Et si la neige était aussi une question politique ?

par Olivier Dussopt
lundi 11 janvier 2010

Depuis quelques jours, la neige recouvre une grande partie de la France accompagnée de températures polaires. En Ardèche, la vallée du Rhône est très touchée par des chutes inhabituelles avec environ 15 centimètres de neige sur Tournon ou Guilherand Granges, une petite dizaine de centimètres ont recouvert Annonay et sa région. Dès que l’on prend de l’altitude la couche s’épaissit jusqu’à 60 centimètres par endroit.

Deux images me viennent à l’esprit. Celle d’abord des employés municipaux de la Ville d’Annonay avec qui j’ai partagé un moment ce matin et dont je suis le témoin privilégié du travail et de l’engagement. Douze agents mobilisés en permanence avec leur encadrement. Trois saleuses, un chasse-neige, des lames...et des tonnes de sel. Près de 50 tonnes par jour sont répandues. La deuxième image, c’est celle des forces de police et de gendarmerie mobilisées sur le terrain, celle des sapeurs-pompiers, mais aussi celle de la DDE désormais rattachée au Conseil Général, et de ses agents, ces hommes et ces femmes en orange que beaucoup n’hésitent pas à brocarder. Qui n’a jamais souri à un bon mot ? Ce sont ces fonctionnaires qui font que notre territoire fonctionne malgré la neige et le froid. Ce sont eux qui font que la quasi-totalité des salariés ont pu gagné hier matin leurs entreprises et rentrer chez eux hier soir. Eux encore qui toute la nuit ont travaillé pour que les déplacements essentiels soient possibles.

Ces images se téléscopent avec d’autres. Celles de débats auxquels je participe à l’Assemblée mais parfois aussi localement. Des débats au cours desquels il nous est expliqué que la modernité commande de supprimer des postes, de réduire des budgets, de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Parfois, les positions les plus dogmatiques se heurtent à une réalité, celle du terrain et de la nécessité de répondre aux situations de crise.

D’autres débats sont ouverts, qui concernent la fiscalité avec la suppression de la taxe professionnelle. Les entreprises vont économiser 11 milliards par an. Mais quel sort est réservé aux finances locales ? Il est facile à deviner, les moyens vont manquer à la fois pour maintenir un tel niveau de service et pour investir dans du matériel performant. 

Certains ne manqueront pas d’observer que nous ne sommes pas tous les jours confrontés à une telle situation. C’est vrai aussi. Cependant, tous les jours nous avons besoin des sapeurs-pompiers, d’un hopital, de la Poste, de l’école de nos enfants. Tous les jours finalement nous avons besoin des services publics mais les jours de crise, ce besoin est souligné. Comme pour nous rappeler que les services publics appartiennent avant tout au patrimoine collectif. Ils sont la force de frappe, l’outil de la puissance publique pour assurer au mieux les services et l’égalité qu’attendent nos concitoyens. Patrimoine collectif mais surtout patrimoine de ceux qui n’en ont pas. Les services publics sont au service de tous.

Gageons que les difficultés rencontrées ces jours-ci soient l’occasion, en ce début d’année, de donner corps à un voeu : celui que 2010 soit aussi une année utile à la préservation de nos outils et moyens d’agir ensemble.


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