La bonnette sur le micro

par C’est Nabum
lundi 6 mai 2024

 

Un prépuce en mousse.

 

Chacun sait que pour éviter le souffle du vent mauvais, il est prudent de poser une bonnette sur le microphone. Que d'aucun, voulant faire de l'esprit nomme ce petit capuchon, « le prépuce », relève certes du manque de finesse mais ne mérite pas de les mettre à l'index. On devine ici l'envie de faire capoter la liberté d'expression en cas de tempête, en cadenassant tous les propos qui ne vont pas dans le sens de la ligne officielle.

Manger son chapeau ou sa bonnette est souvent une nécessité quand les garants de la liberté d'expression ont d'abord le souci de ne pas faire de vague tout en flattant l'opinion publique dans le sens d'un poil de plus en plus raide. Il est clair que la dérision et l'humour noir ne sont plus perçus par un public et des donneurs d'ordre toujours sur le fil du rasoir.

Le trait d'esprit n'a plus sa place dès qu'il s'agit d'écorner un grand de ce monde, surtout s'il est ami du Monarque. La saillie en la matière pouvait parfaitement se passer d'un prépuce, lequel mettait le doigt sur un point sensible de l'actualité brûlante. Pour se préserver de tels dérapages, le plus simple étant non seulement de calfeutrer les microphones mais surtout d'interdire d'antenne tous ceux qui ont encore un tant soit peu d'humour.

Faites l'humour pas la guerre, avec ou sans prépuce aurait pu déclarer Guillaume Meurice à qui on a coupé l'antenne pour ce mot qui fait tache. La castration est de mise en période électorale surtout quand le pouvoir en place plonge dans les bas-fonds des sondages. Remarquez que j'évite d'évoquer en la circonstance la coloscopie qui pourtant illustrerait plus précisément la situation de l'heure.

Rien donc en dessous de la ceinture au moment même où le gouvernement redoute un retour de flamme. Mince, encore un mot qu'il convient d'éliminer du vocabulaire satyrique au risque de se brûler les ailes et de se voir clouer le bec. La Liberté, prônée sur les édifices publics devra attendre patiemment la fin de la trêve olympique pour éclairer à nouveau les quelques consciences lucides de cette nation.

Dans le passé, l'autodafé venait condamner au silence ceux qui prenaient leur plume pour émettre des pensées qui n'étaient pas perçues comme conformes. Avec la Renaissance des bûchers de l'inquisition politique, la radiodafé sera de mise avant la mise en place de la surveillance globale, de la délation permanente et de la censure à tout va.

Le galop d'essai de la pandémie a permis de montrer à quel point la nation est prête à supporter ce type de traitement sans broncher ni même relever le petit doigt. La promesse d'une prochaine guerre doit émoustiller le Prince qui va nous faire une petite érection, avec ou sans prépuce, lorsqu'il relancera un État d'urgence en clouant les opposants au pilori à défaut d'une croix qui pourrait elle aussi être mal interprétée.

Pendant que Meurice gravit son Golgotha avec une bien faible solidarité de ses collègues, notre Ponce Pilate du Palais se délecte de ses provocations toutes plus honteuses et dénuées d'humour dans la perspective d'une quinzaine olympique proche de devenir une pochade honteuse, onéreuse et grotesque. Mais là, personne ne vient se dresser contre les agissements d'un personnage qui depuis belle lurette, ne fait plus rire personne, si ce n'est les agences de notation internationales qui perçoivent bien mieux que nous la future banqueroute de la France.

La censure s'impose dans un tel contexte et plutôt que de placer des bonnettes très épaisses sur les microphones, autant les couper définitivement en remplaçant le service public de l'audiovisuel par un Radio Paris renaissant de ses cendres.


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