La guerre USA-Angleterre-UE contre Chine-Russie-Inde-Pakistan etc,
par politzer
mardi 27 mai 2025
ou un monde multipolaire ?
Le déclin économique des États-Unis, souvent qualifié de « chute de l’empire américain », alimente un débat brûlant : face à la montée de puissances comme la Chine, la Russie, l’Inde ou le Pakistan, les États-Unis et leurs alliés (Royaume-Uni, Union européenne) pourraient-ils recourir à une guerre pour préserver leur hégémonie, comme certains empires l’ont fait par le passé ? Ou la logique historique et les réalités modernes les pousseront-elles vers un monde multipolaire, où le pouvoir est partagé ?
Einar Tangen, analyste géopolitique et Senior Fellow à l’Institut Taihe, offre des clés pour comprendre ce tournant historique dans son intervention "Economic Decline & Death of the American Empire" (18 mai 2025). En explorant les guerres des empires déclinants, les dynamiques actuelles, et les alternatives à un conflit global, cet article évalue pourquoi un monde multipolaire est plus probable qu’une guerre cataclysmique.
1. Le déclin de l’empire américain : une crise structurelle
Einar Tangen décrit le déclin américain comme « irréversible », ancré dans des failles internes. La dette nationale dépasse 37 000 milliards de dollars, avec un ratio dette/PIB de 130 %, érodant la confiance dans le dollar (Universalis.fr).
La désindustrialisation a réduit la part manufacturière à 12 % du PIB, contre 30 % pour la Chine, qui domine la production mondiale (World Bank).
La polarisation politique paralyse toute réforme, laissant les infrastructures s’effondrer tandis que la Chine construit des trains à grande vitesse (China Daily).
La part du PIB mondial américain, tombée de 40 % dans les années 1960 à 24 % en 2025, contraste avec les 16 % de la Chine, signe d’un basculement historique.
Tangen souligne que les États-Unis tentent de ralentir la Chine par une guerre économique—tarifs, sanctions, interdictions technologiques (Huawei)—et une militarisation (AUKUS, mer de Chine méridionale). Mais ces stratégies échouent face à la résilience chinoise et aliènent les pays neutres, renforçant les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et le Sud global. Sur X,
@Glenn_Diesen (interviewer)
() note que Tangen voit ce déclin comme une « perte de confiance et de pertinence mondiale », accélérée par l’incapacité à se réformer.
2. Guerres des empires déclinants : une logique historique ?
L’histoire montre que les empires déclinants, confrontés à une perte d’hégémonie, ont parfois choisi la guerre pour retarder l’inévitable, mais pas toujours. Examinons deux cas :
a) Empire romain : la guerre comme réflexe
Vers le 4e siècle, Rome, minée par la corruption, l’endettement, et les divisions internes, a multiplié les campagnes militaires contre les « barbares » pour sécuriser ses frontières (Wikipedia, « Decline of the American Empire »). Ces guerres, coûteuses et souvent infructueuses, ont épuisé les ressources et accéléré l’effondrement. La « logique historique » ici était de compenser les faiblesses internes par la force, mais cela a précipité la chute.
b) Empire britannique : une transition sans guerre majeure
Au début du 20e siècle, l’Empire britannique, affaibli économiquement face à la montée des États-Unis et de l’Allemagne, a participé à la Première Guerre mondiale, mais son déclin s’est concrétisé après 1945 sans conflit direct avec les nouvelles puissances (The Nation). Le Royaume-Uni a cédé l’hégémonie aux États-Unis via une transition pacifique, facilitée par des liens culturels et économiques (Commonwealth, accords de Bretton Woods). Ce cas montre qu’un empire peut accepter un rôle réduit sans recourir à la guerre, surtout dans un contexte d’interdépendance.
D’autres exemples, comme l’Espagne au 17e siècle, montrent des guerres coûteuses (contre les Pays-Bas, la France) qui ont accéléré le déclin, tandis que la France napoléonienne a tenté de restaurer sa grandeur par des conquêtes, en vain.
La théorie du « piège de Thucydide » (Destined for War, Graham Allison) soutient que les puissances déclinantes craignent les puissances montantes, menant à des conflits dans 12 des 16 cas historiques étudiés. Mais la mondialisation et les armes nucléaires d’aujourd’hui changent la donne.
3. Une guerre USA-UE contre Chine-Russie-Inde-Pakistan : plausible ?
L’hypothèse d’une guerre opposant les États-Unis, le Royaume-Uni, et l’UE à une coalition Chine-Russie-Inde-Pakistan (et autres BRICS) repose sur l’idée que les États-Unis, incapables de rivaliser économiquement, pourraient tenter une « conquête » militaire pour préserver leur empire. Analysons sa plausibilité.
a) Faiblesses américaines
Les États-Unis sont économiquement fragilisés : leur dette de 37 000 milliards de dollars et leurs déficits commerciaux limitent leur capacité à financer une guerre prolongée (Universalis.fr). Leur industrie, à 12 % du PIB mondial, dépend de la Chine pour les semi-conducteurs et les biens manufacturés (Indypendent). Politiquement, la polarisation empêche une mobilisation nationale cohérente, comme le note Tangen (TI Observer).
b) Parité militaire
La Chine et la Russie ont comblé l’écart militaire. La Chine dispose de missiles hypersoniques, d’une flotte navale rivalisant avec celle des États-Unis, et de capacités cybernétiques avancées (China Daily).
