Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie

par Sylvain Rakotoarison
samedi 9 mars 2024

« On peut entretenir des relations amicales, mais celles-ci ne doivent pas aller jusqu’à l’inféodation. » (Jean-Pierre Chevènement, le 2 mai 2023 à Paris).



L'ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement fête son 85e anniversaire ce samedi 9 mars 2024. L'adjectif "socialiste" est un "gros" mot pas très exact mais je l'ai utilisé car c'était en sa qualité de membre du PS qu'il a été membre des gouvernements de Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Michel Rocard et Lionel Jospin à des fonctions économiques ou régaliennes (Recherche et Industrie, Éducation nationale, Défense et Intérieur) qu'il a quittés trois fois en claquant la porte (c'est rare un ministre qui démissionne, c'est rare un ministre qui démissionne trois fois !). Dans le gouvernement Jospin, il s'était déjà séparé du PS mais en restait proche.

Au-delà de ses fonctions gouvernementales, Jean-Pierre Chevènement, considéré avant 1981 comme un gaullo-marxiste, a été élu député, sénateur, maire de Belfort, président du conseil régional de Franche-Comté, et enfin, après son éloignement du PS au début des années 1990 pour des raisons européennes, il s'est présenté à l'élection présidentielle de 2002 et a recueilli 5,3% des suffrages exprimés. Figure du souverainisme de gauche, gardien de la Constitution, vigile d'un État fort et régulateur, Jean-Pierre Chevènement est devenu inclassable au fil des décennies : sa candidature élyséenne avait en effet entraîné dans son sillage des souverainistes de droite qui se situait à l'aile droite de l'échiquier politique, et ces derniers temps, il a soutenu la candidature du Président Emmanuel Macron, et a même participé à son unique grand meeting du 2 avril 2022. Le macronisme de Jean-Pierre Chevènement est compréhensible en ce sens que l'actuel Président de la République est surtout le représentant d'un État fort au volontarisme élevé, et plus jacobin que girondin. L'antieuropéen appréciait aussi celui qui prenait le leadership de l'Europe en inondant ses discours de souverainisme national et européen.

Depuis deux ans, une partie de la classe politique est en pleine remise en cause : les relations avec la Russie, les liens avec Vladimir Poutine sont auscultés sous un jour nouveau, celui d'un agresseur, d'un faiseur de guerre et d'un voyou menaçant l'Europe et, plus généralement, la paix mondiale.

Jean-Pierre Chevènement a "acté" ce changement brutal (qu'on aurait pu prévoir, certes), en concédant notamment, le 1er mars 2022 sur France 5, parlant de la guerre en Ukraine : « C’est une erreur colossale d’interprétation de la réalité qui part d’une anticipation noire de ce que peut être l’évolution des relations internationales et en même temps d’un mépris caricatural de l’Occident, celui-ci se retrouvant assimilé à des groupes de soutien aux LGBT, etc. ».

Nommé le 23 octobre 2012 représentant spécial de la France pour la Russie par François Hollande (et reconduit par Emmanuel Macron jusqu'en 2021), Jean-Pierre Chevènement a été décoré le 4 novembre 2017 au Kremlin par Vladimir Poutine de l'Ordre de l'Amitié russe, la plus grande récompense russe, pour ses efforts pour « renforcer la paix, l'amitié et la compréhension mutuelle entre les peuples ». À cette occasion, l'ancien ministre de la défense a proclamé : « En renforçant les liens de tout type entre la France et la Russie, nous permettons la création d'une meilleure Europe, d'un équilibre et de la paix en Europe. ». C'était pourtant bien après l'annexion forcée de la Crimée par la Russie.

La commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères, États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées, visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des dirigeants ou des partis politiques français, présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy, a ainsi auditionné Jean-Pierre Chevènement le 2 mai 2023 pour comprendre les relations qu'il entretenait avec la Russie et Vladimir Poutine. Cette audition a eu lieu juste avant celle de l'ancien Premier Ministre François Fillon.

