« Qu’i·elle est artificiel·le ! »

par
vendredi 4 mai 2018

Un terme a disparu des bouches, relatif aux modes & autres tendances : c'est le jugement négatif artificiel·le. C'est-à-dire qu'on jugeait quelqu'un·e artificiel·le, quand i·elle en faisait trop, manquait de naturel. Et ne croyez pas que faire naturel n'est pas artificiel ... au contraire, il y a toute une recherche d'« authenticité » parfaitement inauthentique.

 

Bon. Nous vivons à l'heure de la comm' généralisée, des techniques néo-managériales appliquées en politique même (parti de LREM en tête de cortège), des magazines retouchés Photoshop, et évidemment des effets numériques dans toutes les vidéos ou presque, etc.

C'est-à-dire que nous vivons à l'heure de l'artificialité généralisée.

Ce 26 avril encore, le gentil Stromae proposait une vidéo, dans laquelle on assiste à un défilé de mode extrêmement artificiel dans la démarche, artificialisé. Les paroles sont édifiantes, critiquant le conformisme, le mimétisme des masses (visuellement surtout), et pour ainsi dire ce « stylisme » qui règne (comme on dit de quelqu'un·e qu'i·elle est stylé·e) façon Ken-Barbie-Sourire-Freedent, jusque dans la communication olympienne d'Emmanuel Macron et sa Brigitte.

D'ailleurs, en insistant sur la notion de marche, déclinée en bien des façons (filer droit, marche ou crève, etc.) Stromae semble même critiquer ledit parti présidentiel, qui ne respecte même plus - et ouvertement - la représentativité députative, puisqu'il attend managérialement de ses député·es qu'i·elles « en soient ou pas », dans une sorte de parodie christique : « Qui n'est pas avec moi est contre moi » ... complètement hors la loi, non-républicain, dans la démarche (« Dans un monde complètement renversé, le vrai est un moment du faux », disait intelligemment Guy Debord, dans la Société du spectacle - spectacle intégré, dans laquelle nous sommes au point de ne plus nous connaître, ni connaître véridiquement nos principes).

Bref. L'artificialité règne, ce n'est même plus à proprement parler une mode ni une tendance, mais un fait de société. C'est-à-dire qu'être in est proprement sociétal : « Tu en es ou pas, les absents ont toujours tort, et fais tout pour y rester, quitte à flétrir ton authenticité réelle, pourvu que tu fasses naturel. » Par exemple, sur ta page Facebook, ou Instagram.

Cela se voit depuis un moment, dans les architectures simili-écologiques que servent les devantures telles que le MacDonald verdi peu après le coup médiatique du premier José Bové, par exemple. Mais l'écologisme commercial va bon train, qui met strictement en façade une « éco-citoyenneté responsable » parfaitement artificielle, puisque sur le fond les modes de production n'ont pas varié d'un iota.

Donc :

... c'est la publicité qui vous le dit, artificiellement, à des fins non-naturelles. Il y a là des messages schizophréniques. Mais, là où nous n'avions pas terminé notre propos sur le gentil Stromae, c'est que la critique d'un tel monde elle-même, cherche derrière à vendre sous Mosaert, anagramme de Stromae : c'est l'artificilaité qui vous dit qu'elle est artificielle, mais qu'il est naturel de l'aquérir pour être naturel, bien que ça ne soit jamais que faire naturel.

Quel vertige, quel étourdissement. C'est the Great Gatsby pour tous.

Alors, elle est pas « belle », la « vie » ?

Mal' - LibertéPhilo

 


Lire l'article complet, et les commentaires