Alors, l’UE, en sortir ou pas ?

par Robert GIL
samedi 17 février 2024

Les opposants à l’Europe nous disent une chose très juste : « L’UE c’est la machine de guerre des patrons européens. C’est l’arme d’exploitation massive du capitalisme européen. ». Entièrement d’accord, mais n’oublions pas que parmi ces patrons il y a nos braves patrons et capitalistes français ! Et que tous, main dans la main, ont travaillé pour la mise en place de la libre circulation des capitaux, la mise en concurrence des salariés et l’optimisation fiscale !

Alors oui c’est bien l’UE qui organise le dumping social et la mise en concurrence des salariés français avec l’ensemble des travailleurs d’Europe. Oui, c’est bien l’UE qui pond des directives « travailleurs détachés ». Oui, c’est bien l’UE qui exige qu’il y ait des réformes structurelles permettant de baisser le coût du travail, c’est à dire les salaires et de détruire le code du travail. Oui, de nombreuses lois « votées » ici ne sont que le résultat de la transposition de directives européennes, qui, elles, sont décidées et établies à Bruxelles par la commission et les lobbys patronaux. Oui, l’UE est une dictature capitaliste qui respecte de moins en moins ce que l’on appelle démocratie, et donne des droits démesurés aux grandes entreprises dans une confusion croissante entre intérêt public et intérêts privés à laquelle la France et le Medef participent allègrement. Sous prétexte de mondialisation l’on met en concurrence les salariés pour savoir qui acceptera de travailler pour le moindre coût possible, pendant que le grand patronat est en concurrence pour savoir qui gagnera le plus. Sous la pression et la voracité des actionnaires, les coûts de production doivent être compressés à l’infini.

Mais l’Europe n’envoie pas des agents pour mettre un fusil sur la tête de nos braves patrons et capitalistes français pour les obliger à mal payer leurs salariés, à délocaliser des entreprises rentables afin de faire plus de profits, à avoir recours à des contrats précaires et à des méthodes de management destructrices pour la santé de leurs employés. Non, nos braves patrons et capitalistes français s’exécutent d’eux-mêmes, parce que cela correspond à leurs intérêts et à leur idéologie ! Europe ou pas, l’essence même de la Grande Bourgeoisie française c’est une lutte de classe à mort contre le peuple, casse des retraites, de la sécu, du temps de travail … elle se battra dans l’Europe ou à l’intérieur de nos frontières, la sortie de l’Europe ne nous empêchera en aucun cas d’être obligés d’en découdre avec elle ! La lutte des classes en France et ailleurs s’est faite bien avant l’avènement de l’UE ! L’UE n’est rien de plus que le nouvel étage supérieur de l’Etat commandé par les intérêts communs des bourgeoisies européennes, françaises incluses.

Est-ce que les pays qui ne font pas partie de l’UE vont tous bien ? Pour améliorer les conditions de vie des classes populaires il a fallu 150 ans de lutte acharnée contre la bourgeoisie française, et non pas contre l’UE. Dans les colonies, les « indigènes » ne devaient pas leur sort à l’intransigeance de l’Europe, mais bien à la voracité de quelques-uns. Avec le Brexit, la bourgeoisie anglaise ne pouvant plus se cacher derrière l’Europe, va peut-être lâcher quelques brides, mais au final, ce sont les classes populaires qui payeront ce qu’il y a à payer. Lisez les livres de Jack London sur les conditions de vie des ouvriers anglais au temps de la grande industrie, et vous verrez qu’ici comme là-bas, la Grande Bourgeoisie n’a pas besoin de l’Europe pour nous asservir.

Sortir de l’Europe nous prendrait du temps et de l’énergie, je pense que nous n’avons rien à demander à l’UE. Nous ne sommes pas la Grèce, qui s’est faite laminée par l’UE alors qu’elle aurait dû être aidée, la fraternité européenne c’est du vent, seul les intérêts compte. La France est la deuxième puissance économique de la zone euro, nous sommes un contributeur net, c’est-à-dire que nous versons à l’Europe plus que les subventions qu’elle nous donne. Si nous ne respections pas les traités, l’UE serait obligée de discuter avec nous ou de nous exclure, ce qui dans ce cas signifierait la fin de l’UE. Donc l’UE se devra d’accepter des sorties unilatérales de certains traités. Et si nos transformations sociales sont positives cela pourrait devenir contagieux pour d’autres pays européens, car malgré le discours officiel dans chaque pays le mécontentement gronde et gagne du terrain ! le Codiv-19 a également démontrés que pendant la pandémie, l’UE n’a rien proposé, ça a été du chacun pour soi. Il n’y a eu aucune fraternité et les frontières ont même été fermées. Au sortir de cette crise, le monde après covid est pire que le monde avant covid.

Sortir de l’Europe sans sortir du capitalisme, sortir des griffes du capitalisme européen pour tomber dans les griffes de nos bons capitalistes français, non merci. Sortir de l’euro sans sortir du capitalisme c’est encore un slogan de droite pour éviter que les salariés s’en prennent au système en place, pour leur faire croire que le simple fait de sortir de l’Europe serait le miracle pour obtenir miraculeusement des augmentations de salaires et des droits sociaux nouveaux, Comme si les décisions du gouvernement, et celles de Bruxelles, n’étaient pas prises en fonction des besoins et des seules exigences du patronat, et le patronat ne connait pas de frontières !

http://2ccr.unblog.fr/2024/02/17/alorslue-en-sortir-ou-pas/

 

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