La condition des « petits vieux »

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vendredi 6 avril 2007

En quoi la condition des « petits vieux » a-t-elle été améliorée depuis l’augmentation de la vignette et la Pentecôte, qui devient journée de travail obligatoire depuis la canicule de 2003. Nous verrons à travers ce témoignage que quelque part dans nos campagnes, ces objectifs qui étaient censés améliorer l’assistance auprès de cette population demeure sans effet selon un documentaire diffusé sur la 3, des images assez choquantes qui suscitent une certaine perplexité en matière de prévention, notamment au sein des municipalités et organismes sociaux.

Un magnifique paysage ensoleillé du sud, un véhicule qui s’arrête et une dame qui en sort pour se diriger vers un restaurant. Interviewée par un journaliste, elle explique comment elle a pu accéder à la fonction d’huissier, elle qui n’était que secrétaire dans un cabinet d’huissier a pu concrétiser ses ambitions avec le concours de son employeur.

Celle-ci mène son enquête, elle demande à la restauratrice si elle connaît monsieur et madame Lambert, qu’elle poursuit pour une dette de 2 000 € relative à des livraisons de repas à domicile. Son interlocutrice lui indique la résidence de ce couple en ajoutant que ce sont des personnes âgées.

Arrivée au petit domicile des petits mauvais payeurs, elle a une image assez pittoresque d’un intérieur sombre, une petite femme âgée assise, un petit monsieur impotent, immobilisé sur un fauteuil roulant, pour ne pas dire une marionnette... Les pauvres gens n’ont plus toute leur tête, des mots cependant qui ne peuvent que provoquer un pincement au cœur lorsque la petite dame laisse échapper un « c’est pour l’héritage » innocent.

L’huissier s’adresse dorénavant à l’aide à domicile qui ne saisit pas très bien cette intervention, celle-ci écoute attentivement les raisons qui amènent son interlocutrice à demander de quels biens dispose le couple. Elle note tout en ne laissant rien au hasard, le nombre de pièces qui composent la maisonnette, les biens, malgré un cadre assez simple, des objets sans attraits ni la moindre extravagance.

L’aide à domicile évoque cependant un contact téléphonique avec le fils de ce petit couple endetté. L’échange verbal commence sous la tension, la révolte de l’interlocuteur qui fait allusion à certains « hommes politiques ». Sans doute avait-il ses raisons mais l’huissier n’entend rien, elle lui remet une date rendez- vous dans son cabinet afin de trouver un compromis.

Le jour de cette rencontre, on voit un homme usé, submergé par les problèmes et le travail, il ne perçoit qu’un petit salaire et tente d’aider du mieux qu’il peut ses vieux parents qui n’ont pour rente que 3 900.23 € par an, maigre revenu, difficile a croire je sais, mais c’est une réalité... Dans un élan que l’huissier dit « humaniste », elle contacte le juge en charge du dossier de ces créanciers à qui elle suggère « la mise sous protection » de ces petites gens...

Les petits vieux, qui sont ces petits pauvres vieux livrés à eux-mêmes ? N’avons-nous pas les souvenirs de « mamy qui fait des confitures ou papy dans son potager ? » Avant même d’en arriver à cette situation ? n’auraient-ils pas dû faire l’objet d’une attention particulière de la part des services sociaux de leur ville ? Et que sont les services sociaux ?

En principe, le lundi de Pentecôte aurait du dégager des moyens supplémentaires en faveur des personnes âgées après la canicule de 2003 en dehors de l’augmentation de la vignette. Mais quels moyens ont été mis réellement en œuvre, puisqu’on constate que cinq années après cette catastrophe, des personnes sont toujours livrées à elles-mêmes sans assistance et à l’abri du regard puisque, dans cet exemple, il s’agit bien d’habitants vivant à la campagne ?

Certes, des « personnes âgées » préfèrent encore de nos jours finir paisiblement dans leur maison, mais n’est-il pas possible d’envisager la mise en place de visites régulières auprès d’eux afin de prévenir tout dérapage ou situation qui mènent à celle que je viens de décrire.

Combien de personnes sans assistances seraient bien plus à l’abri de cette problématique si elles avaient des moyens décents d’accéder aux maisons de retraites dont les tarifs ne cessent d’augmenter.

Mon amie a pris l’autoroute aujourd’hui pour le Pas-de-Calais, alertée par le personnel de la maison de retraite où réside sa maman âgée de 73 ans.

Il faut d’autant évoquer que ces régions que sont le Nord-Pas-de-Calais regroupent des habitants assez peu soucieux de leur santé, tant les problèmes relatifs à la vie de tous les jours dominent.

Afin d’accéder à cette maison de retraite, la mère de mon amie eut recours à un organisme de crédit mais les mensualisations n’ayant pu être honorées dans les délais prévus, elle a fait l’objet de poursuites. Elle n’a pour budget que 80 € par mois afin de subvenir aux besoins de premières nécessités, sans omettre que, atteinte de diabète de type 1, ce maigre revenu ne peut assurer que le repas du midi, malgré une hygiène alimentaire très stricte qu’impose cette maladie.

Il faut aussi noter que dans le cadre des soins, la prévention est quasi inexistante, un infirmier qui, au quotidien se rend auprès de cette dame pour ses injections d’insuline, a contacté son médecin il y a deux jours après avoir repéré une coloration rougeâtre des pieds de la dame.

Le médecin a fait son travail et a renvoyé le mal à un bilan de santé à effectuer le 30 avril, mais ce jour-même, mon amie en larmes a pris le chemin qui mène au centre hospitalier où sa maman été transportée en urgence.

http://www.bayrou.fr/propositions/retraites.html

Mais le cœur du débat sur « la retraite » ne fait que centrer les moyens d’obtention et en occultant les conditions de vie des retraités ...

http://www.lesmaisonsderetraite.fr/maisons-de-retraite/la-tarification.htm

http://www.humanite.presse.fr/journal/1999-05-27/1999-05-27-290236

http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/210604_maisonretraites_r.htm

J’ai choisi ce poème de Victor Hugo pour illustrer mon article juste parce que quelque part, nous sommes « le printemps, l’été ou l’automne de cet hiver »...

LE VIEILLARD CHAQUE JOUR DANS PLUS D’OMBRE S’EVEILLE

Le vieillard chaque jour dans plus d’ombre s’éveille ;

A chaque aube il est mort un peu plus que la veille.

La vie humaine, ce noeud vil,

Se défait lentement, rongé par l’âme ailée ;

Le sombre oiseau lié veut prendre sa volée

Et casse chaque jour un fil.

Ô front blanc qu’envahit la grande nuit tombante,

Meurs ! tour à tour ta voix, ta force succombante,

Ton oeil où décroît l’horizon

S’éteignent - ce sera mon destin et le vôtre -

Comme on voit se fermer le soir l’une après l’autre

Les fenêtres d’une maison.

Victor HUGO 1878


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