Poubelles à Paris : Pierre Perret attaque sévèrement Anne Hidalgo

par Sylvain Rakotoarison
vendredi 24 mars 2023

« Pauvre Paris devenue si cracra
On sait bien qui t'a fait ça
C'est les crânes de piafs dégourdis
Qui bouffent des graines à la mairie
(…)
Dans Paris, Paris dégoûtant
Oui seuls les rats sont contents
Et le Paris du Grand Charles outragé
C'est un Paris saccagé »
(Pierre Perret, "Paris saccagé", 2023).

Grand buzz d'un chanteur dinosaure. Pierre Perret aura 89 ans dans trois mois et il a l'air encore en grande forme. La forme olympique, même, pour fustiger le Paris de l'actuelle maire Anne Hidalgo : certes, la grève des éboueurs renforce ce sentiment de "Paris dépotoir", mais il y a le "Paris désordre" des violences après manifs et surtout, les travaux d'avant Jeux Olympiques, les dealers, les bouchons à cause de la politique de circulation de la ville, les chiens toujours aussi propres sur les trottoirs, etc.

Bref, le chanteur, que beaucoup des plus de 50 ans ont connu lorsqu'ils étaient petits (ou jeunes), notamment avec la chanson phare "Le Zizi" enregistrée en novembre 1974, un chanson gentillette, adorable, tendre, pour parler d'éducation sexuelle à l'école, est toujours en composition, toujours en activité (pour lui, ce n'est pas encore la retraite).

Comme Michel Sardou, Pierre Perret a l'habitude d'écrire et d'interpréter des chansons sinon engagées du moins prenant le fil de l'actualité, pour coller au mieux avec les enjeux et les préoccupations du moment.

Vieille bouille de tendre garçon, au risque d'être pris pour un ringard réactionnaire rabougri, l'ami Pierrot a sorti sur son compte Youtube le 17 mars 2023 une chanson et un clip qu'il a appelés "Paris saccagé". Il finit en évoquant De Gaulle, qui, à l'époque, l'avait pourtant pas mal censuré à la radio ! Mais il est commun de nos jours d'être gaulliste même quand on ne l'était pas auparavant (on aime tellement mieux les macchabées).

Les mots sont durs, les images parlantes : il évoque les rats, les immondices, les détritus, les tags, les seringues, la pollution, etc. Des mots très durs contre la responsable de toute cette désastreuse évolution, Anne Hidalgo. Mais un peu caricaturale quand même puisqu'il ne montre que les horreurs esthétiques (à peine humaines) de la capitale. Et rien de sa beauté, qui existe encore, évidemment (j'aime la ville, il ne faut pas exagérer, mais je n'apprécie pas sa politique anti-banlieusards).

Exemple de Pierrot le tendre : « Les déjections qui fleurissent les trottoirs/ Décorent ce grand dépotoir ». Autre exemple : « Et dans les squares où plus un enfant joue/ Y a que les seringues et plus de nounous ». Un pamphlet anti-écolo, qui fustige le tout-vélo : « Les plastocs, les affreux bitoniaux/ Qui bornent les pistes à vélo » ou encore : « Te voilà fringuer Waterloo/ Par nos gentils écolos ». Il chantait pourtant "Vert de colère" en 1998, il y a vingt-cinq ans.

Drôle de bonhomme qu'on a connu farceur et tendre, joueur avec les mots, toujours grand sourire, mais qui, ici, attaque froidement la politique municipale complètement démente d'Anne Hidalgo (moins de stationnement, moins de voies de circulation et donc, évidemment, plus de pollution, parce que complètement nulle en mécanique des fluides !).

Pierre Perret ne s'attendait probablement pas à ce grand buzz de fin d'hiver (sa vidéo sur Youtube a eu 1,4 million de vues et elle sature les réseaux sociaux) et exprime un ressentiment bien reconnu non seulement des habitants parisiens mais aussi des touristes venus dans la capitale pour l'art, la beauté et l'amour et se retrouvent surpris et floués. Le roi Charles III, qui vient en France le 28 mars 2023, risque d'être surpris !

Si l'on croit qu'à près de 89 ans, Pierre Perret a gardé la forme olympique en traversant Paris en vélo de long en large, on se trompe un peu, d'autant plus qu'il est difficile de bien comprendre le trajet parcouru avec cette vidéo. En fait, il l'a fait sur un vélo d'appartement avec un grand fond vert au mur, ce fond utilisé par les présentateurs de la météo pour y glisser une carte avec les soleils ou les nuages. Effectivement, Pierre Perret n'a fait que du surplace (on s'en doutait bien avant la fin de la vidéo, à partir du moment où il lâchait le guidon et n'avait pourtant aucun déséquilibre), et le film projeté servait donc de décor.





Bien entendu, pour le chanteur, ce succès est une bonne préparation des esprits à la sortie de son nouvel album, "Ma vieille carcasse" (avec cette chanson sur Paris), prévue le 14 avril 2023. Un teasing finalement très bien fait, aidé par les éboueurs en grève (d'autres ont aussi surfé sur les poubelles de Paris, comme Carla Bruni).

Pierre Perret n'en est pas à son premier titre polémique. Après le premier confinement, il avait sorti un clip sur la pandémie de covid-19 le 7 juin 2020 (la vidéo sur Youtube en est à 3,8 millions de vues), où il jouait aussi sur les mots, ne serait-ce le titre, "Les confinis". Pourtant pas très inspiré, un peu à l'instar de Laurent Ruquier, le chanteur se moquait des médecins qui étaient sur les plateaux de télévision au lieu d'officier à l'hôpital complètement saturé de malades : « Les cherchez pas pour soigner les malades/ Tous les docteurs étaient à la télé ».

Reprenant le vieux truc des complotistes (la séparation entre "nous" et "eux" sans préciser qui sont "eux" ou "ils"), Pierre Perret fustigeait à la fois les informations contradictoires (car on ne connaissait pas la maladie) et le confinement : « Disant l'contraire de c'qu'ils disaient la veille/ Quand cette grippette les faisait bien marrer/ D'un air savant y v'naient faire des tirades/ Remplis d'avis et d'conseils ampoulés ».

D'autres politiques (qu'Anne Hidalgo) étaient alors visés, comme : « La porte-parole elle s'appelle Sibeth/ Y'en a qui pensent qu'elle porte bien son nom/ On sent bien qu'la moindre idée qui se pointe/ Lui déclenche un ouragan dans l'citron ».





Le presque nonagénaire, qui a soutenu le mouvement des gilets jaunes, était mieux inspiré lorsqu'il chantait "Lily" en 1977 ou "La bête est revenue" en 1998. Bah, l'essentiel, c'est qu'il a traversé la crise sanitaire et a pu en réchapper. Beaucoup de ses contemporains n'ont pas eu la même chance (je rappelle, à ce jour, 166 000 morts en France, près de 7 millions déclarés dans le monde, probablement pas loin des 20 millions dans la réalité).


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Sylvain Rakotoarison (18 mars 2023)
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