Sa fonction de représentant spécial en a fait un acteur important des relations entre la France et la Russie entre 2012 et 2021 : « J’ai accompagné François Hollande à Moscou en février 2013, puis Emmanuel Macron a reçu Vladimir Poutine dès le mois de mai 2017 à Versailles et il lui a rendu visite en 2018 ainsi qu’à plusieurs autres reprises par la suite. Il m’a chargé, comme son prédécesseur, d’entretenir la relation avec les dirigeants russes. À ce titre, j’ai été porteur de lettres du Président de la République au Président de la Russie pour essayer de circonscrire un conflit qui pouvait devenir grave, le conflit ukrainien, qui, si l’on peut dire qu’il a éclaté en 2013-2014, avait en fait des antécédents plus anciens. ».

Jean-Pierre Chevènement a exposé à la commission un résumé des relations entre la France et la Russie depuis les années 2000. Il a daté du discours de Vladimir Poutine à la Conférence de Munich en 2007 le point d'inflexion de la position russe. La Russie était alors inquiète d'une possible intégration de l'Ukraine dans l'OTAN et dans l'Union Européenne. Après l'enlisement des Accords de Minsk et la crise sanitaire, les choses se sont gâtées : « Peut-être l’abcès était-il d’emblée purulent, mais le niveau de violence avait beaucoup baissé dans un premier temps et l’on pouvait s’estimer satisfait de constater que le nombre de prisonniers, de morts et de blessés avait diminué et que les choses paraissaient s’arranger au cours des années 2017 2018 ; or tout a dégénéré avec la décision russe d’intervenir directement sur le sol ukrainien. ».

Il a aussi décrit les conditions de sa décoration par Vladimir Poutine : « Je ne l’ai pas acceptée spontanément et me suis enquis auprès des plus hautes autorités de l’État de savoir si je pouvais le faire. Y ayant été vivement encouragé, la lettre de mission que j’ai reçue du ministère des affaires étrangères évoque d’ailleurs cette décoration comme un élément positif, je n’ai pas cru devoir la refuser, pensant qu’il était dans l’intérêt de la France d’avoir de bonnes relations avec les autorités russes afin de faire avancer nos affaires dans d’innombrables domaines, qu’il s’agisse des questions économiques et culturelles ou de la libération de certaines personnalités indûment emprisonnées, ou encore des marins ukrainiens arrêtés en mer d’Azov. Le nombre de mes interventions est considérable, notamment auprès de grandes sociétés russes avec lesquelles nous pouvions développer des coopérations, comme Rostekhnologii ou Roscosmos, coopérations parfois très anciennes, du reste, comme dans le cas de Roscosmos pour le domaine spatial, où elle remonte à 1966. ».

Jean-Philippe Tanguy rappelait à Jean-Pierre Chevènement qu'il présidait la Fondation Res Publica qui a des contacts avec de nombreux experts, y compris de Russie. Le désormais président d'honneur de la fondation lui a répondu : « J’ai vu que vous aviez interrogé M. Thierry Mariani [député européen RN, ancien ministre LR] sur son association Dialogue franco-russe, certes nombreuse, mais dépourvue de toute audience réelle et qui tenait, une ou deux fois l’an, une réunion consacrée à des thématiques très générales. Je ne crois pas qu’il s’agisse pour autant d’ingérence. À ce compte, il faudrait interdire toutes les réunions organisées par l’institut Carnegie ou diverses fondations allemandes qui ne se privent nullement d’organiser des séances de travail, généralement très instructives et auxquelles il m’arrive de me rendre pour le compte de la Fondation Res Publica. Cette dernière a d’ailleurs elle aussi une activité. En 2006, par exemple, elle a invité M. Sergueï Lavrov, qui nous a assuré que la Russie voulait évoluer dans le sens de l’État de droit. Les actes de cette réunion sont publics. ».



