A peine propriétaire il détruit son château. Un songe de Mélenchon ?

par L’apostilleur
lundi 10 octobre 2022

 Il ne reste plus de l'édifice que quelques descriptions avantageuses ;

« … le château comptait plusieurs étages et était doté de tourelles à chaque angle... Face à lui, des parterres circonscrits par un mur semi-circulaire… » (1)

« … le château-ferme et le fief de Rebetz propriété des Pellevé dont le célèbre cardinal de la Ligue aux XVIe et XVIIe s. avec tour à chaque angle, entouré d’un parc avec étangs. » (2)

 

Avant d’en aborder la cause, une promenade dans cette région du Vexin situera cette histoire. Elle sent bon le terroir, et ce territoire l’Histoire. Des traces nombreuses et anciennes parsèment ses vallons et ses buttes autour de Chaumont-en-Vexin où l’on trouvera le lieu qui nous intéresse, théâtre de cette histoire extravagante.

Par ici les découvertes du paléolithique au néolithiques s’ajoutent à celles gallo-romaines nombreuses aussi. Plus récemment, le Moyen-Age placera l’endroit au cœur des conflits entre wikings et carolingiens qui devient une Marche de Francie.

Après s’être développé le village est pillé et détruit, une banalité de cette époque. Comme souvent les populations se réfugient dans les marais qu’ils aménagent, une rivière s’y dessine alors, la Troesne qui parcourt aujourd’hui encore le domaine de Rebetz qui nous intéresse ici. Le ru du Moulinet qui y prend sa source témoigne de l’abondance de l’eau en cet endroit.

Sur sa rive droite s’étendra la seigneurie de Rebetz qui existait au XIIe siècle séparée par le marais au pied de la butte et de la forteresse des comtes de Chaumont. On attribue la construction du château avec d’autres, à un cardinal apprécié des papes et seigneur de Liancourt, Nicolas de Pellevé (1518 -1594) dont on dit qu’il « mourut de saisissement en apprenant l’entrée d’Henri IV à Paris. » Nul doute qu’il serait mort une deuxième fois s’il avait su qu’une tapisserie d’Henri IV ornerait plus tard son château. Louis XIII et Richelieu, y séjourneront.

              Cardinal Nicolas de Pellevé

 

En 1777 la propriété s'étendait sur 32 ha, composée d’un Grand Rebetz avec le château et d’un Petit Rebetz où s’étend le hameau qui profita de l’incendie du château de Chaumont pour s’étoffer en accueillant la population alentour.

La Révolution les débaptisera, le premier deviendra Hameau-de-l'Unité et le second Hameau-de-la-Fraternité. Le décor planté laisse présager de la suite de cette histoire, mais pas comme on l’envisagerait ailleurs. 

 

L’histoire ne nous dit pas pourquoi les descendants de la famille du cardinal s’en séparèrent pour passer de familles en familles jusqu’aux de Massol vendeurs à leur tour en 1791. Félix-Pierre Geoffroy seigneur de Charmois et de Rebetz, conseiller au parlement de Paris comme son père, en fit l’acquisition à ce mauvais moment.

Le nouveau propriétaire probablement enclin à se croire protéger des excès révolutionnaires grâce aux manifestations d’hostilités des parlementaires de Paris à l’endroit du pouvoir royal, se laissa aller aux inclinations habituelles de la noblesse argentée ; acheter un château. Une idée aventureuse en ces temps-là.

Il n’avait probablement pas mesuré la réaction de ses concitoyens qui ont dû déceler avec la transaction du seigneur parlementaire, une incohérence avec les aspirations parisiennes intransigeantes d’alors, qu’auraient dû s’appliquer à lui-même le citoyen parlementaire.

Deux ans plus tard la terreur battait son plein. On imagine un climat de suspicion grave à son endroit que l’on pourra mesurer avec sa décision ultime, probablement pour justifier son engagement révolutionnaire ; la destruction de son château de Rebetz. Ne subsisteront principalement de cette époque que les communs et le colombier.

Avait-il deviné qu’en le faisant lui-même il devançait ce que d’autres préparaient et qu'il se sauverait ?

Les révolutionnaires n’étaient pas tendres, le fief de Rebetz comprenait également une église et un prieuré qui furent rasés.

Des communs du château

En acquérant le château de Rebetz, le seigneur de Charmois et Rebetz comme le Président Giscard d’Estaing qui achetait le château d’Estaing, cédait-il aux mêmes sirènes en voulant donner à son nom les pierres d’un château ? Les deux ne les conserveront pas longtemps.

 

Le domaine suivra la destinée des propriétés acquises par l’Etat nouvellement créé qui le vendra par morceaux à des agriculteurs. Plus tard sous le second empire, avec les vestiges un nouveau château renaissance sera construit par le propriétaire (cultivateur), sans ressemblance, mais avec beaucoup de charme aussi. Les années apporteront au domaine de nouvelles terres au point de couvrir 300 ha au début du XXe s.

 

En 1957, Pierre Gillouard acquiert la propriété. Il entreprendra plus tard la création du très réussi parcours de golf de Rebetz avec ses arbres centenaires et ses pièces d'eau. Aucun titre de noblesse n'y est exigé pour entrer et les révolutionnaires n'ont pas de passe-droit pour l'instant. 

Il aurait aussi pu inspirer Hergé pour son célèbre château de Moulinsart.

 

 

Souhaitons-lui de na pas en inspirer d’autres moins bien intentionnés.

Fin septembre les « Sangliers syndicalisé.es » (collectif anarchiste) ont vandalisé le golf de Saint-Cloud, avec ces motifs  ; « Nous revendiquons ce sabotage au nom de la lutte pour l'écologie et en soutien à la mobilisation syndicale du 29 septembre… Bourgeois = parasites », « riche = voleur », « le séparatisme c'est vous ».

Ils donnaient le ton à la dernière déclaration de Mélenchon ; « Le 5 et le 6 octobre 1789 les femmes marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi la reine et le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16 octobre. »

 

 

Sources :

- « la communauté des chemins » Chaumont-en-Vexin.

- Les amis du Vexin Liancourt Saint-Pierre (1)

- Histoire de Chaumont-en-Vexin, J. Germand et M. Morel (2)


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