre part, il ne s'agissait pas a priori de troupes pour combattre sur le front mais pour la maintenance, le déminage et la formation des troupes ukrainiennes. Du reste, les récentes déclarations du Premier Ministre Rishi Sunak laissaient clairement entendre que des troupes britanniques de ce genre sont déjà présentes sur le sol ukrainien, et quand Emmanuel Macron évoquait l'envoi assumé de troupes, cela laissait aussi entendre qu'actuellement, il y a des troupes mais non assumées.

On ne pourra pas dire qu'Emmanuel Macron n'a pas cherché à négocier et à éviter la guerre. Au contraire, on lui a même reproché d'être allé à Moscou sans résultat en février 2022 (à l'époque de la très longue table !) et même d'avoir dit par la suite, tout en maintenant une permanence téléphonique avec Vladimir Poutine, qu'il ne fallait pas humilier la Russie. Mais cela ne servait à rien et il est heureux qu'Emmanuel Macron s'en soit rendu compte, même si c'était nécessaire de faire ces essais de médiation dont l'absence aurait été critiquable. C'est justement parce qu'il a essayé tous les moyens de la voie diplomatique qu'il est le mieux à même de vouloir réveiller ses partenaires européens : « Ici même s'est tenu dans cette salle le seul rendez-vous entre le Président Zelenski et le Président Poutine le 9 décembre 2019. ».

Et puis, il y a aussi une autre raison. La France est le seul pays apte à se défendre par elle-même dans une Europe effectivement mollassonne. La force de frappe nucléaire française est un atout majeur de défense, non seulement de la défense nationale mais aussi de la défense européenne éventuellement. Il n'y avait que la France à faire ce sursaut de prise conscience.

Et quelle est cette prise de conscience ? C'est le télescopage de deux événements parallèles essentiels, qui correspond aux positions des deux grandes puissances nucléaires que sont les États-Unis et la Russie.

D'un côté, la Russie a montré ses visées expansionnistes agressives, et il n'est même pas la peine de revenir aux Accords de Munich pour voir à quel point la soumission à la volonté de Vladimir Poutine est le facteur déclenchant de l'escalade guerrière : en acceptant dans les faits l'annexion pure et simple de la Crimée, l'Europe pensait calmer le crocodile (ou l'ours) russe. Il n'en a rien été, cela a au contraire renforcé son appétit avec cette certitude de l'impunité internationale. L'invasion de l'Ukraine par 350 000 hommes de Russie a prouvé que, dans l'esprit de Vladimir Poutine, l'annexion de l'Ukraine aurait été une formalité de quelques jours, comme pour la Crimée, avec une politique du fait accompli tellement prévisible que l'Europe et les États-Unis n'auraient rien pu faire. De l'autre côté, la perspective d'une élection de Donald Trump pourrait préfigurer un désengagement militaire terrible des États-Unis en Europe.

Tout le monde veut la paix et aujourd'hui, cela dépend uniquement de la Russie. C'est pourtant simple : si l'Ukraine arrête de se battre, elle n'existe plus. Si la Russie arrête de se battre, la guerre est terminée. C'est simple. L'arrêt des combats pour l'Ukraine signifie la capitulation de la France en juin 1940. On n'avait plus de guerre, mais on n'avait plus de pays. Heureusement, les Ukrainiens ont choisi une autre voie et c'est à nous, Européens, de les aider à sauver l'Ukraine.

Les beaux esprits dits pacifistes aujourd'hui qui disent que la Russie ne va pas déclarer la guerre à d'autres pays sont les mêmes qui, hier, disaient que la Russie n'envahirait pas l'Ukraine. Aujourd'hui, l'horizon de Vladimir Poutine est pourtant clair : la Moldavie, au moins la Transnistrie (qui accueille déjà des troupes russes), afin de faire un couloir sur la mer Noire (on croit revenir au couloir de Dantzig de l'ancienne Prusse orientale), puis les Pays Baltes qui isolent l'enclave de Kaliningrad, puis jusqu'où cela irait ? un bout de Pologne, comme l'histoire l'a déjà montré ? un bout de Roumanie ?

