Retraite pour le nucléaire

par olivier cabanel
lundi 20 mars 2023

Le nucléaire, c’est le domaine de la tergiversation... un jour on décide en haut lieu de le remplacer par des énergies propres... et quelques temps après, on décide le contraire... est-ce bien raisonnable ?

La question est posée…

mais quels sont donc les arguments développés par nos gouvernements ?

L’indépendance énergétique, c’est l’un des arguments avancés…

ce serait oublier que nous n’avons pas d’uranium chez nous, et si le « carburant » n’est pas national, comment pourrions nous affirmer que cette énergie nous rend indépendants ? Lien

Et donc, si demain, l’un de nos fournisseurs d’uranium se trouve pris dans un conflit, nous serions privés du « carburant »…

Plus surprenant, malgré la guerre en Ukraine, et les « sanctions » prises, on peut découvrir à la lumière d’un article du Monde, que le commerce de l’uranium entre Paris et Moscou ne s’est pas arrêté, alors que l’entreprise russe Rosatom à fait main basse sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia.

Et puis s’il faut en croire un rapport de Greenpeace, on apprend que la fédération de Russie contrôle le transport d’une grande partie de l’uranium naturel du Kazakhstan ou d’Ouzbékistan importé vers la France : alors que la ministre française de l’environnement affirme que ces échanges « ont un impact relativement faible sur l’économie russe », (lien) une étude du RUSI (Royal United Services Institute) prouve que ces échanges portent sur un minimum d’un milliard de dollars.

quels autres arguments ?

La sûreté de cette énergie ?

La suite des catastrophe dites « accident nucléaire majeur » éclaire la réponse à apporter.

Même si en haut lieu on nous affirme que cette situation ne peut arriver en France face aux multiples précautions prises, on aurait pu avancer les mêmes certitudes pour Fukushima, dont on sait aujourd’hui que ce qui s’est passé est suite à deux facteurs dont l’un est incontrôlable, puisqu’aucune installation industrielle ne peut résister à l’énorme tsunami qui a frappé la côte japonaise.

Le second facteur étant l’erreur humaine, facteur auquel nous ne pouvons pas échapper, Tchernobyl en est l’exemple flagrant. Lien

Alors bien sûr, le tsunami japonais semble bien improbable sur nos côtes françaises, mais ce serait oublier que notre pays est un pays favorable aux séismes et autres phénomènes géologiques.

S’il faut en croire les scientifiques, et les différentes études réalisées, force est de constater que notre pays n’y échappe pas, comme le prouve cet article.

La carte des zones sismiques de notre pays le confirme.

Autre argument avancé : les centrales nucléaires françaises seraient des « bijoux technologiques  »…

certains n’hésitent même pas a affirmer que nos centrales nucléaires seraient une « exception technologique française ». lien

Ce qui reste à prouver…

Les fissures à répétition récemment découvertes, lesquelles ont provoqué la fermeture récente de quasi la moitié de notre parc nucléaire viennent en contradiction avec cette affirmation.

Les dernières en date confirment la découverte de fissures d’une profondeur de 22 mm alors que l’épaisseur de la canalisation est de 23mm. lien

Il ne restait donc qu’un petit milimetre avant la probable fuite…

or on peut imaginer facilement ce que signifie le mot « fuite » dans le fonctionnement de refroidissement d’un réacteur nucléaire.

D’autant que les découvertes de fissures se multiplient, EDF ayant remis à l’ASN sa nouvelle stratégie de contrôle avec mission de vérifier des centaines de soudures de l’ensemble de son parc, de quoi provoquer des doutes sur la production nucléaire en 2023. lien

A ce jour pas moins de 320 soudures ont été réparées... et l’ASN a donc validé le 16 mars la nouvelle stratégie de contrôle. lien

Plus étonnant, c’est de découvrir que, dès 1979, Marcel Boiteux, alors président d’EDF, avait alerté, en vain, sur le risque de fissures dans les centrales nucléaires, et il expliquait alors : « ces cuves sont soumises à des cycles thermiques, quand l’usine est en pleine puissance elle est chaude, et en faible puissance, elle est froide (…) le résultat est que l’acier est dilaté par la chaleur et contracté quand il fait fait moins chaud. C’est cette respiration thermique qui est en cause  ». lien

Il répondait alors aux questions d’un intervieweur nommé Servan Schreiber, assurant qu’EDF avait déjà, à cette époque, « trouvé des traces de fissures dans les tubulures des cuves ».

C’est le même Marcel Boiteux qui avait estimé que « la durée de vie d’une centrale nucléaire était d’un peu plus de 30 ans ». lien

L’occasion de rappeler que celle du Bugey a 51 ans, celle de Dampierre 43 ans...

Autre argument déployé... la sécurité.

Ce serait oublier, à titre d’exemple, ce qui s’est passé au Blayais, cette centrale de la région bordelaise, qui est passé à 2 doigts de la catastrophe, au point que le maire de Bordeaux, un certain Juppé, avait envisagé de faire évacuer les habitants de la ville.

En effet, suite à une tempête lors d’une grand marée, les vagues avaient franchi la digue provoquant l’arrêt d’urgence des 2 réacteurs, la sécurité de ceux-ci n’étant plus assurée que par des moteurs diesels... et comme l’ont écrit les experts « on a frôlé la catastrophe ». lien

Hélas, ce n’est pas tout, car des « incidents » sur les sites nucléaires sont coutumiers, et parfois annoncés avec pas mal de retard...

autre argument, le nucléaire, c’est pas cher… ?

Devant la montée exponentielle des prix de l’énergie, on a beaucoup montré du doigt la guerre en Ukraine... mais soyons sérieux, l’agression russe n’a pas grand-chose à voir avec la dégradation du parc nucléaire français, et le gâchis financier que représente l’EPR de Flamanville, non plus.

Rappelons que ce dernier ne devait coûter que 3 milliards et quelques, et qu’il vient allègrement de franchir la barre des 20 milliards

Pire, les 6 EPR prévus ne semble pas avoir retenu la leçon, puisque leur coût est encore estimé à 56 milliards... est-ce bien raisonnable, car on peut évidemment brandir l’argument que celui de Flamanville serait « un prototype »... mais estimer les suivants à moins de 10 milliards/pièce paraît peu crédible. lien

Alors si on veut bien faire les comptes, entre les fuites constatées sur les vieux réacteurs, et les déboires de l’EPR, on devine aisément que la facture va être salée, et se répercutera fatalement sur celle des consommateurs.

Elle sera d’autant plus conséquente que le projet de développer la « voiture électrique » va plomber la bourse des français, puisque de choix énergétique va provoquer la construction de 6 à 7 réacteurs nucléaires.

Certains assurent même que cela va provoquer la créations de 15 centrales nucléaires supplémentaires. lien

On comprend mieux les réticences de nos voisins d'outre-Rhin qui demandent que l’interdiction des véhicules thermiques soit repoussée à plus tard. lien

Autre provisoire bonne nouvelle, l’absorption de l’IRSN par l’ASN, mettant en danger l’indépendance des experts, a été rejetée par l’assemblée nationale. lien

Comme dit mon vieil ami africain : «  la bêtise est plus amère que la sottise ».

Le dessin illustrant l’article est de Kanar

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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