Union européenne : plan B comme... belge

par Alain Hertoghe
jeudi 1er juin 2006

Il y a un peu plus d’un an, les partisans français du non au projet de Constitution européenne, le socialiste Laurent Fabius en tête, affirmaient que la Commission de Bruxelles disposait d’un plan B en cas de rejet de cette première mouture par les électeurs. Les Européens attendent toujours et les nonistes n’ont offert aucun projet alternatif pour l’UE.

A deux semaines du sommet de Bruxelles qui fera le point sur le devenir institutionnel de l’Union, les parlementaires européens auditionnent des chefs de gouvernement des Vingt-cinq. Ce mercredi, leur premier invité était le Belge Guy Verhofstadt.

Cinquante ans après le lancement de l’Union, le temps est venu d’opérer un choix définitif. Dans son discours au Parlement, le premier ministre d’un des six pays initiateurs de la construction européenne n’y a pas été par quatre chemins pour dénoncer l’immobilisme actuel des dirigeants du Vieux continent qui ne leur permet pas de répondre aux formidables défis mondiaux de l’époque.

Pour Guy Verhofstadt, le processus de ratification de la Constitution, déjà approuvé par quinze Etats membres, doit se poursuivre, en dépit des refus français et néerlandais. Une fois le quorum de vingt ratifications atteint, les vrais Européens se compteront et aviseront, estime-t-il.

Le chef du gouvernement belge plaide aussi pour la poursuite de l’élargissement et pour la transformation rapide de l’actuelle Union en véritable fédération européenne, où la règle de l’unanimité serait abolie ou au moins limitée au strict minimum. Selon lui, il faut d’urgence renforcer la coordination des politiques économiques et sociales pour assurer l’avenir de la prospérité européenne dans le contexte de la mondialisation.

Le discours du dirigeant libéral belge a été chaudement accueilli par les parlementaires européens, et tout spécialement par le chef du groupe socialiste, l’Allemand Martin Schultz. Ce qui montre que le débat européen n’oppose pas les libéraux aux sociaux, mais les fédéralistes et les nationalistes, nostalgiques de leur splendeur passée.

A l’adresse de ces derniers, Guy Verhoftadt a rappelé ce commentaire cruel de son prédécesseur, le socialiste Paul Henri Spaak, signataire pour la Belgique du traité de Rome de 1957 ratifié par l’Allemagne, la France, l’Italie et les pays du Benelux :

L’Europe n’est encore composée que de petits pays. La seule distinction pertinente qui demeure réside dans le fait que certains pays le comprennent et que d’autres refusent encore toujours de le reconnaître.

Cinquante ans plus tard, l’heure de la lucidité sonnera-t-elle ?

Cliquez sur ce lien pour lire le discours intégral de Guy Verhofstadt


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