Toutes ces hypothèses inquiétantes d'agression future de la Russie auraient été d'une probabilité assez faible si on était certains que les États-Unis continueraient à assurer une défense massive et durable de ce coin d'Europe. Mais les déclarations inquiétantes de Donald Trump, l'hypothèse sérieuse de son retour à la Maison-Blanche, donnent une toute nouvelle vision de la situation européenne. Plus les États-Unis se désengagent de l'Europe, plus Vladimir Poutine en profitera pour pousser ses pions, car il n'a jamais fait que profiter de la faiblesse des autres. Lorsque Joe Biden a annoncé clairement, dès le début, que les États-Unis n'enverraient jamais de troupes américains au sol, cela a conforté Vladimir Poutine dans l'idée d'envahir l'Ukraine. Ce n'est donc pas étonnant qu'Emmanuel Macron veuille remettre de l'incertitude dans la certitude initiale de Russes de ne pas être ennuyée par d'autres pays.

C'est malheureux à dire, mais Vladimir Poutine ne réagit qu'avec des rapports de force. Comme un vulgaire voyou, il ne connaît que cela. Il a d'ailleurs très bien reçu le message d'Emmanuel Macron par ses déclarations ultérieures. L'escalade, elle provient de la mollesse des positions et pas de leur dureté. Plus on laisse faire, plus on encourage l'autre à attaquer, à aller encore plus loin. Le moindre parent s'en rend bien compte si son enfant est un peu difficile : la fermeté est la meilleure gardienne de l'éducation, la fermeté bienveillante. Vladimir Poutine est un voyou international et il faut lui rappeler quel est le droit international : on ne massacre pas impunément des centaines de milliers de personnes par simple paranoïa.

Emmanuel Macron a-t-il eu raison de réagir ainsi ? Oui, bien sûr, et heureusement qu'il le fait quand les États-Unis quittent sur la pointe des pieds la scène européenne. Petit à petit, les autres pays européens commencent à comprendre, commencent à prendre conscience. Pas les Baltes, Polonais, Roumains, qui, eux, avaient déjà bien compris la situation. Mais d'autres pays plus importants, en particulier l'Allemagne qui a compris qu'il fallait augmenter l'effort d'approvisionnement des armes et équipements destinés à l'Ukraine. C'est tout le défi d'Emmanuel Macron de ce vendredi 15 mars 2024 à Berlin.

L'Ukraine a déjà signé près d'une dizaine d'accords bilatéraux de sécurité, dont un avec la France, dans l'attente de son adhésion à l'OTAN. Un accord multilatéral aurait signifié la création d'une sorte d'OTAN bis qui, d'un point de vue diplomatique, n'aurait pas été très pertinent vis-à-vis de la Russie. Les déclarations d'Emmanuel Macron ont permis une prise de conscience des Européens, et le débat géopolitique s'est déplacé sur la position de la France alors que jusqu'à maintenant, il était secoué par les différentes déclarations, toujours agressives, de Vladimir Poutine. Ce dernier a même dû répondre à Emmanuel Macron, ce qui montre un changement de situation notable. L'horloge a changé.

 

La menace nucléaire ? Jamais Emmanuel Macron ne l'a brandie, tandis que Vladimir Poutine en parle matin midi et soir depuis le 24 février 2022. Pas besoin de rappeler que la France bénéficie, elle aussi, d'une protection nucléaire autonome, Vladimir Poutine le sait très bien et il sait très bien que si la France n'a pas la plus grosse, elle est cependant en mesure, en cas d'attaque nucléaire, de riposter immédiatement et de détruire le pays agresseur, partout dans le monde. C'est cette certitude qui rend notre défense nationale opérationnelle sans des centaines de milliers de bidasses qui ne seraient que de la chair à canon. Le problème se situe dans les autres pays européens qui, pour l'instant, ne sont protégés que par la force nucléaire américaine et qui risquent de ne plus l'être. Faut-il que la France remplace les États-Unis ? (et à quel prix ?). Faut-il que l'Europe se crée son propre dispositif et en combien de temps ? Ce sont les vrais enjeux des élections européennes du 9 juin 2024.

