Commémorations du 8 mai : Kim Jong Un a paradé seul, les figurants étaient en grève

par Elric Menescire
mardi 9 mai 2023

 

8 mai : jour de la défaite 

 

Pour le méprisant de la République, hier le 8 mai 2023, c'était un jour sans : sans personne pour l'acclamer sur les Champs élysées, et sans ces milliers de manifestants, tenus à l'écart, eux et leurs casseroles, à Lyon comme à Paris.

Hier j'ai pensé à mon grand père : Républicain Espagnol, pourchassé par les franquistes lors de la défaite de 39. Passé par les Pyrénées avec son camarade, il est emprisonné dans un camp en France. Après la défaite française, le pétainisme le rattrape : c'est vrai qu'il avait gardé un côté insoumis, le grand paternel. Un petit peu résistant sur les bords, il est arrêté une première fois avec son camarade d'infortune. Livré à la gestapo. Torturé.

Il s'en est tiré...son camarade non. Il prendra alors le maquis, comme des milliers d'autres, et se battra au péril de sa vie le reste de la guerre. 

Pendant que la bourgeoisie française dont est issu notre président tombait dans les bras de Petain, "ce grand soldat".

Il n'en parlait jamais, le pépé, de toutes ces histoires. 

Trop difficile, trop de souvenirs...trop de cicatrices. 

C'est mon père qui m'a raconté tout ça ; alors forcément, durant longtemps (toute ma jeunesse en fait), j'ai idéalisé cette période, largement tenu dans l'ignorance de ces faits par ma famille, qui au lieu de monter en épingle la chose, ne l'évoquait pas, par pudeur de rouvrir les blessures du "vieux"...

Puis, pépé est mort. Et, l'âge adulte venant, un jour mon père me prend à part, pour me raconter son histoire.

Et depuis, chaque 8 mai est pour moi devenu un jour de souvenir. 

Une petite gerbe, pour le camarade à pépé, torturé à mort par "les boches" comme il disait.

Une petite gerbe pour le pépé...qui n'a plus jamais été le même depuis 1936, bien qu'il soit mort bien, bien plus tard, en 1986.

Et donc hier, on a un individu qui s'emploie à détruire l'Héritage de nos anciens, l'Héritage du Conseil National de la Résistance (dont Jean Moulin fut le premier secrétaire, en même temps que le créateur), ce même CNR qui dès 1943 imagina un plan complet de Sécurité Sociale ... et cet individu donc, qui livre la France aux intérêts privés, et qui détruit méthodiquement l'héritage du CNR, qui détruit notre Sécurité Sociale, détruit nos retraites issues du CNR, et qui donc hier prétendait rendre hommage à Jean Moulin. Ce faisant en faisant fermer (lui ou ses préfets zélés, c'est du pareil au même) le périmètre de la prison où tant, tant de résistants furent torturés et perdirent la vie...prison devant laquelle, chaque année, des enfants, petits enfants de résistants viennent comme moi, déposer une gerbe, rendre hommage. Depuis 45 cette tradition s'est perpetuée. La fin de la tradition a été actée hier...

Sa Majesté devait venir faire son petit cirque, le bourreau venait rendre hommage aux victimes de ses ancêtres, et il ne fallait surtout pas que des casseroles gênent le monarque.

Ce qui démontre clairement qu'il se fout comme de sa 1ere Brigitte de l'Histoire du pays, de l'histoire de la Résistance, et que pour lui, tout se vaut, y compris une "commémoration" où il est seul à commémorer, et que finalement vu sa tronche ça devait quand même le gonfler un tout petit peu, comprenez c'est un homme toujours pressé, et puis il reste tant, tant à détruire dans ce pays.

Jamais je ne lui pardonnerai ce qu'il a osé faire là.

Il a craché sur nos anciens.

Et nous sommes des centaines de milliers dans ce cas. 

A ce niveau, ce n'est même plus de la haine : il doit absolument démissionner, ou ça finira très mal.

Ce 8 mai était un jour de défaite pour le pays.

Un jour de défaite pour nous tous.

 

Kim Jong Un du pauvre

Avant ce nouvel affront à Lyon, notre idole nationale était déjà à Paris le matin même, sur les Champs élysées : résultat une avenue vide, des écrans géants avec sa binette partout, et des allées pleines de drapeaux, mais désespérément vides.

Il a descendu l'allée comme le petit être mesquin qu'il est : avec beaucoup d'étalage de son pouvoir, entouré de flics, de gardes républicains et de tout ce que le pays compte de robots payés pour tenir à distance les "opposants" à sa réforme minable. Mais en même temps, en un contraste saisissant, l'absence de foule et les barrières partout démontraient clairement que son supposé pouvoir est bâti sur du sable. Il est un président aux mains pleines, mais à la légitimité absente, et au peuple qui le hait. 

On pourrait le comparer à Kim Jong Un, mais ce serait faire injure à ce dernier : quand celui-ci se déplace, il y a des milliers de figurants tout le long du parcours, et tout le monde sourit et l'acclame jusqu'à s'en évanouir de joie. Il vaut mieux vous allez me dire... Mais ici, comme disait le Général, dans le pays "aux 246 variétés de fromage", on n'a même plus les moyens de se payer des figurants : tout le fric est parti dans la poche des patrons et des actionnaires, tous potes du meilleur président que la France ait jamais eu. On n'a plus un rond, et ça va pas aller en s'améliorant. 