Dans son rôle, ses rapports avec le Quai d'Orsay étaient essentiels. Jean-Pierre Chevènement a même lu sa deuxième lettre de mission, lorsque Jean-Yves Le Drian l'a reconduit : « J’en lis le deuxième paragraphe : "L’exercice des fonctions de représentant spécial pour la Russie depuis 2012 vous a permis de nouer des relations fructueuses avec des personnalités des sphères dirigeantes comme de la société civile russes et de soutenir le dialogue franco-russe sur plusieurs dossiers stratégiques. En témoigne la décision du président de la Fédération de Russie de vous décerner l’Ordre de l’Amitié, la plus haute distinction pouvant être attribuée à un étranger en reconnaissance de son action en faveur du rapprochement des sociétés et des cultures". Si donc le Quai d’Orsay est intervenu auprès de moi, ce n’était pas pour me décourager mais, au contraire, pour "densifier notre relation, en particulier la présence des entreprises françaises dans les régions russes, aider au développement des investissements français en Russie et russes en France". On peut évidemment interpréter, par exemple, le rachat de GEFCO, la filiale logistique de Peugeot, par les chemins de fer russes comme de l’ingérence, mais je ne crois pas que ce soit le cas. Les investissements russes en France n’ont guère dépassé les 3 milliards d’euros tandis que, selon les dernières informations dont je dispose, les investissements français en Russie représentaient plus de 18 milliards, mais sans doute n’ont-ils pas été, en réalité, aussi élevés, du fait d’un phénomène de désinvestissement des entreprises françaises dans leurs implantations en Russie. Cet ordre de grandeur montre cependant que nous étions plutôt accueillants pour les investissements russes potentiels. ».



Jean-Pierre Chevènement a précisé qu'à l'origine, en 2012, Laurent Fabius voulait développer une diplomatie économique pour renforcer les relations économiques et industrielles avec certains pays majeurs, d'où le principe des représentants spéciaux (il y a eu aussi Martine Aubry puis Jean-Pierre Raffarin pour la Chine).

Comme actions concrètes de sa mission, Jean-Pierre Chevènement n'a pas hésité à en donner quelques-unes : « Dans ces fonctions, j’ai été amené à intervenir pour la mise sur pied du format Normandie ou pour le suivi des Accords de Minsk, ce qui n’était pas du tout prévu à l’origine. (…) [De plus], il peut s’agir du soutien aux implantations d’une firme comme Auchan ou Schneider Electric, ou de démarches visant à la libération de personnes injustement détenues, comme Oleg Sentsov, ou à la facilitation de l’obtention de visas permettant aux étudiants russes de venir étudier en France, ils sont actuellement 5 000, ce qui n’est pas beaucoup, mais ce chiffre se compare avantageusement à ceux qu’affichent de nombreux autres pays. (…) À vrai dire il est peu de dossiers sur lesquels je n’aie pas été actif pour mettre de l’huile dans les rouages, ce qui est très important. Ainsi, lorsque j’étais reçu par un ministre russe, l’ambassadeur m’accompagnait et c’était pour lui l’occasion d’avoir un contact avec les autorités du pays car, parfois, ce contact ne se faisait pas naturellement. Outre Rosatom, Roscosmos et Rostekhnologii, que j’ai déjà évoqués, nous avons travaillé et établi des joint-ventures avec d’autres gros groupes russes. Lorsque j’ai pris mes fonctions, les exportations de la France s’élevaient à 7 milliards, ce qui, comparé à notre déficit extérieur global de 165 milliards, est tout à fait estimable. J’aurais aimé pouvoir les développer davantage, mais les sanctions n’ont malheureusement pas favorisé l’essor des relations commerciales franco russes. ».

La présentation plutôt assumée de Jean-Pierre Chevènement n'a pas vraiment été du goût de la rapporteure de la commission, la députée Renaissance Constance Le Grip, peu convaincue, qui a attaqué dans le vif du sujet : « Je rappelle que les premières sanctions commerciales ont été prises après l’annexion, internationalement reconnue comme illégale, de la Crimée par la Russie en 2014. (…) Les agissements de la Russie de Poutine contre certains pays européens et contre nos systèmes démocratiques sont avérés et documentés par toutes sortes de travaux, recherche universitaire, journalisme d’investigation, rapports parlementaires, etc. Je songe par exemple à l’action menée contre les intérêts français en Afrique par certaines officines plus ou moins directement liées au régime du Kremlin. On est loin de l’esprit de coopération et de relations apaisées et constructives. La Russie se livre également depuis des années à des cyberattaques, à une guerre informationnelle par la manipulation de l’information, par exemple à travers la création de médias russes visant à déstabiliser nos processus démocratiques, ou encore à la captation d’élites politiques et économiques. Tout cela est bien connu. Et que dire de l’évolution très autoritaire du régime de Vladimir Poutine ? L’assassinat d’Anna Politkovskaïa a eu lieu en 2006 et les tentatives d’assassinat ou d’empoisonnement d’opposants russes, parfois sur le territoire de pays européens, a commencé à cette période. Tous ces éléments ayant été rappelés, n’y a-t-il pas eu de votre part, comme de la part d’autres acteurs, une forme de naïveté vis-à-vis du régime de Vladimir Poutine ? ».