La stratégie habituelle de la Russie, depuis très longtemps, a toujours été de faire des coups rapides, des annexions rapides, avec l'impossibilité, pour ses adversaires, de réagir et de revenir, puis il suffit de maintenir un statu quo. L'invasion soviétique de l'Afghanistan a montré cependant des limites à cette stratégie, tout comme l'agression en Ukraine. Mais cela avait très bien fonctionné en Crimée et le risque que les Pays Baltes et la Moldavie soient aussi vite phagocytés est réel et grave.

Il y a quatre ans, la Suède était revenue à la conscription (service militaire obligatoire) et tout le monde se disait que c'était n'importe quoi, qu'il n'y avait aucun risque de guerre en Europe. La Suède a eu raison d'avoir peur, tellement peur qu'elle a quitté son statut de pays neutre pour rejoindre l'OTAN (officiellement le 7 mars 2024). Elle ne l'aurait jamais fait sans l'agression de la Russie en Ukraine. C'est Vladimir Poutine qui a renforcé l'OTAN. Sa paranoïa était contre-productive.

Quand l'Estonie avait envoyé des troupes pour accompagner les troupes françaises au Mali, on n'avait pas non plus compris. L'Estonie voulait remercier la France de s'impliquer dans la défense de l'espace aérien estonien (alors que la Russie y fait régulièrement des incursions provocatrices) mais elle voulait aussi former des troupes d'élite auprès des troupes d'élite françaises considérées parmi les plus efficaces du monde. Là encore, on se demandait bien pourquoi l'Estonie voulait se construire une défense plus efficace alors que l'Europe était en paix. On comprend mieux aujourd'hui. Il y a des pays qui percutent plus vite que d'autres. Et d'autres qui percutent moins vite.

L'objectif d'Emmanuel Macron n'est donc pas de déclarer la guerre, au contraire, c'est de la terminer : « Nous avons un objectif : la Russie ne peut pas et ne doit pas gagner cette guerre. ».

 

L'escalade ne peut provenir que de Vladimir Poutine : « Si les choses devaient dégénérer ça ne serait une fois encore que la responsabilité de la Russie (…). Si nous décidons aujourd'hui d'être faibles, si face à quelqu'un qui n'a pas de limite, face à quelqu'un qui a franchi toutes les limites qu'il nous avait données, nous lui disons naïvement : je n'irai pas plus loin que ceci ou que cela, à ce moment-là, nous ne décidons pas la paix, on décide déjà la défaite. ».



Emmanuel Macron a pris avec sérieux son rôle de chef des armées : « J'assume et je l'assume parce que c'est le rôle du Président de la République dans nos institutions, le Président de la République est en charge de la Défense nationale, ne fait pas de commentaire, il décide pour la sécurité des Françaises et des Français. Qu'est-ce qui se joue en Ukraine ? une guerre qui est existentielle pour notre Europe et pour la France. (…) Nous ne sommes pas dans l'escalade. Nous nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Simplement, il faut être clairs, nous ne devons pas laisser la Russie gagner. ».

Nous sommes encore dans la sidération du 24 février 2022 : « Nous vivons tous dans un monde où ce qu'on croyait impensable arrive. C'est cette fin de l'insouciance que j'évoquais il y a quelques années. On y est. La guerre est sur le sol européen. Il y a entre Strasbourg et le Lviv moins de 1 500 kilomètres. Vous imaginez. La guerre est dans ce pays. Donc ça n'est pas une fiction et ça n'est pas loin de nous ce qui s'est passé. Donc toutes ces options sont possibles. Le seul qui en aura la responsabilité, c'est le régime du Kremlin. Ce ne sera pas nous ; jamais nous ne mènerons d'offensive, jamais nous ne prendrons l'initiative. La France est une force de paix. Simplement aujourd'hui, pour avoir la paix en Ukraine, il ne faut pas être faible et donc il nous faut lucidement regarder la la situation et il nous faut avec détermination, volonté, courage, dire que nous sommes prêts à mettre les moyens pour atteindre notre objectif qui est que la Russie ne gagne pas. ».

