Macron et Oudéa-Castéra, entre mensonges et démagogie

par Laurent Herblay
samedi 27 janvier 2024

C’est au karcher que Macron essaie de relancer son quinquennat : changement de Premier ministre, nouveaux débauchages LR pour renforcer le virage à droite de fin d’année, conférence de presse au format tout macronien, quelques annonces calibrées pour être populaires… Mais entre la polémique déclenchée par la nouvelle ministre de l’éducation nationale et la tonalité assez lunaire du président, pas sûr que ce déploiement de grands moyens parvienne à quoi que ce soit…

 

Droitisation façon café du commerce

Le « en même temps » est bien mort et enterré. Sur les hommes et sur le fond, Macron a choisi. Les états d’âme lors des péripéties de la loi immigration de sa prétendue aile gauche (pas moins antisociale que Sarkozy) ont entrainé le départ de quatre de ses figures (Borne, Dussopt, Véran et Beaune). Et avec l’arrivée de Dati et Vautrin, les anciens LR sont désormais majoritaires dans la nouvelle équipe. Pour couronner le tout, ce sont plutôt des LR venus de l’ancien RPR, ce qui irrite une partie des soutiens du président. Macron a achevé ce repositionnement par une conférence de presse à la tonalité très marquée à droite, en concentrant ses annonces de ce seul côté de l’échiquier politique  : uniforme, promotion de la natalité, simplification administration, dérèglementation, baisses d’impôts ciblées.

L’objectif affiché est clair : pour le président, le PS est carbonisé, il faudrait donc en finir avec LR pour devenir le seul parti dit de gouvernement restant. Les sondages pour les européennes indiquent au contraire une forme de redressement des vieux partis qui échouent au gouvernement et une nouvelle étape dans l’essoufflement de cette macronie arrogante, incompétente et déconnectée de la réalité. Et ce n’est pas cette conférence de presse qui va arranger les choses. La façon du président-Pangloss de décrire l’état de la France aujourd’hui était assez lunaire tant elle était déconnectée de la réalité. D’ailleurs, les Français ne s’y sont pas trompés : l’audience étant décevante et les jugements négatifs, les humoristes ironisant sur le caractère idyllique du pays inconnu et attrayant dont avait parlé Macron, où les soignants et les professeurs auraient été revalorisé, le chômage vaincu et le pouvoir d’achat préservé.

Mais la réalité est tout autre. Les maternités ont été fermées, comme les lits d’hôpitaux, les personnels soignants souffrent autant d’une rémunération en berne, et et d’effectif trop réduit, dans des hôpitaux mal entretenus. La crise de l’éducation nationale ne cesse de se renforcer, entre problème d’autorité, statut dégradé et salaire bien trop base, au point de créer une crise de vocation gravissime et une baisse de niveau des élèves préoccupante. La tentative d’incriminer ses prédécesseurs est inopérante de la part d’un homme aux manettes depuis près de 12 ans… Le discours économique n’est guère plus crédible, entre statistiques du chômage tronquées et déficit commercial record qui infirment le discours sur la réindustrialisation. Enfin, l’affluence aux Restos du Cœur et au Secours Populaire montre l’appauvrissement des Français. Pour couronner le tout, notre pays affronte un effondrement démographique depuis 10 ans.

Mais cela n’arrête pas cet homme prêt à faire passer les vessies pour des lanternes. Il ne recule devant aucun mensonge, ou travestissement de la réalité, avançant des investissements ou des hausses de traitement de la fonction publique qui ne couvrent même pas l’inflation. Mais ce qui m’a frappé, c’est aussi la tonalité café du commerce du président, qui a repris tous les poncifs de droite (dont certains sont vrais) avec un ton qui se voulait populaire, alors qu’il traduit surtout le mépris élitiste à l’égard du peuple, dont il pense qu’une expression simpliste leur parlera davantage. C’est la même démagogie qui était à l’œuvre dans la justification ridicule par Amélie Oudéa-Castéra de son choix de mettre son aîné à Stanislas. Le niveau de l’établissement ou le choix d’une école confessionnelle auraient pu suffire, mais elle a cru bon inventer une histoire complètement fausse, qui en dit long sur le rapport de la macronie à la vérité.

Pour couronner le tout, elle a cru bon dire avoir été « honnête » même si « la réalité lui donne tort ». C’est sans doute une bonne synthèse de ce que représente Macron et ses équipes : ce qu’ils disent est presque constamment infirmé par la réalité parce qu’ils vivent dans un monde parallèle qui est une bulle coupée de cette réalité, remplié de mensonges et de démagogie.


Lire l'article complet, et les commentaires