L'alternative qui fâche : naïveté... ou trahison, somme toute. Comme pour François Fillon qui ne reconnaissait plus le Poutine des années 2007-2012. Mais Jean-Pierre Chevènement a rejeté catégoriquement cette interprétation : « Je suis très fier d’être intervenu comme je l’ai fait pour éviter une guerre ravageuse en Europe. Ce que je regrette, c’est que des efforts parallèles n’aient pas été faits par certains, que je ne veux pas désigner, dans le but de circonscrire un conflit qui, au départ, était limité à deux circonscriptions du Donbass et qui aurait pu ne pas dégénérer en une grande guerre potentiellement mondiale. Je pense qu’il fallait prendre ses responsabilités et, pour ma part, je me rattache plutôt à l’école réaliste. Je n’ai jamais pris le Président Poutine pour un enfant de chœur : ce n’était pas mon problème. J’ai reçu deux lettres de mission très détaillées qui m’encourageaient à aller dans le sens où je suis allé. Et je regrette naturellement de n’avoir pas connu meilleur succès. Mas tout ne dépendait pas de moi. ».

L'ancien ministre de la défense considérait ainsi que, même si à court terme, c'était difficile d'aller dans ce sens, il fallait rester dans une optique de long terme de relations privilégiées avec la Russie : « Nous sommes, sinon en état de guerre, du moins en état de conflit avec la Russie au sujet de l’Ukraine. Nos intérêts sont nettement divergents et je me place dans la ligne qui est celle du gouvernement. Toutefois, si l’on envisage les choses à plus long terme, tous nos Présidents ont eu une attitude ouverte vis-à-vis de la Russie, et je crois qu’ils ont eu raison. Ç’aurait été une erreur de rejeter la Russie vers l’Asie, de la tenir à bout de gaffe et de ne pas chercher à l’associer au destin européen. Cette association a pu prendre des formes différentes : en 1966, De Gaulle parlait d’entente et Mitterrand a proposé, en 1989, la création d’une Confédération européenne incluant la Russie. C’est le Président Chirac qui a fait preuve de la plus grande ouverture mais, d’une manière générale, la politique de la France a toujours consisté à ne pas rejeter la Russie, à l’associer au destin européen et à aller dans le sens du courant occidentaliste, né à l’époque de Pierre le Grand, et qui s’oppose au courant que l’on pourrait qualifier de slavophile ou d’eurasiatique. Notre intérêt a toujours été d’encourager le courant occidentaliste, celui des grands tsars, Catherine II, Alexandre Ier, des gouvernements qui ont suivi la révolution de 1905 et, plus près de nous, de Gorbatchev. On peut d’ailleurs regretter que l’Europe et les États-Unis n’aient pas davantage tendu la main à la Russie dans les années qui ont débouché sur la décennie tragique au cours de laquelle le pays a perdu la moitié de son PIB : je vous laisse imaginer ce que cela a pu signifier pour des dizaines de millions de salariés, de retraités et de gens pauvres. Le rétablissement de l’État russe, grâce, il faut le dire aussi, au prix du pétrole et du gaz, dans les années 2000, a fortement contrasté avec la période précédente. (…) Je pense qu’il faudra à l’avenir, et sous une forme qui reste à déterminer, associer la Russie au destin démocratique de l’Europe. ».