La France a déjà une grande expérience militaire : « Nous sommes un des rares pays en Europe qui, pendant dix ans, a eu des forces déployées au Sahel pour lutter contre le terrorisme et nous avons perdu là-bas des dizaines d'hommes. (…) Nous, nous sommes prêts ! C'est que j'ai décidé dès mon premier mandat et dès le début, une augmentation du budget de nos armées considérable qui fait que les deux lois de programmation militaire que j'aurai eu à décider comme Président auront conduit à un doublement du budget de nos armées. Donc, nous ne nous réveillons pas sur ce sujet. ».

Emmanuel Macron a insisté : « Oui je vous le dis avec la plus grande solennité, ce début d'année 2024 doit être pour nous celui du sursaut. ».

L'envoi éventuel des troupes : « Ce que ce qui est important ici, d'abord, un, ça n'est pas mon souhait mais, deux, je ne vais pas donner de la visibilité à quelqu'un qui ne m'en donne pas. C'est au Président Poutine qu'il faut poser cette question. Allez lui demander où sont ses lignes rouges ! (…) Nous avons décidé le 26 février dernier à Paris d'aller plus loin dans l'aide à l'Ukraine, de mettre en place une coalition pour leur fournir des missiles ou des bombes qui leur permettent de toucher leur sol, jamais la Russie, mais d'atteindre derrière les positions russes. Aujourd'hui, nous avons décidé aussi d'accélérer pour aller chercher des munitions partout où elles sont disponibles. C'est ce qu'ensuite je suis allé faire à Prague quelques jours plus tard. Et nous avons décidé de mener cinq actions communes, et là, on était tous d'accord autour de cette table, Européens, Américains, Canadiens, Britanniques, pour dire : on va ensemble faire du déminage, produire et réparer du matériel, déployer des forces civiles à la frontière avec la Biélorussie, protéger la frontière avec la Moldavie, là aussi avec des forces civiles, et avoir des actions défensives en cyber sur le sol ukrainien. (…) C'est le début de ce sursaut. ».

Arrêter la folie expansionniste de Vladimir Poutine : « Je vous le dis, nous ferons ce qui est nécessaire pour atteindre notre objectif parce que si la Russie venait à gagner, la vie des Français changerait. Nous n'aurons plus de sécurité en Europe. Qui peut penser une seule seconde que le Président Poutine qui n'a respecté aucune de ces limites et aucun de ses engagements, s'arrêterait là ? (…) La sécurité de l'Europe et la sécurité des Français se joue là-bas. ».

L'existence de l'Europe est en cause : « Je le dis et je l'assume. Nous avons déjà subi les conséquences de cette guerre dans notre quotidien. On a déjà subi ces attaques. On a déjà dans plusieurs de nos hôpitaux subi des jours et des jours de dysfonctionnement à cause de cette agressivité russe. Nous avons subi les conséquences en Europe : le prix du gaz, la situation de notre économie, le coût des céréales, les dérèglements économiques qui s'en sont suivis, sont la conséquence de cette guerre qu'a lancée la Russie. Et si la Russie gagne cette guerre, la crédibilité de l'Europe sera réduite à zéro. Quelle serait la crédibilité sur notre sol d'une puissance, l'Union Européenne, de ses membres, qui auraient laissé faire cela ? La sécurité des Européens, qu'en serait-il ? Est-ce que vous pensez que les Polonais, les Lituaniens, les Estoniens, les Lettons, les Roumains, les Bulgares pourraient une seconde rester en paix ? Et je ne parle même pas de la Moldavie qui, certes, n'est pas dans l'Union Européenne aujourd'hui mais qui à la seconde serait menacée. (…) Par notre passé nous avons déjà connu des régimes qui tuaient les opposants chez eux, avaient des dérives autoritaires et avaient la volonté de conquérir tout ce qu'on les laissait conquérir. Et je crois que ce que je dis là est un consensus complet du Président Biden au Chancelier allemand, tous les dirigeants de l'Europe disent ce que je dis là. ».

