Bientôt, elle ne sera plus qu’une rivière de sable

par C’est Nabum
mardi 10 octobre 2023

 

L'état d'urgence.

 

Notre belle rivière n'est plus qu'une longue suite ininterrompue d'aguenasses, de bancs de sable qui se couvrent désormais de verdure. La Loire meurt de soif tandis qu'elle n'est plus qu'herbes et cailloux, jussie et autres plantes invasives. Elle n'a plus ni force ni colère, serpente lamentablement entre un enchevêtrement d'îlots qui gagnent la partie sur le lit majeur.

Où est la grande dame qui imposait son rythme et ses débordements, semait le trouble et l'effroi dans ses emportements, provoquait l'admiration et la reconnaissance, se faisait marchande, débordait de douceur et de bonheur quand elle s’alanguissait durant l'été. Les ligériens, ceux que les furieux du Parlement de Loire, feignent d'ignorer, se désolent et observent chaque jour de plus en plus meurtris, sa lente et inexorable agonie.

Les bétonneurs, bitumeurs du cycle souverain, les souilleurs, les pompeurs, les envahisseurs ont gagné la partie, réduisant à peau de chagrin celle qui avait façonné ce territoire, le pliant à ses variations, à ses fantaisies, à ses cycles, jamais semblables, toujours imprévisibles. Désormais, point de surprise, durant de long mois, elle traîne sa misère tandis que des monstres de bétons continuent de lui voler le peu d'eau qui lui reste pour apaiser leurs emportements.

La Loire ou ce qu'il en reste s'envole en fumées pour des bouches insatiables, porteuses d'une terrifiante menace. Un barrage tente désespérément de maintenir un débit suffisant pour calmer la voracité des centrales sans désormais parvenir à tenir sa mission. La rivière se traîne, se meurt, se perd dans des monticules de sable et une végétation qui a gagné la partie.

Plus personne ne l'entretient, plus personne ne sait d'ailleurs à quel saint se vouer. Nicolas, Clément, Catherine, Roch et compagnie ont beau levé les yeux au ciel, la pluie n'est plus de taille à remplir sa mission ancestrale. Quant aux humains, il est bien difficile de se retrouver en Epage, bassin Loire Bretagne, syndicat mixte et autres structures qui ne semblent exister pour que quelques canailles y puisent des subsides en cumulant à loisir les indemnités.

Diluer les responsabilités pour noyer le poisson, ils s'y entendent à merveille au point que les malheureux occupants de la rivière manquent d'oxygène. Nous les riverains, tous ces amoureux d'une Loire qui a façonné notre paysage, notre histoire, notre culture, observons son agonie dans l'indifférence d'un état et de ses représentants qui ne font que passer. Ceux-là tiennent des discours, font des promesses, décrètent des plans d'action puis s'en vont sous d'autres cieux, tenant leur carrière pour plus importante que la survie de notre joyau.

Il n'y a malheureusement pas que la Loire. Toutes nos rivières disparaissent et ils n'ont d'autres soucis que d'encourager les responsables du désastre en leur finançant des grandes bassines, en autorisant du pompage à outrance, en évoquant la construction de nouvelles centrales nucléaires. Plus le désastre est patent, plus ils le facilitent, la main sur le cœur (là où est leur portefeuille en vérité) en jurant qu'ils ont compris la gravité de la situation avant de tous s'envoler en jet privé pour Dubaï afin de nous jeter de la poudre aux yeux et nous bercer de beaux mensonges.

La Loire agonise et notre Planète avec elle. Allons-nous rester les bras ballants devant ce désastre. Accepterons-nous longtemps d'être traité d'écoterroristes quand ce sont eux les suppôts de Satan, les fossoyeurs de l'espoir et de la vie sur Terre. Ils peuvent tenir de beaux discours mais toutes leurs décisions, toutes leurs actions sont contraires à leur posture de façade. Ils n'ont rien compris, ils ne cherchent qu'à maintenir à flot leur maudit système, leurs odieux profits, leur désastreuse croissance, leur folie consumériste. Mais comment maintenir à flot une embarcation, fut-elle planétaire quand l'eau viendra à manquer ?

Je regarde ce qui reste de ma Loire et la colère monte. Le Festival n'est plus qu'un lointain souvenir et tous ces décideurs à la petite semaine ont profité pleinement des animations spectaculaires, distrayantes, plaisantes, la plupart du temps entre joyeux VIP, sans jamais venir écouter la parole et les récits d'un véritable défenseur de la Dame Liger.

À contre-courant


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