Les vrais crimes russes

par Jules Seyes
mercredi 8 mai 2024

Face au déchainement de la propagande anti russe issue d'un racisme trop souvent prononcé que nous devrions nous interdire, il est temps de nous demander pourquoi cette propagande trouve tant d'échos dans une société qui aurait dû avoir dépassé de tels préjugés !

La haine de l'occident envers la Russie a des racines profondes, complexes et parfois justifiées même si au XXè siècle nous devrions être passés dessus.

La Russie, en termes géographique, c’est tout d’abord le territoire des peuples de la steppe qui ont ravagé l’empire romain, on se souviendra de la ruée d’Attila.

De même les invasions mongoles, celles des turcophones qui sont parvenus en Europe de l’est.

Rome avait échoué à pacifier les territoires au nord du Danube. La civilisation occidentale s’est petit à petit étendue sur ces territoires avec les chevaliers teutoniques, les royaumes danubiens Prussiens, Polonais.

La Rous de Kiev appartient à ce grand mouvement qui voit les territoires des nomades reculer au profit d’une civilisation agricole. Seulement, si la distance protège désormais l’Europe occidentale les nomades et leurs raids demeurent une nuisance, voire une menace existentielle, pour les peuples de l’est.

L’invention de la poudre à canon donnera seule aux peuples Européen la capacité de repousser les nomades loin du cœur de leurs territoires.

La Chine par exemple ne connaitra pas cette sécurité et sera conquise par les Mongols. La construction de la muraille de Chine s’avérant incapable d’enrayer les invasions.

Voilà la première cause de cet imaginaire collectif hostile à la Russie.

 

Plus tard nait la Rous de Kiev qui deviendra la Moscovie et les Russes naissent comme un peuple. Ils ont deux adversaires : Les turcophones au sud et les peuples de la steppe à l’est. La prise de Kazan écarte cette dernière menace, mais la colonisation de l’est vers la Sibérie ne se fait que les armes à la main face aux raids ce qui ajouté aux conditions de vie difficile explique la faible densité de population dans la région.

Au sud, la situation est plus complexe. Français et anglais rêvent des richesses de l’orient incarné par le Nil et les deux bassins du Tigre et de l’Euphrate. Porteurs de civilisations millénaires ils sont dans le sillage de la conquête du monde arabe par les Turcophones des dominion de la sublime porte.

Moscou les revendique par sa reprise de la rhétorique de la troisième Rome comme héritier de la puissance Byzantine. Cette revendication conduira la Russie à intervenir contre la France durant les guerres napoléonienne. Mauvais calcul, Napoléon liquide les Anglais bien conscients de la chute à venir de l’empire Ottoman réprimeront les ambitions russes pour préserver le bilan. Ils eurent raison, ils ont ramassé le butin au moyen orient après la WWI grâce à Laurence d’Arabie.
Seulement, cette politique a exigé un siècle à brider les ambitions russes contre l’empire Ottoman avec la guerre de Crimée. Là encore des affrontements de telle durée, même si leurs motivations sont condamnables s’imprègnent dans l’âme des peuples.

La Russie s’étendra donc à travers la Sibérie faute de pouvoir accéder facilement aux mers chaudes et le détroit des Dardanelles restera un verrou bloqué encore aujourd’hui[1].

En face, les anglo-saxons rêvent de prendre Sébastopol, ambition frustrée et toujours d’actualité, là encore, la haine perdure.

 

Épisode suivant, 1905, pas de chance, les Russes se retrouvent face aux Japonais qui viennent de réaliser la révolution meiji. Ceux-ci, frustrés par le mépris occidental suivent le conseil de Bismarck : « Ayez une armée puissante ! »

Message reçu et la Russie va se trouver en Mandchourie sur le chemin des ambitions japonaises. Inutile de pleurer toutes les larmes de votre corps, ce fut l’affrontement de deux impérialismes sur les dépouillent de la Chine !

