15 jours à Figuig

par Beaz
samedi 15 mai 2021

Située à l'extrême-est du Maroc, à quelque 368 km au sud de Oujda, Figuig est une belle oasis, ou ville-oasis, où il fait bon de passer quelques moments, loin de toute sorte de pollution de grandes villes, y compris sonore et visuelle. 

Prendre un moyen de transport pour de longs trajets, pour moi n’est pas du tout un plaisir, mais plutôt une chose fatigante, ennuyante, et même presque insupportable, moralement. Physiquement, mon corps se fatigue aussi plus vite quand il reste enfermé dans un véhicule pendant des heures. Cependant, quand il faut prendre le car, il faut le prendre, tout simplement. Sans beaucoup hésiter, j’ai pris donc le car d’une agence au quartier la gironde à Casablanca, le 10 octobre 2019, direction Oujda.

À mon arrivée, presque à l’aube, je suis allé dans un café où je suis resté jusqu’après le lever du soleil, buvant ma tasse de café noir et lisant quelques pages de « L’art du roman », de Milan Kundera, pour aller ensuite chez mon frère, et dormir jusqu’à midi. L’après-midi c’était pour se balader dans les rues et les souks de cette ville que j’ai tant adorée, avant de prendre le lendemain matin, un autre car vers Figuig, ma ville natale.

À vrai dire, je n’ai pas l’habitude de dormir et mes yeux ne se fatiguent nullement de voir à l’extérieur d’autocar. Durant le trajet entre Casa et Oujda, on peut voir, même que c’est de moins en moins, beaucoup d'arbres, des fermes et des oueds, tandis que d’Oujda à Figuig, on ne voit qu'un immense espace désertique, tel une mer dont des montagnes lointaines sont des vagues remontant du bout d’un ciel bleu et clair. Un far West, dit-on, où on peut même, des fois, rencontrer un ancien train, des années de protectorat français, allant lentement sur ses rails pleines de sable, comme dans un film de western, au temps de la télévision en blanc et noire. 

À la fin de ce dernier trajet, d’à peu près cinq heure, en passant par des petites villes et villages, il y a en fin Figuig qui est, avec ses montagnes de tout côté et ses centaines de palmiers, telle une ile verte au milieu du désert.  

En y arrivant, et déposant mon sac à dos dans la maison de mes parents où il n’habitait plus personne, je suis allé chercher quoi manger, accompagnant l’un de mes proches dans sa voiture à un petit resto. Et c’était bien la première et presque la dernière fois où j’ai monté dans un véhicule, et où je suis allé manger ailleurs, durant tout ce voyage. Au lieu de rester enfermé sur les ronrons d’un moteur, j’ai toujours préféré marcher ou se balader à bicyclette, et au lieu de manger de n’importe quoi, j’ai toujours préféré préparé une marmite pleine de légumes, notamment des jardins. Rien n’égale le goût d’aubergines ou d’un piment d’automne. 

Je me suis beaucoup baladé à bicyclette, ayant dans la poche de mon jean un petit appareil photo. À part cet appareil, et quelques livres, je n’avais ni un smartphone, ni Internet, ni télévision. Déconnecté de tout, en vivant des moments plus vivants, près de palmiers, de l’eau et son murmure, du ciel clair, du coucher du soleil, des étoiles éclairés pendant la nuit, et cætera. 

De l’eau et des palmiers

 Si « l'Égypte est un don du Nil », comme disait Hérodote, Figuig est un don de Tzadert, la source la plus importante parmi plus d’une dizaine d’autres. Son eau irrigue la majorité des champs et des jardins à travers des bassins et des canaux, en un système d’irrigation très ancien, et qui témoigne d’un savoir-faire fabuleux chez nos ancêtres. . 

De tous les jardins et les champs de Figuig, il n’y a presque pas un seul sans palmiers, même que certains qui sont abandonnés à leur sort, ne gardent plus que quelques-unes des palmiers en état d'agonie. Estimée au début du siècle à plus de 300 mille palmiers, actuellement, ils ne sont que de 150 mille, ou moins ou plus je ne sais pas. Ce que je sais c’est qu’aux dernières années, et de plus en plus, des efforts sont déployés pour faire vivre les palmiers morts en plantant d’autres.   

J’ai tant aimé aller aux jardins, au petit matin comme à midi, mais surtout au moment de coucher du soleil. Dans ce moment, le ciel devient beaucoup plus agréable avec ses nuages de couleurs paradisiaques, un silence total règne, n’entendant que des petites voix des oiseaux s’apprêtant à dormir dans leurs nids, les palmiers accueillant la nuit avec fierté d’être toujours debout, l’air devient plus agréable à goûter pleinement. Dans ce moment comme dans tous les moments, rien n’égale l’odeur des jardins.

Des monuments et des traces

Avec une longue histoire remontante à des siècles av. J. – C., Figuig garde encore tant de monuments : des tours de surveillance, des marabouts, d’anciens minarets. Mais plus que ça, il y en a des dizaines d’autres qui ne sont pas nécessairement à la portée de tout le monde, mais sauf à ceux qui apprécient la beauté d’une trace quoiqu’elle est simple et peut-être d’une valeur matérielle minuscule, tel un canal d’irrigation passé à côté d’un mûr ruiné, des portes anciennes, des jarres, des matériels de tissage, etc. Bref, toutes ces traces qui témoignent d’une histoire et d’une culture. En effet, ce qui donne la valeur à un monument ce n’est pas nécessairement sa construction et son architecture, mais aussi et surtout son environnement et ce qu’il garde d’histoire. Que ce soit ce monument, un minaret ancien ou simplement une jarre ancienne, il a bel et bien une valeur importante, du moins symbolique.  

De quelques de ces traces, j’ai pris tant de photos. Une fois, passant par des petites ruelles, mon compagnon m’a proposé d’aller voir une maison d’hôte. Frappant alors à la porte de cette ancienne maison, une femme à la soixantaine à peu près, nous a ouvert la porte et accueillis avec un large sourire dans ses lèvres. Ce large sourire, bien accueillant m’a permis de prendre des photos qui m’inspirent à chaque fois que je les regarde, de parler un peu, en une sorte de réflexion, de ce qu’on a l’habitude d’appeler peut être à tort, le tourisme, et ça c’est un autre sujet. 

Dans ma tête, j’ai tant d’idées pour faire un récit de voyage de dizaines de pages, s’inspirant non seulement des photos que j’ai prises, mais aussi de celles d’un album que j’ai (re)trouvé à la maison et qui en le feuilletant tant de souvenirs sont émergés dans ma mémoire. Ce petit article n’est d’ailleurs, qu’une tentation de commencer à écrire ce récit.

Qui ne connait pas Figuig, ou voulant en savoir plus, il lui suffit de taper ce mot sur Google. Sur Internet, il y a pas mal de sujets sur cette ville-oasis, son histoire, sa géographie, son tourisme, etc., ce qui est du moins suffisant pour avoir une idée, pour peut-être un potentiel voyage de détente et de découverte d’autres lieux de la terre mère.


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