Bonne santé pour 2024 !

par Sylvain Rakotoarison
dimanche 31 décembre 2023

« À tout prendre, ce sont les vivants qui sont les plus forts. » (Fang Fang, 2016).

La fin de l'année et, par conséquent, le début de l'année suivante sont certes des limites artificielles au temps, mais cela reste l'occasion de faire un petit bilan de l'année passée et de petites perspectives de l'année qui vient. Comme toujours, l'année 2023 a connu son lot de souffrances, de désastres, de malheurs et l'on espère que ceux-ci s'arrêteront en 2024.

L'année 2023 n'a pas forcément été mauvaise pour tout le monde. Il suffit par exemple de regarder l'évolution des entreprises du CAC40 dont les actions ont progressé de 16,5% en un an. On peut d'ailleurs espérer que l'année 2024 soit l'année de la fin de la crise économique consécutive à la fois à la crise sanitaire du covid-19 et à la crise énergétique provoquée par la tentative d'invasion de l'Ukraine par la Russie. L'inflation, qui est redescendue à 3,5%, devrait "se calmer" en 2024 et des perspectives plus optimistes sont envisageables d'un point de vue économique.

L'économie n'est rien sans l'humain. Et 2023, malheureusement, a continué 2022 en Ukraine. Un front qui varie peu, qui fait beaucoup de morts, des centaines de milliers, dans une guerre stupide entre Ukrainiens et Russes. Elle ressemble à la guerre des tranchées entre 1914 et 1916, dans les Ardennes et en Lorraine. Il n'est pas inutile de rappeler qu'aucune solution militaire ne pourra assurer une paix durable en Ukraine, car la rancœur et les ressentiments seront trop forts pour empêcher l'une ou l'autre des parties de prendre sa revanche. Seules des négociations seront prometteuses d'un avenir paisible, mais comment commencer des négociations quand les conditions de commencement sont impossibles à tenir ?

L'année 2023 a vu aussi un autre front. En fait, un conflit qui dure depuis soixante-quinze ans déjà et qui s'est rappelé par l'effroyable massacre du 7 octobre 2023 en Israël par les terroristes du Hamas. Les conséquences humaines de la réponse de l'État d'Israël sur Gaza, aussi effroyable soit-elle, sont aussi de la responsabilité du Hamas dont l'élimination devient une condition nécessaire à la survie d'Israël. Pour cette région du monde aussi, appeler aux négociations est une évidence pour une paix durable, mais le gouvernement israélien, soutenu largement par le peuple israélien (il faut le souligner), considère qu'il n'y aura pas de paix durable sans maintenir dans l'urgence les conditions d'existence de l'État d'Israël.

Sur le plan international, quelques élections à venir en 2024 vont avoir un retentissement très grand. La première est la désignation du prochain Président des États-Unis le 5 novembre 2024, dans un pays qui reste quand même la première puissance économique du monde et qui reste au sommet de l'innovation technologique (l'attribution des Prix Nobel scientifiques le rappelle), avec le choix improbable entre un Président sortant, vieillard de 81 ans, Joe Biden et un ancien Président, repris de justice, Donald Trump, également vieillard (Trump a l'âge de Biden en 2020), qui, en plus, est inéligible dans déjà deux États.

Une autre élection est importante mais sans réel suspense ni enjeu, l'élection présidentielle en Russie et la réélection de Vladimir Poutine pour un cinquième mandat (2000-2004, 2004-2008, 2012-2018, 2018-2024, 2024-2030 ?) est tellement anticipée qu'aucun second tour n'est prévu pour l'instant (il est également un vieillard ; à la fin de ce nouveau mandat, Poutine aura l'âge de Biden en 2020).

En revanche, le pouvoir du Président chinois Xi Jinping est assuré en 2024 puisqu'il a été réélu à la tête du parti communiste et de l'État en 2022 et 2023. Idem pour Erdogan en Turquie. De même, Emmanuel Macron et la plupart des dirigeants européens (Italie, Espagne, Grèce, Pologne, Hongrie, etc.) n'ont pas à renouveler leurs instances nationales. Seuls l'Allemagne et le Royaume-Uni sont dans l'expectative dans la mesure où leurs chefs du gouvernement respectifs n'ont pas forcément une durée pérenne (la coalition allemande pourrait éclater). Reste l'inconnu européen (voir plus loin) et l'inconnu néerlandais où la victoire relative de Geert Wilders aura du mal à se traduire par un gouvernement ouvertement nationaliste.