La Russie, malgré ses réserves en hommes perd face au Japon dont l’armée, proche de ses bases dispose d’un soutien logistique solide et donc l’emporte. Imaginez-vous dans le monde de 1900 où l’homme blanc triomphe l’impact moral d’une défaite face à une puissance asiatique ?

L’occident déroge et c’est inacceptable alors, on ressortira la thématique de la Russie asiatique pour éviter de reconnaitre une défaite l’occident et rétablir l’égo exigera de fortes doses de mépris envers la Russie coupable d’avoir perdu contre les « Jaunes ».

La Russie se retrouvera aussi en grandes difficultés durant la guerre suivante et la première guerre mondiale servira à justifier les préjugés sur les mauvaises performances russes.

Tout n’est pas faux, la Russie paie la faiblesse de son secteur industriel et désolé, un homme ne vaut pas un homme. Sa puissance est sublimée par les armes et les munitions mis à sa disposition, un encadrement qualifié et le système tsaristes a soit échoué soit s’est retrouvé pris en pleine transition et il a échoué à armer correctement ses troupes. Ces mauvaises performances expliquent une partie du préjugé qui transfère les facteurs matériels sur la qualité des hommes.

 

Glissons mortels, n’appuyons point et passons au crime russe suivant : Le communisme : On connaît tous l’origine, les Allemands pour se débarrasser de la Russie qui tout de même lui consommait des troupes ont décidé de déstabiliser le pays. La suite fut après un certain nombre de soubresauts la révolution Bolchevique qui mit en place le marxisme dans ce pays.

Histoire tragique, la Russie connaissait les famines, elle paiera un prix humain terrible durant la guerre civile. Ensuite, elle s’attaquera à l’industrialisation et en une génération transformera un pays du tiers monde en une puissance industrielle majeure. Bien sûr on vous rappellera le prix terrible des répressions staliniennes, mais mesure-t-on bien la violence du mouvement des enclosures en Grande Bretagne ? Les prisons pour pauvres, les famines en Irlande[2]. L’Iran, pour avoir tenté une telle manœuvre a connu une révolution.

Alors, il est difficile de savoir si le prix terrible payé par le pays était nécessaire, mais l’URSS est sortie du tiers mondisme et a fait sa mue pour devenir un pays moderne.

Seulement, elle l’a fait, avec horreur, malheur, un système politique nommé communisme. Certes la nomenclatura pourrissait le système avec une consommation digne de la bourgeoisie, mais cela restait un contre modèle à supprimer. Mission accomplie en 1989 et il conviendra de bien le faire comprendre aux russes, tout comme aux peuples occidentaux.

THERE IS NO ALTERNATIVE !

 

Seulement, vingt ans après 1989, l’occident libre de toute contrainte a pressuré ses peuples et le reste du monde. Il a semé la mort et la terreur au moyen orient et face à cela la Russie vient assister le gouvernement Syrien.

La Russie se rebiffe et une fois de plus propose un contre modèle où le pouvoir s’allie avec son peuple pour se défendre mutuellement. Certes, elle tentera de se faire un modèle civilisationnel et celui-ci comporte trop d’éléments issus des modèles traditionnels pour totalement convaincre. Pourtant, une fois de plus, la Russie ose proposer une solution aux errements occidentaux et cette fois-ci, elle le fait dans un temps où l’occident s’interroge[3].

 

[1] Impossible de baser des porte-avions de classe Ford à Sébastopol par exemple, les traités interdisent leur passage par les détroits !

[2] Bien sur, les ukrainiens, avec leurs délire de persécutions s’inventerons leur petite famine privée menée contre eux, les exceptionnels. Désolé, la famine des patates en Irlande, les famines en Chines, nombre de famines en URSS sont aussi graves. Seulement, dans un monde de victimisation ils avaient besoin de leur petit drame personnel.

[3] Mais les crises de l’occident ce sera l’objet d’un autre article.


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