L’Est républicain : désinformation, et pas de rectification !

par Eratosthène
jeudi 26 août 2021

Où l'on voit que les médias "officiels" ne sont pas plus exempts, contrairement à ce qu'ils peuvent laisser croire, d'erreurs et "fake news" que d'autres...

I) L'article de l'Est républicain : partialité, imprécision, inexactitude

Je suis tombé tout à fait par hasard (en 2019) sur un article, du journal l'Est républicain (https://www.estrepublicain.fr/edition-de-vesoul-haute-saone/2019/08/19/l-heritage-du-grand-pere-tourne-au-cauchemar-fobj), qui relate une histoire d'héritage opposant un oncle et sa nièce, sans aucun intérêt par elle-même mais qui montre l'absence de fiabilité générale des petits médias de province, même sur des affaires qui n'ont en elle-même qu'un retentissement local et peu d'envergure (note au cas où : je suis bien entendu totalement étranger à l'affaire et n'y connaissais rien jusqu'à ce que je fusse tombé sur l'article de l'Est républicain).

Déjà, remarquons que le journaliste fait manifestement preuve d'une partialité outrageante en épousant systématiquement le point de vue d'un des deux protagonistes, dépeint comme un "méchant", et qu'on ne cite à aucun moment. A-t-il été même interrogé ? On peut en douter.

Ensuite, notons que le journaliste ne s'embarrasse pas de précisions : il parle de décisions de justice sans même citer les références du numéro de rôle et les dates précises, afin que chacun puisse se faire son avis sur la question.

Mais, plus grave, il déforme allègrement les décisions de justice qu'il est censé citer. Intrigué par la tonalité de l'article et voulant creuser la question, j'ai trouvé en quelques minutes (ayant les outils spécifiques pour), malgré l'absence de références précises, l'arrêt de la cour d'appel de Chambéry, évoqué à la fin (référence : Cour d'appel de Chambéry - ch. 02 - 22 mai 2014 - n° 13/01387). Et l'on voit que cet arrêt ne dit absolument pas ce que le journaliste rapporte. Le journaliste prétend citer l'arrêt : "Dans le jugement de la cour d’appel de Chambéry, il est même précisé que l’oncle « est jugé responsable du retard dans la régularisation d’un acte de partage et doit en conséquence supporter le surcoût des frais de partage qui en résulte »."

Or, si cette phrase figure à peu près dans l'arrêt, elle ne figure pas dans les motifs de la décision, mais dans les moyens et prétentions des parties. Ainsi, Mme demande à la cour de statuer que l'oncle est jugé responsable, la cour d'appel rappelle les demandes des parties et notamment celle de Mme, et le journaliste conclut en mélangeant la reproduction des demandes et le dispositif du jugement, en mettant dans la bouche du juge ce qui est une simple demande de la partie intimée !

En effet, si l'on regarde sa décision, le juge s'estime incompétent pour statuer tant sur les demandes de l'oncle que les demandes reconventionnelles de Mme, et déboute tout le monde ("Déboute les parties de toutes leurs prétentions").

 

II) Ma réaction : un échec total

J'ai donc soumis à publication un commentaire indiquant que le journaliste ne savait manifestement pas lire une décision (si tant est qu'il l'ait lue, peut-être a-t-il cru sur parole Mme ?), et que l'article était factuellement inexact. Par mail du même jour, il m'a été indiqué que mon commentaire était rejeté (non publié) et a été transmis à la rédaction.

En août 2021, deux ans après la date de publication de l'article, on trouve la même erreur, non corrigée, et mon commentaire n'est toujours pas publié.

 

III) Conclusion

On a donc un journaliste qui s'intéresse à une misérable affaire d'héritage dont 99,9% de ses lecteurs se moquent éperdument ; qui la traite avec une partialité évidente ; sans donner les éléments factuels et précis comme les numéros d'affaire et juridiction et dates de décision ; qui, après étude, cite de travers la décision de justice de la cour d'appel. Et une modération qui écarte un commentaire rectifiant les faits. Et une publication qui se moque éperdument de publier des articles faux et ne réagit pas et ne corrige pas l'article publié.


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