Si vis pacem, para bellum : « Il faut avoir, pour reprendre une vieille formule de Churchill, le nerf de la paix. Vouloir la paix, ça n'est pas choisir la défaite. Vouloir la paix aujourd'hui, ça n'est pas laisser tomber l'Ukraine. Vouloir la paix, c'est d'être crédibles, d'être forts et prêts pour nous adapter au choix que la Russie ferait. Et donc si la guerre venait à s'étendre, si la guerre venait à s'étendre en Europe, ce serait le seul choix et la seule responsabilité de la Russie. Mais décider, nous aujourd'hui, d'être faibles, décider, nous aujourd'hui, que nous n'y répondrions pas, c'est déjà être dans la défaite et ça je ne le veux pas. (…) Beaucoup de mes homologues m'ont suivi. J'étais quelques jours après à Prague. À côté de moi, le Président tchèque a dit exactement la même chose. Vous aviez ici même il y a quelques jours le Président lituanien. Il a dit lui-même : toutes les options doivent être ouvertes. Il a même obtenu un mandat de son Parlement pour envoyer des troupes. Les choses sont en train de bouger. (…) Il faut simplement les mettre en mouvement par lucidité et parce que c'est ma responsabilité. (…) Ma responsabilité, c'est la sécurité des Français et la défense nationale et notre sécurité se joue aussi en Ukraine aujourd'hui. ».

La Russie n'est pas l'ennemie de la France... sauf : « Si la Russie décidait à nouveau une escalade qui nous entraînerait tous dans un conflit. Je souhaite de toutes mes forces qu'il n'en soit pas le cas, mais à coup sûr, aujourd'hui, la Russie est un adversaire. Le régime du Kremlin est un adversaire. Mais je l'ai toujours dit : nous nous ne faisons pas la guerre à la Russie et au peuple russe. Nous soutenons l'Ukraine. Nous faisons tout pour qu'elle puisse mettre la Russie en échec parce que, je vais vous dire très simplement, il n'y a pas de paix durable s'il n'y a pas une souveraineté et un retour aux frontières internationalement reconnues de l'Ukraine et ce sera aux Ukrainiens de le décider ça, c'est à eux le négocier (…) Il n'y aura pas de sécurité et de paix durable si elle n'est pas le fruit d'une négociation qui sera menée par les Ukrainiens, mais il n'y aura pas de sécurité pour les Français s'il n'y a pas la paix là-bas. (…) La paix, ça n'est pas la capitulation de l'Ukraine, c'est déjà choisir que nous sommes faibles. Donc, il y a une grande cohérence dans la position de la France depuis le début. Simplement il y a une escalade de la part de la Russie et à cette escalade, nous devons dire que nous sommes prêts à répondre. ».

Avant de nous sentir visés par Vladimir Poutine dans ses menaces nucléaires : « Nous devons nous sentir d'abord particulièrement protégés parce que nous sommes justement cette puissance dotée et que c'est le sens même du choix qui a été fait par le Général De Gaulle dès après la Seconde Guerre mondiale. Ensuite nous sommes prêts. Nous avons une doctrine qui est établie et en matière de nucléaire, il faut peu de mots. Et le nucléaire n'est pas un instrument de déstabilisation ou de menace, un instrument de sécurité. (…) Notre capacité nucléaire donne d'abord une sécurité aux Françaises et aux Français qu'ont peu de pays dans le monde. Ça nous donne une responsabilité, celle d'être une puissance dotée de cette arme et donc de ne jamais être dans l'escalade ni verbale ni évidemment de fait. ».
 

