C’est aux défavorisés que Jean-Luc Mélenchon pose problème

par Alain Alain
mardi 30 avril 2024

Et c’est parti dans les média déchaînés : Mélenchon compare le Président de l’université de Lille au nazi Eichmann, bla, bla, bla…

Lundi 18 avril 2024 à Lille, Jean-Luc Mélenchon tient sa conférence sur la Palestine dans la rue puisque le Président de l’université lui a interdit de la tenir dans ses locaux.

À ce propos il déclare :
« “Moi je n’ai rien fait”, disait Eichmann. “Je n’ai fait qu’obéir à la loi telle qu’elle était dans mon pays”. Alors, ils disent qu’ils obéissent à la loi et ils mettent en œuvre des mesures immorales qui ne sont justifiées par rien ni personne ».

Et c’est parti dans les média déchaînés : Mélenchon compare le Président de l’université de Lille au nazi Eichmann, bla, bla, bla…
Même la ministre de l’Enseignement supérieur s’y met : « les propos de Jean-Luc Mélenchon […] c’est une injure publique ». « Mon ministère va porter plainte pour injure publique devant un agent public ».

Le 29 avril, Jean-Luc Mélenchon répond à la ministre sur X, ex Twitter : « Madame la ministre, je n’ai pas traité de nazi le président de l’Université de Lille. Je ne pense pas qu’il le soit. Sinon je le dirais sans peur de vos plaintes. J’ai dénoncé l'exemple de sa lâcheté qui conduit au mal comme l’a décrit Hannah Arendt. À votre tour, vous faites diversion pour vous défausser de vos responsabilités dans la défense des libertés universitaires. Qui a menacé de faire du désordre pour faire interdire notre conférence ? Pourquoi le président de Région a-t-il exigé que je sois interdit de parole dans toutes les universités ? Pourquoi la députée Renaissance de Lille a-t-elle appelé au désordre contre nous ? Votre action en justice est une diversion sans objet pour faire parler de vous et faire oublier le crime que nous combattons : le génocide des Palestiniens. »

Dans l’émission Bonjour chez vous sur LCP du 29 avril, la présentatrice Oriane Mancini et le journaliste du groupe EBRA (Est Républicain, Le Progrès, Le Dauphiné, etc.), Fabrice Veysseyre de Redon reçoivent Manuel Bompard député de la France insoumise.
Dés le début, ils l’agressent sur ce qu’ils considèrent comme ne pouvant être qu’une nouvelle injure inacceptable proférée par Jean-Luc Mélenchon.

Calmement le député leur explique que ce n’est qu’une référence à la célèbre philosophe juive Hannah Arendt qui a défini le concept de la « banalité du mal » dans son livre Eichmann à Jérusalem dans lequel elle essaie d’analyser le comportement du nazi qui prétend ne pas avoir pu faire autrement qu’obéir aux ordres en respectant la loi de son pays.
Franchement mais je peux me tromper, à l’expression de leur visage j’ai l’impression qu’ils ne savaient pas de quoi on leur parlait.

C’est là le problème Mélenchon !
Il a une connaissance de l’histoire politique impressionnante bien au-dessus de celle des autres politiciens, acteurs médiatiques, pseudo intellectuels…
L’interdiction qui lui a été faite peut en effet relever de la censure car manifestement ce n’est pas la décision du président d’université seul. Sinon pourquoi avoir attendu la veille pour la prendre ?
Avec sa grande culture, que lui évoque cette attitude : « la banalité du mal », Hannah Arendt, Eichmann.
Il peut se dispenser d’y faire allusion. Mais non, il y va.
Comme le fameux : « la République, c’est moi ! » Bien sûr que pour lui, la république ce n’était pas Jean-Luc Mélenchon, mais le député de la Nation élu.

Pense-t-il qu’il soit nécessaire d’être de la trempe d’un Louis Aragon, Paul Éluard, Jean Jaurès pour éclairer le peuple ? Sans doute, vu ses inimitables harangues et tirades.
Comme pour Victor Hugo, il croit que : « La liberté commence où finit l’ignorance. »
Comme Nicolas de Condorcet, il croit que : « Un peuple républicain ne sera vraiment libre et souverain que si la raison savante devient populaire. »
Alors brillant orateur, il ne se prive pas de déclarations de haute tenue certes mais clivantes, desquelles malheureusement ceux qui ont vraiment besoin de lui, n’en tirent aucun bénéfice.
Au contraire, la vraie gauche se divise, s’enfonce, anéantissant progressivement leurs espoirs. Ceux pourtant revitalisés par les paroles du même tribun il y a un an.

D’autres, récupérant les déçus de Macron, les opportunistes virevoltants, les revanchards de la vieille gauche dite de gouvernement, les socio-démocrates Hollande 2ème, Glucksmann et consorts, rêvent alors de reconquérir le pouvoir après avoir définitivement enterré la NUPES.

À la suite des Mitterrand : « dans les meetings, jadis, j'expliquais que 2 x 2 égale parfois 5. Quelquefois, lorsqu'on se trompe, ça peut faire 3. »
À la suite de Jospin : « L'état ne peut pas tout, il ne faut pas tout attendre de l'État et du gouvernement. »
À la suite de Hollande 1er : « Mon véritable adversaire, c'est le monde de la finance. » Non seulement ils continueront d’abandonner les plus défavorisés mais ils continueront à nouveau de leur rendre la vie plus difficile.

L’espoir vient désormais d’ailleurs, un faux espoir certes mais celui auquel les désenchantés veulent croire : parce qu’eux on ne les a pas essayés, alors peut-être, alors pourquoi pas ?
Et parce que ceux-là leur parlent de leurs malheurs avec des mots simples.

Jean-Luc Mélenchon n’a plus les mots simples et flamboyants avec lesquels il a guidé, défendu, ré-enchanté, fédéré beaucoup de ceux qui n’avaient plus d’espoir.
Qui en pâtit ? Les défavorisés.


Lire l'article complet, et les commentaires