Avale-Loire : étape 2

par C’est Nabum
jeudi 11 juillet 2013

Le Bonimenteur À domicile …

Ne pas tricher !

Il est vingt trois heures, je ne fais que commencer le récit de cette journée à domicile. De Bou à Orléans, il n'y a que quelques kilomètres, tout juste deux heures trente de kayak. Je suis passé à quelques encablures de mon domicile sans avoir cédé à la tentation d'un peu de confort et de repos. Je vous écris à la lumière de ma frontale, dans la cabine d'une Luciole que je découvre vraiment pour l'occasion, cette belle toue cabanée qui a sans doute tout le confort quand on sait faire fonctionner son système d'accompagnement.

Tout avait commencé par une grasse matinée chez Chantal et Jean-Jacques dans leur pavillon construit en zone inondable. Petit déjeuner et départ tardif pour la plus courte étape de ce périple aquatique. J'étais attendu à Combleux pour un pique-nique fort sympathique. Il ne te faudra qu'une heure, m'avait-on dit. Il faut se méfier des gens qui se déplacent à terre, la Loire a parfois des circonvolutions qui égarent le navigateur d'eau douce. C'est tout particulièrement le cas avec le méandre de Bou ...

Je repartis de fort bonne humeur. J'avais partagé un repas avec des gens charmants. J'étais tout près d'arriver en Orléans, sur le quai de nos exploits inavouables et peu glorieux à bord de la Sterne. Le vent m'était favorable et c'est avec beaucoup d'avance sur l'horaire annoncé que je calai ma frêle embarcation entre deux toues imposantes.

Seul Alain sur le quai attendait, l'appareil photographique à la main, pour immortaliser mes exercices d'équilibriste maladroit et inquiet. Il me fallait décharger mon barda, attacher mon esquif, ranger tant bien faire que se peut le tout, en posture instable entre deux poupes et le flot. Je m'en tirai en n'évitant pas le ridicule mais sans tomber à l'eau.

Sophie, une récente amie Facebook, lectrice de ma pose arriva avant la fin des opérations. Presque voisine de la Loire, elle m'avait proposé sa salle de bain afin de me refaire un peu plus présentable, en dépit la sobriété de ma vêture. D'autres arrivèrent sur ces entrefaites : Christian et Martine du Liger Club et nous nous retrouvâmes sur une terrasse avant la douche pourtant indispensable.

Ce n'est que bien plus tard que je profitai enfin du calme et de la fraîcheur d'un appartement situé juste derrière l'une des anciennes tours de fortification de la ville. Je découvrais cet endroit et profitais de l'hospitalité d'une charmante dame qui me connaissait à peine. J'eus même le droit à un petit tour de machine à laver, un luxe déjà nécessaire.

Pendant ce temps la presse soit disant me cherchait sur le quai. On ne peut se fier à un client qui n'a pas de portable. La chose est avérée, je l'ai déjà expérimentée dans le passé. Les journalistes renoncèrent à mettre en lumière mes folies. Je n'en était guère fâché. Je crois que définitivement, je ne serai jamais prophète en ce pays ! Je fais tout pour, en tout cas …

Nous retrouvâmes Casimir, Catherine venus encore une fois prendre de mes nouvelles. Bertrand voguait sans moi, il était bougon car il découvrait l'abstinence. Plus de tabac ni d'alcool pour tois jours, de quoi vous mettre un capitaine bougon. Ajoutons qu'il était devenu depuis deux jours le standardiste de ceux qui cherchaient à me joindre et vous imaginez l'état de notre homme. J'avertis ceux qui nous connaissent de cesser de l'appeler à mon sujet. Je dois assumer mes choix comme l'affirme Bibi, le sage ligérien !

Sophie fut rejointe par Chris, notre dame remarquable qui a porté la parole des femmes dans un périple de 27 000 km sur le transsibérien. Défense de l'eau, elle a tant à nous raconter de son aventure exceptionnelle que le repas au Girouet fut un bonheur, pour moi légèrement atténué par mon anxiété pour remonter sans lumière sur mon embarcation.

Je laissai les deux amies prendre le dessert, filai comme un mal élevé pour me mettre bien vite à la rédaction du billet du jour. Je ne sais si j'aurai le temps de me relire, ni si j'aurai assez de batteries pour aller au bout de ce travail. Je suis sans électricité, faut-il vous le rappeler ?

Demain m'attend une longue étape jusqu'à Beaugency avec deux passages délicats : le pont royal et les débris du vieux pont de Meung. C'est sans doute une formalité pour un kayakiste expérimenté mais je tremble à l'idée de me renverser avec mon ordinateur à bord, le seul lien que j'ai avec le monde. Je suis un angoissé qui se soigne en se lançant dans des défis impossibles. Ne me plaignez pas, c'est le moteur de mon existence.

Demain, je découvrirai les joies du camping. Il n'y a pas âme généreuse pour m'offrir un hébergement. J'espère un miracle d'ici là. Uniquement par facebook d'ailleurs puisque c'est mon seul lien épisodique avec le monde des gens à terre. À bientôt peut-être !

Inquiétudement vôtre.

 


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