Le dialogue avec Vladimir Poutine : « À partir du moment où lui-même n'a plus respecté aucun cadre c'est-à-dire que, contrairement à ce qu'il disait, il ne faisait pas une opération spéciale que nous condamnions déjà et qui n'avait aucun cadre juridique, aucune légitimité, aucune légalité, mais qu'il attaquait Kiev, qu'il menait des crimes de guerre dans le nord du pays, la discussion n'avait plus de sens. J'ai ensuite eu des discussions ponctuelles sur la question nucléaire, parce que nous avons pris l'initiative, à cause de la centrale de Zaporijia qui était proche de la ligne de front, en lien avec l'Agence internationale de l'énergie atomique, eh bien, de tout faire pour protéger cette centrale. Et donc, j'ai eu les les échanges à ce moment-là. Mais, des discussions, je suis tout à fait prêt à les mener à tout moment, mais encore faut-il qu'on ait face à nous quelqu'un qui dit la vérité et dont l'intention est de faire la paix. Et ça n'est pas le cas aujourd'hui. ».

Comment qualifier Vladimir Poutine : « Je suis pas un commentateur. C'est un... c'est le Président de la Fédération de Russie qui, aujourd'hui, est pris dans une dérive personnelle ou répressive et autoritaire dans son pays et qui a fait le choix, ces dernières années de manière accrue ces derniers mois, d'être une puissance de déstabilisation en Europe en lançant une guerre dont il a la seule responsabilité et en menaçant la sécurité de tous et dans beaucoup d'autres théâtres d'opérations du Proche et Moyen-Orient au Caucase en allant jusqu'à l'Afrique où la Russie est une puissance qui déstabilise. (…) Les choses ne sont pas personnelles et d'ailleurs je ne veux pas ici les personnaliser. Ça n'a aucun sens. Nous ne sommes pas dans une fiction, ça n'est pas un roman une série. On parle de la vie et de la mort et aussi loin que je suis informé, je n'ai pas le sentiment que Donald Trump soit Président des États-Unis d'Amérique. Et donc aujourd'hui, il est clair, il n'y a pas un risque, il y a la guerre. Au moment où on se parle, il y a des femmes et des hommes qui meurent en Ukraine par la responsabilité du Président Poutine. Et ce que je vous dis, c'est que si l'Ukraine tombe, c'est notre sécurité qui est menacée. Et donc, nous, nous sommes dans un temps aujourd'hui qui est de résister et nous sommes dans un temps, et c'est celui que j'assume, qui consiste à dire : si la Russie continuait son escalade, si la situation devait se dégrader, nous devons être prêts, et nous serons prêts à prendre les décisions qui s'imposent pour que la Russie ne gagne jamais. Et viendra, je l'espère le plus tôt possible, le moment où nous aurons à reparler avec le Président de la Fédération de Russie, quel qu'il soit au moment où cela s'imposera. ».

Augmenter la cadence de fourniture des munitions : « À court terme, on va chercher partout où c'est disponible, des munitions et donc là, on va sonder tous les pays du monde, je ne dis pas ici leur nom parce que certains, la confidentialité compte, mais on va chercher dans leur stock disponible et on leur propose de leur acheter parce que c'est une question de rapidité. Et à côté de ça nous mettons l'industrie européenne de défense en capacité de produire beaucoup plus dans la durée. ».

Le financement de cet effort de guerre : « Je vais être très franc avec nos compatriotes, avec vous, on ne peut pas dire tous, depuis deux ans (…) : cette guerre, on y joue notre avenir, cette guerre est existentielle et dire : on va continuer de vivre comme si de rien n'était. (…) Déjà, on a anticipé puisqu'on a une loi de programmation militaire qui vient après l'autre, on a doublé notre budget des armées. À ça s'ajoutent des choix budgétaires qu'on a faits depuis 2022. En plus de cela, on finance l'aide à l'Ukraine, nous avons déjà financé 4,8 milliards d'euros à peu près et on va aller jusqu'à 3 milliards d'euros cette année. Et ensuite, c'est notre engagement européen. C'est pour ça qu'on a, là, lancé une Facilité européenne de paix (FEP) et on l'actera la semaine prochaine en Conseil Européen. Et elle prévoit de donner justement des contrats à nos industriels de défense pour produire sur notre sol, pour produire entre Européens davantage d'armement pour nous, pour notre flanc oriental et pour l'Ukraine. Et nous allons utiliser cet argent, nous allons aussi utiliser l'argent qu'on a dans le programme d'investissement pour aller produire en Ukraine avec les Ukrainiens. Et donc, c'est l'Europe qui aussi se mobilise au côté de notre investissement national. Et en plus de ça, il ne faut pas exclure, là aussi, sur le plan opérationnel, il ne faut pas exclure que nous ayons à prendre des décisions supplémentaires en Européens, c'est-à-dire décider de financer de nouvelles initiatives. ».
 