Macron est un dictateur en gestation, mais un dictateur du pauvre : son pouvoir est branlant, et il s'effondrera tel un chateau de sable très bientôt, balayé par la prochaine marée de l'Histoire.

En attendant, tentons de nous mettre à sa place, et réfléchissons un peu : que resterait-il à brader, du point de vue de ce Kim Jong Un du pauvre, après les bijoux de famille qu'il a vendu au plus offrant, et du peu qu'il reste de ce pays qu'il ne voit que comme une vache à lait, qu'il doit traire pour ses amis jusqu'à la dernière goutte ?

L'Histoire, la Mémoire ?

Cet individu est en train de détruire notre pays. Et maintenant il est en train de détruire ce qui en fait la cohésion nationale : après s'être attaqué aux joyaux industriels nationaux qu'il a bradés un peu partout, puis aux Services Publics qu'il démantèle avec constance depuis quelque temps, pour les livrer aux appétits voraces de ses amis, il s'attaque désormais à notre mémoire commune. On dit toujours que c'est le "roman national", les histoires communes, qui font qu'un Peuple fait Nation. Nuls accents nationalistes là-dedans, mais plus une constatation : une Nation, c'est bien plus qu'une cohabitation d'individus. Mais alors là...

J'ai presque 50 ans et je n'ai jamais vu un défilé du 8 mai sans personne sur les Champs-élysées : c'est juste affligeant, et affolant. Ca en dit long sur l'état de ce pays, sur l'état de déliquescence de leur fausse démocratie... car voir le monarque descendre tout seul, uniquement entouré de son armée personnelle, la plus belle avenue du monde, pour se diriger vers l'Arc de Triomphe, pour finir par aller (mal) faire le cake vers la tombe du soldat inconnu, ça fait quand même tout drôle.

On se dit qu'on a passé un cap.

Jamais de ma vie je n'ai vu (avec un réel effroi, je dois le dire) les champs vidés de toute présence humaine par la seule volonté de préserver un monarque des nombreuses huées et autres casserolades qu'il aurait à coup sûr essuyées. Avec en point d'orgue un écran géant montrant la joviale frimousse du Roi, dressé sur une place de l'Etoile vide, fermée au public...

Un type tellement aimé par "son" peuple qu'il en est arrivé à "célébrer", tout seul, une cérémonie mémorielle traditionnellement réservée à la foule, au peuple, à tout le monde quoi.

Et les médias, pour une bonne partie, d'oublier ce petit détail : extraordinaire article du Huffigton post, avec vidéo de plusieurs minutes, vidéo réussissant l'exploit de retracer ce "parcours mémoriel" et de passer quasiment sous silence la seule information véritable de cette journée... le fait que le Peuple était interdit de commémoration, et que Kim Jong Macron s'est baladé tout seul avec son armée de flics, tenant le peuple à bonne distance, tellement loin que même les caméras de télévision ne pouvaient montrer les gens. La chose a été évoquée très pudiquement et fugacement par la grande majorité des médias aux ordres, ces médias tous propriété des oligarques potes au banquier président, avant de tenter de se concentrer sur la balade du banquier apprenti dictateur, seul sur son carosse. 

Comme si de rien n'était, et pourtant, ça se voyait comme un dicateur sur une place vide : même eux, n'y croyaient plus au baratin réchauffé qu'ils ont tenté de nous servir durant cette journée.

 

P*tain, 4 ans

On y est : le pays est en train de basculer.

Inutile de faire un dessin : quand on interdit au peuple un des évènements fondateurs de son Histoire moderne commune, à savoir commémorer tous ensemble les résistants qui pour beaucoup perdirent la vie face à la barbarie d'extrême droite, et que en même temps on autorise une manifestation d'extrême-droite où les bras bien levés le disputèrent sans problèmes aux menaces, aux drapeaux celtiques et autres slogans racistes...et quand on trouve même des prétextes pour justifier cela... on constate, sans aucun doute possible, que l'on a franchi un cap.

Notre pays est en train de basculer dans quelque chose d'autre, il est dans cette frontière grise dont personne ne sait où elle peut mener, si ce n'est que les possibilités se réduisent chaque jour un peu plus, d'en sortir par le haut sans trop y laisser de plumes.

Dans ces conditions, pour le monarque "gouverner" ce pays devenu ingouvernable, et continuer de tenter de le faire de cette manière les 4 ans qu'il lui reste, s'apparente à une gageure. Donc forcément, le raidissement autoritaire et la tentation clairement dictatoriale vont se confirmer, se poursuivre, s'amplifier.

Logiquement, la surveillance généralisée va s'approfondir, chaque citoyen étant désormais considéré comme ennemi potentiel d'un Etat devenu autonome par rapport à la "démocratie" qu'il est censé représenter, et sur la tombe de laquelle il festoie chaque jour un peu plus. 

Les temps vont devenir extrêmement difficiles, encore plus que ce que nous connaissons actuellement, c'est désormais certain.

Dans ces conditions, il ne reste d'autre solution pour chaque Citoyen conscient et déterminé que de continuer la lutte, de l'amplifier, et de la mener à son terme.

Comme le réalisèrent nos anciens en 40, les temps sont en train de dégénérer, et il faudra bientôt se lever pour combattre.

Ou, la barricade n'ayant toujours que deux côtés, périr à coup sûr, .


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