La septicémie/sepsis, une réponse généralisée à une infection grave

par Dr Khadija Moussayer
lundi 1er avril 2024

Le sepsis est le terme anglo-saxon et international employé pour caractériser une réponse inflammatoire généralisée associée à une infection grave.

Le Sepsis (septicémie) est la complication la plus grave des infections, Il peut survenir de façon imprévisible lors de n’importe quelle infection, le plus souvent bactérienne, mais aussi virale telle la grippe ou la COVID-19. Il survient suite à une perte de contrôle de l’organisme, entraînant une réponse inflammatoire généralisée conduisant à un dysfonctionnement potentiellement mortel des organes.

Chaque année, le sepsis touche près de 50 millions de personnes dans le monde, dont plus de 40% sont des enfants de moins de 5 ans. En 2017, l’Organisation Mondiale de la Santé l’a reconnu comme une priorité de santé publique et a recommandé aux États membres de mettre en place des dispositions nationales pour réduire le poids sanitaire, économique et social du sepsis.

1/ Les causes du sepsis. Toutes les infections dues aux bactéries, celles causées par des champignons peuvent induire un sepsis. Les infections pulmonaires, de la peau, les infections intestinales et les infections des voies urinaires sont parmi celles les plus à risque de sepsis.

Cette complication survient notamment chez des patients dont le système immunitaire est affaibli ou souffrant de maladies chroniques et invalidantes. Les méningites à méningocoque sont un des rares exemples de sepsis pouvant survenir chez des personnes jeunes en bonne santé, tout comme celui suite à l’usage de tampons hygiéniques.

2/ les symptômes et la prise en charge

 La fièvre, l’accélération du rythme cardiaque et de la respiration, des sueurs profuses en sont les principaux symptômes. Dès que le sepsis s'aggrave, une confusion ou une baisse de la vigilance survient, en particulier chez la personne âgée ou très jeune. La pression artérielle baisse mais, paradoxalement, la peau est chaude. Plus tard, les extrémités deviennent froides et pâles, avec cyanose et marbrures périphériques.

Le sepsis est une urgence médicale, le patient doit être dirigé dès sa suspicion vers un service de soins intensifs.

3/ Le traitement

Il repose sur les antibiotiques, la prise en charge précoce est fondamentale, chaque heure gagnée améliore les chances de survie. La pandémie récente du Covid a permis d’expérimenter les effets bénéfiques d’autres traitements dans le sepsis d’origine virale (corticothérapie, anticorps monoclonaux anti-cytokine)

Dr MOUSSAYER KHADIJA, Spécialiste en médecine interne et en gériatrie, Présidente de l’Alliance des Maladies Rares au Maroc 

POUR EN SAVOIR PLUS SUR : / L’HISTORIQUE DE LA PATHOLOGIE ET DU TERME, II/ L’ALLIANCE DES MALADIES RARES : SON ACTION ET SES REVENDICATIONS, III/ BIBLIOGRAPHIE SUR LE SEPSIS

I/ L’HISTORIQUE DE LA PATHOLOGIE ET DU TERME

Le sepsis est le terme anglo-saxon utilisé pour caractériser une réponse inflammatoire généralisée associée à une infection grave. Le mot septicémie a été créé en 1837 par le médecin français Pierre Piorry, à partir des mots grecs « Σήψις » (sêptikós), putrefaction, et « αίμα » (haîma), sang

Avant d’être appelé comme tel, le sepsis a été connu sous différentes appellations. Auparavant, on parlait de « gangrène (ou pourriture) des hôpitaux (ou nosocomiale) ». Elle touchait les soldats, suite à des blessures de guerre. Le terme de « fièvre puerpérale » a aussi été utilisé pour désigner une infection féminine après l’accouchement. Le médecin français Armand Trousseau a suggéré, le premier, que la gangrène et la fièvre puerpérale constituaient en fait des pathologies semblables.