Le seul va-t-en-guerre s'appelle Vladimir Poutine : « Il n'y a qu'un responsable de la situation dans laquelle où nous sommes, c'est le régime du Kremlin. Mais nous, nous avons une responsabilité et je vous le dis en conscience comme Président de la République (…). C'est toujours beaucoup plus facile d'aller chanter des comptines aux gens. Je pourrais vous dire ce soir, parce que ça n'est pas populaire, vous savez, c'est loin, nous, on est pour la paix, on est pour la paix, les gens qui disent ça aujourd'hui, les mêmes qui ne veulent pas d'ailleurs soutenir l'Ukraine, ils ne font pas le choix de la paix, ils font le choix de la défaite il y a quelques jours, ils font le choix de l'abandon de souveraineté, parce qu'ils font le choix dès maintenant de dire : nous, nous avons des limites et donc à celui qui jusqu'à présent n'en a pas eu, a pris toutes les responsabilités d'agression, nous vous laisserons progresser. (…) Ceux qui en France, eh bien très clairement, décident de ne pas soutenir l'Ukraine. ».

Une évocation assez explicite du vote des députés RN et des députés FI à l'Assemblée Nationale le 12 mars 2024 avec des mots très durs : « Vous savez, j'ai constamment cherché à tenir l'unité du pays depuis le début (…). C'est la liberté, c'est le pluralisme politique, donc il faut être respectueux de cela, mais j'ai un désaccord très profond. C'est que je pense qu'aujourd'hui, en conscience, choisir de s'abstenir ou de voter contre un soutien à l'Ukraine, ce n'est pas choisir la paix, c'est choisir la défaite et c'est très différent. ».

Une instrumentalisation du conflit ? « On a déjà eu ce débat enfin, parce que la dernière élection présidentielle s'est tenue quelques mois après le lancement du conflit de février 2022. Écoutez, ça n'est pas sérieux, c'est tout ce que je peux vous dire. Ça n'est pas sérieux parce que la responsabilité de cette guerre, la responsabilité des coups de boutoir qui sont donnés au front ukrainien, elle n'est que celle de la Russie. Notre responsabilité, c'est d'être forts pour la paix. Notre responsabilité, c'est justement de tenir cette unité européenne et à chaque fois, nous avons obtenu l'unité européenne depuis le début, nous étions sur Présidence française et nous l'obtiendrons, vous verrez, c'est tenir notre unité, mais c'est d'être forts, c'est d'être forts pour dissuader, c'est d'être forts pour résister, c'est d'être forts pour notre sécurité. ».

Le Président de la République a terminé son interview sur la situation catastrophique à Gaza. Heureusement qu'Emmanuel Macron comprend un peu comment fonctionne Vladimir Poutine. Avec lui, il ne faut jamais faire preuve de faiblesse, et très étrangement, ce sont ceux qui montrent le plus leurs muscles sur la scène de politique intérieure qui se couchent le plus platement devant les éructations de Vladimir Poutine. Il suffit de lire dans les réseaux sociaux tous les faux arguments et les fausses informations qu'ils diffusent à longueur de journées ou de compter les cyberattaques quotidiennes pour comprendre que la guerre a déjà commencé depuis longtemps... (et les patients de certains hôpitaux comme celui de Corbeil-Essonnes l'ont bien compris).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (14 mars 2024)
http://www.rakotoarison.eu


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