La Russie, avec son arsenal nucléaire et ses missiles, reste une menace majeure.
L’Inde et le Pakistan, bien que moins alignés, possèdent des armées conséquentes et des armes nucléaires. Une guerre contre cette coalition serait ingagnable sans pertes catastrophiques, comme le Pentagone le reconnaît (The Nation). Sur X,
@CartesDuMonde
() évoque un « suicide géopolitique » si les États-Unis s’engagent dans un tel conflit.
c) Interdépendance mondiale
Une guerre sino-américaine perturberait les chaînes d’approvisionnement (90 % des semi-conducteurs viennent d’Asie), provoquerait une récession mondiale, et risquerait une escalade nucléaire (Indypendent). Les alliés européens, dépendants du commerce chinois (par exemple, 20 % des exportations allemandes), hésiteraient à rejoindre un conflit (China Daily). L’Inde et le Pakistan, malgré leurs tensions, privilégient la neutralité ou les BRICS pour maximiser leur influence, pas une guerre globale.
d) Stratégie chinoise
La Chine, comme le souligne Tangen, « joue le long jeu ». Elle évite les conflits directs, renforçant son influence via la Belt and Road, les BRICS, et la dé-dollarisation (commerce en yuans avec la Russie, l’Inde) (China Daily). Une guerre nécessiterait une provocation majeure, comme une crise à Taïwan, mais la Chine privilégie la patience stratégique.
e) Faucons vs. réalistes
Certains « faucons » américains (think tanks néoconservateurs) prônent une ligne dure, voyant la Chine comme une menace existentielle. Des tensions à Taïwan ou en mer de Chine méridionale pourraient dégénérer. Mais les réalistes, y compris dans l’administration, savent qu’une guerre serait désastreuse. Tangen critique ces postures agressives comme « cautères sur jambes de bois », accélérant le déclin (CGTN).
4. Pourquoi un monde multipolaire est plus probable
Plusieurs facteurs rendent un monde multipolaire —où les États-Unis partagent le pouvoir avec la Chine, la Russie, l’Inde, et d’autres—plus probable qu’une guerre globale :
a) Coûts d’une guerre
Une guerre sino-américaine détruirait l’économie mondiale, y compris celle des États-Unis et de l’UE, dépendants de la Chine pour les biens et les matières premières. Les risques nucléaires et l’opposition des alliés (UE, Japon) dissuadent un conflit (The Nation). Tangen note que même les actions actuelles (sanctions, AUKUS) aliènent les partenaires, poussant les pays neutres vers les BRICS.
b) Transition historique
Comme l’Empire britannique a cédé l’hégémonie aux États-Unis sans guerre, les États-Unis pourraient accepter un rôle réduit dans un monde multipolaire. La montée des BRICS, représentant 40 % du PIB mondial d’ici 2030 (China Daily), force une redistribution du pouvoir. Sur X,
@RedPanda_Pie
() appelle à des réformes internes aux États-Unis, suggérant une adaptation plutôt qu’une confrontation.
c) Pression interne et externe
La polarisation américaine limite les options belliqueuses : une guerre nécessiterait un consensus politique improbable (The Creative Process). À l’international, l’UE et l’Inde cherchent à équilibrer leurs relations avec la Chine et les États-Unis, favorisant la coopération (Indypendent). La dé-dollarisation (20 % des transactions mondiales hors dollar en 2025) réduit l’influence américaine sans violence (China Daily).
d) Précédents pacifiques
L’histoire montre que les transitions de pouvoir peuvent être non violentes, comme entre le Royaume-Uni et les États-Unis. La mondialisation et les institutions (ONU, G20) offrent des cadres pour négocier un monde multipolaire, malgré les tensions (The Nation). Tangen soutient que la Chine préfère le commerce à la guerre, facilitant cette transition.
5. Conclusion
La « logique historique » suggère que les empires déclinants, comme Rome, peuvent recourir à la guerre pour retarder leur chute, mais l’Empire britannique montre qu’une transition pacifique est possible. Aujourd’hui, les États-Unis, affaiblis par une dette colossale, une désindustrialisation, et une polarisation, ne peuvent ni financer ni gagner une guerre contre une coalition Chine-Russie-Inde-Pakistan. Les coûts économiques, militaires, et géopolitiques, combinés à l’interdépendance mondiale et à la stratégie non belliqueuse de la Chine, rendent un monde multipolaire bien plus probable. Comme le dit Tangen, « l’empire américain s’effondre non pas à cause de la Chine, mais à cause de ses propres échecs ». La question n’est pas de savoir si les États-Unis perdront leur hégémonie, mais s’ils l’accepteront avec pragmatisme ou s’entêteront dans une résistance futile.