Les fonctionnaires, ces travailleurs mal-aimés

par Sandra
lundi 15 mai 2023

 

A-t-on raison de critiquer les fonctionnaires ?

Fonctionnaire. Avouez, quand quelqu’un vous dit qu’il est fonctionnaire, vos yeux ne brillent pas d'admiration. Non, les clichés suivants ont plutôt tendance à faire surface : fainéant, trop payé, pas qualifié, et j’en passe. Alors, oui, comme dans toute entreprise, certains se font un point d’honneur à répondre à ces critères. Après tout, une réputation, ça se mérite ! Heureusement, ce n’est pas le cas de la majorité des fonctionnaires : hôpitaux, forces de l’ordre, collectivités locales, tribunaux, etc. Tout partirait à vaux l’eau, même si, nous sommes d'accord, tout n’est pas rose. Faisons un état des lieux des principaux clichés pour les démonter… ou pas. 

La réputation des fonctionnaires : des travailleurs qui ne travaillent pas vraiment

C'est bien connu, un bon fonctionnaire n'est pas fatigué. Ses journées sont courtes, agrémentées de pauses-café régulières. Son travail n'est pas bien compliqué, n'importe qui peut le faire. Il est très souvent en vacances. Il est relativement bien payé, surtout au vu de sa charge de travail. 

Alors, oui, c’est vrai, les fonctionnaires sont davantage en arrêt que les salariés du privé. Une des raisons est la différence du nombre de jours de carence. Lorsqu’un salarié du privé prend un arrêt maladie, trois jours sont ôtés de son salaire. Pour un fonctionnaire, seul un jour est défalqué. Les salariés du privé avouent réfléchir à deux fois avant d’aller voir leur médecin. 

Selon les administrations, le régime horaire d'un fonctionnaire varie entre 35 heures et 37 heures 30. Les agents effectuant plus de 35 heures par semaine, sont payés 35 heures. Au-delà, ils bénéficient des fameux R.T.T. (réduction de temps de travail). Et voilà donc la raison pour laquelle ils sont toujours en vacances !

D'autre part, certains services, les tribunaux notamment, pratiquent les horaires variables. Il existe des plages horaires fixes et des plages horaires variables. Je m'explique par un exemple. Les plages fixes vont de 9 H 30 à 11 H 30 et de 14 H à 16 H. Votre présence y est obligatoire. Evidemment, elles ne sont pas suffisantes pour effectuer 35 heures sur la semaine. Afin d'y parvenir, vous pouvez ou partir plus tard ou arriver plus tôt. Et voilà donc la raison pour laquelle ils finissent toujours à 16 H !

La réalité pas si idyllique des fonctionnaires 

L'accès à la fonction publique : le passage (presque) obligé du concours

Les fonctionnaires sont souvent critiqués, à tort ou à raison. La place a l'air bonne, ils ne sont pas débordés, payés pour travailler à peine quelques heures par jour, souvent (voire toujours) en vacances, des avantages à ne plus savoir qu'en faire, etc. Ceci étant dit, rien n'empêche à tout un chacun d'intégrer ce club de vacances. On ne l'a pas précisé, mais il est nécessaire de passer des concours. Ils sont ouverts à tous, à condition d'être de nationalité française et d'avoir 18 ans. Selon la catégorie, des niveaux d'étude sont exigés. Il est possible d'intégrer dès le niveau bac pour la catégorie C. Alors, n'hésitez plus, commencez par les écrits, puis les oraux devant des jurys de plusieurs personnes. Cela fait rapidement moins rêver… 

La paye des fonctionnaires

On l'entend souvent, les fonctionnaires sont payés à ne rien faire. Allez dire cela dans les hôpitaux, dans les tribunaux, les commissariats de police, et j'en passe. La fonction publique comprend toutes les professions existantes : employé communal, surveillant pénitentiaire, électricien, etc. On n'y pense moins, et pourtant, ils nous sont indispensables : les pompiers professionnels, fonctionnaires territoriaux.

Nos impôts paient les fonctionnaires, ces personnes grassement rémunérées. Ils touchent un traitement. Ce dernier est calculé en fonction d'un point d'indice. Quand vous changez d'échelon, le traitement augmente. C'est bête et méchant. Encore un avantage du fonctionnariat : pas besoin de se prendre la tête ou son courage à deux mains pour demander une augmentation. Votre chef de service, ou même d'établissement, ne peut rien pour vous. Évidemment, vous ne pouvez pas non plus défendre vos arguments si vous estimez mériter davantage. 

Le traitement du fonctionnaire est par ailleurs composé, pour une part importante, de primes. Or, ces primes ne sont pas prises en compte dans le calcul de la retraite. Le montant de cette dernière devient moindre. De plus, malgré la différence de calcul, les fonctionnaires ne sont pas vraiment gagnants, ne disposant notamment pas de complémentaire, comme cela est le cas pour les salariés du privé.

Fonctionnaire, un statut difficile à quitter

Enfin, sachez qu'il s'agit presque d'un sacerdoce. Il est très compliqué de quitter la fonction publique. Plusieurs modalités existent. Si vous souhaitez garder la place au cas où, il est possible de demander une disponibilité. Cela signifie que, pendant un temps limité allant jusqu'à quatre ans, vous allez travailler ailleurs. Vous n'êtes plus rémunéré par l'Etat. Cette disponibilité est soumise à autorisation, l'administration ayant un droit de regard sur la nature de l'activité que vous souhaitez exercer. 

Vous êtes vraiment décidé : vous pouvez négocier votre départ et partir avec une petite enveloppe. Une grille est prévue à cet effet selon votre ancienneté. Ici aussi, cela n'a rien d'automatique. Vous n'avez aucune certitude quant à la réussite de cette formule.

Dernière possibilité, votre volonté de quitter la fonction publique est plus forte que tout, peu importe le prix. Vous pensez donc à la démission. Là, vous vous dites, ce sera facile. Je donne ma lettre, je fais mon préavis, et ciao ! Et bien non. Je l'ai dit au début de ce paragraphe, la fonction publique est un sacerdoce. Lorsque vous demandez à démissionner, l'administration dispose de 4 mois pour répondre. Au bout de 4 mois, l'adage « qui ne dit mot consent » s'applique ? Encore une fois, pas du tout ! Sans réponse, votre demande devient caduque. Retour à la case départ.

 

Sans fonctionnaires, pas de services publics : hôpital, impôts, police, C.A.F., etc. Comme dans toute profession, il y a des brebis galeuses. Heureusement pour nous, la majorité des fonctionnaires s'acquitte de sa mission avec conscience et professionnalisme. Sans la fonction publique, certains de ces services seraient tenus par des entreprises privées… et reviendraient beaucoup plus chers à leurs utilisateurs, à savoir nous tous. Profitons de nos services publics, et si vous êtes intéressé, n'hésitez pas à postuler.

 

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