 Un médecin hongrois, Ignaz Semmelweis, a démontré à Vienne en 1847 l’importance de l’hygiène des mains afin d’éviter la contagion des femmes en couches. Mais la contagiosité avait été soupçonnée dès la fin du 18e siècle par le médecin écossais Alexander Gordon. Deux médecins alsaciens, Victor Feltz et Léon Coze, ont été les premiers en 1869 à démontrer la présence de bactéries dans le sang d’une patiente atteinte de fièvre puerpérale. Louis Pasteur, confirmera ces observations en 1879-1880 et préconisera l’hygiène lors des accouchements

II/ L’ALLIANCE DES MALADIES RARES : SON ACTION ET SES REVENDICATIONS

L’Alliance a pour missions de faire connaître et reconnaître les maladies rares auprès du public, des professionnels de santé et des pouvoirs publics en informant sur leurs enjeux scientifiques, sanitaires et sociaux, par tous les moyens : presse écrite, télévision, radio, sites internet et réseaux sociaux.

L’Alliance des Maladies Rares au Maroc (AMRM), a  également trois REVENDICATIONS PRINCIPALES visant à :

– Donner rapidement le statut d’affection de longue durée (ALD) à un grand nombre de maladies rares et en particulier d’abord aux plus couteuses ; cela garantirait ainsi une prise en charge et un remboursement systématiques des soins à 100 % de la base de référence sécurité sociale ; on rappellera que, pour le moment, nombre de patients sont confrontés à des problèmes de remboursement car ils ne peuvent bénéficier que d’un remboursement dérogatoire au cas par cas, devant être renouvelé continuellement et avec le risque d’une suspension à tout moment ;

– Mettre en place un statut de « médicament orphelin » pour les thérapeutiques employées dans les maladies rares offrant notamment un accès plus rapide au marché en raccourcissant les délais d’autorisation de mise sur le marché (AMM) ; il pourrait être envisagé aussi de les dispenser de certaines taxes et impôts et de leur garantir une exclusivité commerciale sur une certaine période ; en contrepartie de ces avantages, les pouvoirs publics devraient pouvoir s’attacher à négocier des réductions de prix sur les médicaments les plus chers (certains sont d’un montant de plusieurs millions de dirhams !) ;

– Instaurer un dépistage néonatal systématique visant à détecter des maladies rares sévères d’origine génétique, généralement chez les bébés : il s’agit notamment de la phénylcétonurie, l’hypothyroïdie congénitale, l’hyperplasie congénitale des surrénales, la mucoviscidose et l’hémoglobinopathie.

L'ALLIANCE DES MALADIES RARES AU MAROC a enfin organisé la "Journée des Maladies Rares", le 24 février 2024 à Casablanca.  Les principales associations de maladies rares au Maroc étaient présentes lors de cette manifestation (cf galerie de photos à la fin de l'article)

III/ BIBLIOGRAPHIE

-Sepsis/Septicémie, Institut Pasteur

https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/sepsis-septicemie

-Sepsis OMS

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/sepsis

What is Sepsis ? CDC Centers for Disease Control and Prevention

https://www.cdc.gov/sepsis/what-is-sepsis.html

                           GALERIE PHOTOS

 NB  : Les familles et les associations ont souhaité la publication de photos de malades car ils estiment que leurs enfants n'ont pas à rester caché de la société et que, même atteints de pathologies sévères, les malades gardent toute leur dignité et souvent leur joie de vivre comme tout le monde  

                                     

« Journée des Maladies Rares », le 24 février 2024 à Casablanca.
Enfants de la lune atteint de xeroderma pigmentosum (espérance de vie moyenne au Maroc sauf pour ceux bénéficiant de casques et de tenues devprotection
Zineb El ghazaoui, enfant de la lune décédée en 2023
Bébé atteint d’ostéogénèse imparfaite et ayant déjà subi d’innombrables fractures
Familles avec des enfants atteints de phénylcétonurie, causant un un retard mental souvent sévère (conférence PKU EN 2023)
conférence sur la PKU à Marrakech en 2023 :séance de Henné pour les enfants atteints ou non-atteints de la phénylcétonurie
Journée internationale des maladies rares au Maroc en 2019
RARE DISEASES DAY

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