Mais pour le moment, selon lui, la Russie a peu à voir avec une démocratie : « La Russie est un État autoritaire et l’a toujours été, pour des raisons qui tiennent à sa vastitude, onze fuseaux horaires et 17 millions de kilomètres carrés, à son climat rigoureux et à la diversité des nationalités qui la peuplent, plus de cent. Il faut admettre que la Russie n’est pas un pays comme les autres et que, bien loin d’aller dans le sens qu’elle indiquait il y a encore une dizaine d’années, elle s’est engagée dans une voie funeste, avec l’agression gravissime commise contre l’Ukraine et contre les principes dont l’URSS était garante en tant que signataire de la Charte des Nations Unies. La réalité est ce qu’elle est. ».

Sur les formes d'ingérence ou de compromission dont il aurait pu éventuelle être le témoin : « Je ne peux pas considérer comme délictueux le fait, pour une entreprise française installée en Russie, de commercer avec la Russie ou d’essayer de nouer des relations d’affaires. Elle est dans son rôle et le mien est de l’y encourager et de lui faciliter les choses, dès lors qu’elle reste dans le cadre de la légalité. (…) Je n’ai pas été témoin de faits délictueux ; sinon je les aurais dénoncés comme la loi m’y oblige. Quant aux hommes politiques, les groupes d’amitié et leurs fréquents déplacements constituent-ils une forme d’ingérence ? Je ne le pense pas. Ce sont des relations interparlementaires normales. Je me souviens même d’une coopération originale entre le Sénat français et le Conseil de la Fédération de Russie, il y a une dizaine d’années, où chacun exposait ses thèses et écoutait les questions de l’autre, de façon à ne pas entrer dans un débat. C’était une initiative de M. Konstantin Kosachev et de M. Christian Cambon. Non seulement je n’ai rien trouvé à y redire, mais il m’a semblé que c’était une forme originale de diplomatie parlementaire qui permettait de se dire beaucoup de choses. (…) Il est clair que les agissements d’un groupe comme Wagner en Afrique sont contraires aux intérêts de la France. (…) Je pense en particulier au Mali ou au Burkina Faso. Les accords passés entre, d’une part, les gouvernements du Burkina et du Mali et, de l’autre, les autorités russes et un groupe comme Wagner, que j’aurais du mal à qualifier car il m’évoque moins une formation légale que les grandes compagnies du temps de Charles VII, ont une dimension profondément inamicale, c’est tout à fait clair. ».

Sur l'annulation de la vente de deux navires Mistral à la Russie par François Hollande : « La France a en effet réussi à s’en sortir grâce à l’Égypte. (…) Je dois vous préciser que je ne suis pas intervenu sur ce dossier. » Rappelons que cette histoire d'annulation de la vente a refait surface il y a quelques jours par une méconnaissance totale des faits par un député RN qui, visiblement, ne s'ennuie pas avec la réalité historique en laissant entendre, ce qui est complètement faux, qu'Emmanuel Macron aurait livré les deux navires à la Russie.

Jean-Pierre Chevènement a bien compris que sa mission d'origine, le développement des relations économiques et industrielles avec la Russie, a été complètement perturbée par la crise en Ukraine dès 2014. Toutefois, il se croyait encore utile pour garder les liens même dans la tempête. La déclaration de guerre de la Russie à l'Ukraine a étonné et déçu Jean-Pierre Chevènement comme tant d'autres personnalités politiques françaises (dont François Fillon), en ce sens qu'elles ont pu se sentir manipulées par Vladimir Poutine, utilisant leur réputation, leur expérience et leur réseau à des fins d'influence pro-russe. Comme François Fillon, quelques minutes plus tard, Jean-Pierre Chevènement aurait pu préciser qu'il n'avait pas reçu un seul centime de la Russie. Mais ce n'était pas la peine de le dire, c'était l'évidence...


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (09 mars 2024)
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Pour aller plus loin :
Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
Jean-Pierre Chevènement et ses relations avec la Russie.
Pourquoi le souverainiste Jean-Pierre Chevènement soutient-il Emmanuel Macron ?
Élysée 2022 (33) : Emmanuel Macron à 30% ?
Élysée 2022 (32) : Emmanuel Macron candidat !
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