En Argentine, où une grève générale est attendue le 24 janvier 2024, l'évolution de la vie politique sera scrutée avec attention après l'élection de Javier Milei dans un combat étrange mais redoutable entre un ultralibéralisme inquiétant et un collectivisme social qui a fait faillite.

En France, quoi qu'on en dise, Emmanuel Macron a réussi son année 2023 en parvenant à faire adopter deux lois très déterminantes pour son deuxième quinquennat, la réforme des retraites (certaines personnes commencent à s'apercevoir qu'elles vont en bénéficier, celles qui ont commencé très tôt leur vie active et qui peuvent désormais prendre leur retraite plus tôt que prévu), et, en fin d'année, la loi Immigration dont on attend encore l'avis du Conseil Constitutionnel sur certaines dispositions et dont le vote par le groupe RN modifiera profondément la situation politique (à mon avis). Les jeux olympiques d'été qui commenceront le 26 juillet 2024 seront un grand rendez-vous national et parisien, ainsi que l'inauguration de la nouvelle Notre-Dame de Paris en décembre 2024 (le pape François y est invité).



En 2024, la perspective politique se focalise sur les élections européennes, véritables élections intermédiaires en France (entre deux élections présidentielles) où chaque force politique peut librement évaluer son audience électorale dans un scrutin proportionnel national.

Malheureusement, dans ces élections, les enjeux nationaux l'emporteront sur les enjeux européens. Chaque grand parti (ou parti désirant le redevenir) souhaite préparer l'élection présidentielle en optimisant son score des européennes. Bien évidemment, le RN, en tête des sondages, veut montrer qu'il serait l'alternance crédible en 2027 ; mais les partis de la majorité vont devoir aussi faire campagne efficacement s'ils veulent pouvoir gouverner avec un minimum de légitimité (on se souvient que François Mitterrand a eu du mal à gouverner en ne représentant plus que 20% des électeurs entre 1984 et 1986, après les élections européennes de juin 1984). Pour LR, ce scrutin est également crucial car il va déterminer la crédibilité du futur candidat LR à l'élection présidentielle de 2027 (je vois néanmoins l'avenir de LR très sombre). FI aussi aura à éviter l'effondrement électoral de 2019 et montrer que ce parti revendicatif est bien connecté avec le peuple, condition pour ce parti de rester le seul parti valable à gauche, la gauche aboyante (ou aboyeuse).

Les enjeux européens sont pourtant bien plus importants que les enjeux nationaux. L'Europe de 2024 va devoir faire l'apprentissage de la solitude et de l'autonomie, celle en particulier de l'aide militaire à l'Ukraine en raison d'un désengagement des États-Unis (également possible en cas de victoire des démocrates à la Maison-Blanche). Une relance de l'esprit européen est donc nécessaire avec une véritable défense européenne qui s'autosuffit (ce qui n'est pas le cas actuellement) tant sur le plan militaire que sur l'armement. Elle devra faire preuve aussi d'un degré d'initiative diplomatique sans précédent, en particulier en préparant la proposition d'un véritable plan de paix pour le Proche-Orient.

La personnalité du prochain Président de la Commission Européenne sera donc déterminante et dépendra évidemment des rapports de forces au sein du nouveau Parlement Européen. C'est donc un vœu cher que je formule pour le premier semestre de 2024, celui qu'une véritable campagne européenne, sur des enjeux européens, soit amorcée par une classe politique française un peu trop égocentrée.

Mais l'essentiel, comme l'a fait dire par l'un de ses personnages la romancière chinoise Fang Fang dans son récit (assez glauque) des "Funérailles molles" (que je recommande à tous les curieux de la Chine communiste), c'est d'être vivant et bien vivant, et la première condition, c'est d'avoir la santé. C'est pourquoi je souhaite à tous les internautes d'avoir la meilleure santé possible pour 2024, car l'argent, le pouvoir et le succès sont bien sympathiques, mais ne guérissent jamais des maladies, juste peut-être l'amour...


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Sylvain Rakotoarison (30 décembre 2023)
http://www.rakotoarison.eu


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