Lutte contre le réchauffement climatique : irréaliste… inéquitable… ce sera donc sans moi ou presque !

par Claude Bernard
mercredi 31 mai 2023

Les mesures et les efforts demandés afin de lutter contre le réchauffement climatique sont encore peu parlants pour la majeure partie des individus. Aussi il est instructif pour chacun de faire l'expérience du calcul de son bilan carbone personnel. Essayez !

Je viens d’entendre J.M. Jancovici…Il ne croit pas que nous puissions avant longtemps remplacer nos 40 millions de véhicules essentiellement thermiques par des véhicules électriques. Il évoque aussi et entre autre la nécessité vraisemblable de créer une sorte de crédit de 4 à 5 voyages en avion à valoir sur…l’existence entière de chaque individu. Il prône également de privilégier l’usage du train. Louable voire envisageable que tout ceci.

Je connais peu et mal l’ensemble de son argumentaire quant à la problématique des mesures à mettre en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique, et ce n’est pas le but de mon propos. Je le rejoins cependant sur une sorte de doute ou de constat qu’il laisse transparaître : les mesures vont être longues et difficiles à mettre en place, et sans doute fortement assorties de coercition et de contrôles, sachant que le plan gouvernemental fait reposer 25% des efforts sur les citoyens (face aux 50% demandés à l’industrie et aux derniers 25%, demandés à l’état si je ne me trompe pas).

Ceci vient éclairer une expérience faite il y a quelques jours. Je me suis « amusé » à calculer mon empreinte carbone sur l’un des sites de référence conçus à cet effet.

Si je me souviens bien, j’avais au départ une sorte de « handicap » d’environ 8,4 tonnes de CO2 annuel correspondant à la moyenne référence actuelle de chaque individu en France.

J’ai donc répondu le plus honnêtement possible au questionnaire portant notamment sur les voyages, l’habitat et le chauffage, la nourriture, l’habillement etc…

Depuis plusieurs années j’ai modifié mon mode de vie et fait pas mal d’efforts pour réduire cette empreinte, sans jamais la chiffrer, en pensant surtout à l’avenir des enfants. J’ai divisé par près de 3,5 mon kilométrage annuel, passant de 20000 à 6000 km, dans un vieux diesel il est vrai. Mais quand même, j’estime que c’est un bel effort. Je ne m’autorise que 2 déplacements longue distance en été : un pour les vacances dans un village sans commerces et par ailleurs désert médical, l’autre pour aller voir la famille. Tous mes autres déplacements sont effectués à pied, sauf 60 km par mois pour 1 déplacement hebdomadaire au supermarché.

Coté chauffage, je ne me chauffe plus car je vis dans le sud. Mais là-aussi bel effort, puisque je passe 3 ou 4 mois avec 17° dans un petit appartement. Et 17°, ça n’est vraiment pas chaud, même avec de gros pulls et un bonnet !

Pour faire vite, sur les autres postes : 2 ou 3 fois de la viande par mois, rien pour l’habillement depuis longtemps, pas d’animal de compagnie etc…etc…Bref, un entraînement à la vie monacale bien peu attractif pour beaucoup. Je les comprends volontiers.

A ces différents postes la simulation rajoute une sorte de forfait correspondant à la consommation de biens et services publics estimée à environ 1,6 tonne de CO2/an pour chaque citoyen. Vous entendez ça, vous qui vivez dans des déserts sans services de soins ni services publics ? On ne vous fait crédit de rien !

Résultat des courses ? Mon empreinte carbone s’élève à 5,7 tonnes par an. Et.. ?

Je me croyais bien placé par rapport aux 8,4 tonnes du départ, eh bien que nenni ! J’ai découvert avec stupeur que j’avais encore beaucoup d’efforts à accomplir car « on » me fixait un objectif optimal à atteindre : 2 tonnes de CO2 par an ! Tu entends mon coco ? Tu dois encore diviser par plus de 2 tes consommations, et au plus vite s’il te plaît !

Heureusement le hasard est complice et taquin, et je crois que nous avons, que nous aurons intérêt à lui laisser sa part : il est venu me tirer de mon embarras et de ma perplexité en me faisant découvrir le bilan carbone d’un champion bien entraîné, un SDF, oui un SDF, un vrai modèle, quelqu’un n’ayant donc ni charges, ni voiture, ni chauffage, quelqu'un changeant rarement de garde-robe et mangeant rarement de la viande. Il est vrai, ce modèle que le hasard moqueur me faisait rencontrer est un SDF américain orienté Californie me semble-t-il.

Alors, il en était où lui, ce modèle à ne pas perdre de vue, voire ce rival à envier ?

Le bougre, il ne se refusait rien ! Il en était à près de 9 tonnes/an !

Alors là les amis, si c’est comme ça, c’était et c’est vite vu, plus besoin de s’en faire au niveau du type lambda que je suis, et pas question de m'encombrer la conscience en ayant pour repère et pour but le niveau de vie d’un SDF même américain : la lutte contre le changement climatique ce sera sans moi, ou plutôt aux conditions que j’accepterai de m’imposer avec lucidité ! En faisant confiance à la puissance de la vie, à la richesse de la nature, à la solidarité sereine et bienveillante, à l'inventivité de l'homme et….au hasard taquin ! Une sorte de sagesse clairvoyante, tranquille et frugale, dans une liberté respectée et respectueuse. Sans se laisser parasiter, miner ou contaminer l'âme et l'esprit.

Claude Bernard

PS : Les efforts à hauteur de 25% que le gouvernement envisage de demander aux citoyens semblent devoir être raisonnablement ramenés à moins de 10% pour la majeure partie de la population. Une sorte d'impôt inversé sur l'infortune pour les plus démunis en quelque sorte. Sauf bien sûr pour les CSP+ et tous ceux qui encombrent autoroutes et aéroports au moindre long week-end ou dès qu’arrivent les vacances.

 


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