La fête aurait dû être belle...

par Toujours étonnant...
lundi 15 mai 2006

Disparition tragique d’un équipage lors du 39e Rallye de Lozère 2006.

J’étais venu parce que c’est mon sport, c’est ma passion ; j’étais venu parce qu’un de mes amis était engagé, il portait le n°108, il était engagé dans la Coupe 206, Gaétan Houssin copilotait Joffrey Lixon, ils étaient plus de 40 (43 pour être plus exact) en Volant Peugeot au départ de cette manche de Coupe de France 1re division. Qui plus est, l’ASA Lozère est organisateur de la finale de Coupe de France des Rallyes 2007, comme une de répétition générale en quelque sorte, au total plus de 150 au départ de cette manche asphalte. Parmi les partants, on trouvait quelques pointures et challengers, au hasard de la liste des engagés on trouvait la Ford Escort RS de Raynal (vainqueur en 2003), la Corolla WRC de Bizalion, l’Evo 7 de Genesca, la Clio Maxi d’André, les 306 Maxi de Jezequel et Delafont, la BMW M3 de Guedj (vainqueur 2004), la Focus de Trocellier, l’Evo 8 de Carbonaro, l’Impreza WRX de Frondas, l’Escort Cosworth d’Aguillon, la Saxo Kit Car de Vialle, les Clio S1600 de Salas et Escharavil ou encore la 306 16S de Thierry Vincent et Grégory Serres. Vincent justement, vainqueur de l’édition 2005 au volant d’une 206 XS jaune zébré de noir, fait d’arme qui lui valait la couverture de l’affiche officielle et du programme.

Samedi 13h, Mende, place du Foirail, plein soleil, départ des premiers concurrents, direction le Parc d’assistance du Causse d’Auge sur les hauteurs de Mende, avant de rejoindre l’ES1 vers St Amans, 15 km d’ES jusqu’à Lachamp, puis retour vers Rieutort de Randon pour une (longue) neutralisation permettant à tous de réemprunter la même ES lors de l’ES2. A cet instant, le soleil est au top, le mistral souffle, froid, le parc se remplit et c’est l’occasion de croiser les uns et les autres, préparateurs, amateurs et concurrents. Déjà quelques abandons mécaniques et sorties, mais d’une manière générale, le ton est donné, c’est vite, très vite.

L’occasion pour nous de discuter longuement avec Gaétan et Joffrey, de planifier, déjà, cette fin de saison sur la latérite ivoirienne, de revenir, à mots couverts, avec pudeur sur le choc, encore vif, de la perte d’Eric Dupont et Betrand Fremaux lors d’essais avec 2HP Competition près de St Dié il y a moins d’un mois. La douleur, on le sent, est encore très présente pour Gaétan qui participait à ces essais, et l’on échange sur cette mauvaise série, Michaël Park en septembre 2005, Jörg Bastuck au dernier Catalogne, puis Eric et Bertrand, moins de dix jours plus tard, oui, la loi des séries existe...

Pour autant, la passion demeure et le sport reprend ses droits, nous voici déjà au terme de l’ES2, retour à l’assistance avant de descendre sur Florac en parc pour la seconde étape demain dimanche. A l’assistance, on bouge, on calcule, on vérifie, le profil du lendemain s’annonce plus bosselé et perturbé, alors, deci delà on durcit les suspensions, on prépare, fébrilement parfois, la journée décisive qui s’annonce, le soleil est toujours là, le vent des causses, froid.

Dimanche matin, il est tôt lorsque les premiers concurrents se retrouvent au départ de l’ES3 Le Collet de la Dèze, la 306 Bleue de Thierry Vincent et Grégory Serres frappée du N°1 s’élance, ils sont à cet instant (après les deux ES du samedi) 6e du scratch et leaders de classe en F2/14. La 306 aura parcouru 400 mètres ce dimanche matin, 400 mètres avant de sortir violemment de la route.

Thierry et Grégory sont tués sur le coup, le malheur vient de frapper, le Rallye se fige, le vent de froid se fait glacial.

Thierry Vincent était un habitué "du" Cévennes, vainqueur donc "du" Lozère 2005, 5e de la Finale de Coupe de France sur une 206 S1600 (1er A6), vainqueur Gr N au Cévennes et au Var, on avait pu l’apercevoir au Lyon Charbonnières le week-end dernier sur une Lancer Evo 7. Grégory, quant à lui, copilotait Thierry pour la première fois. On retiendra d’eux qu’ils portaient ce week-end le N°1, grâce à la victoire ici-même en 2005.

Hasard malheureux, ou loi des séries, samedi à 8h30, au Rallye de Saxe, en Allemagne, David Langheinrich et son copilote Oliver Bleich se tuaient lors d’une sortie de route de leur Trabant dans l’ES2...

Enfin, il y a presque vingt ans jour pour jour, un 2 mai très exactement, lors du Tour de Corse 1986, dans l’ES18, la Lancia Delta S4 d’Henri Toivonen et Sergio Cresto sortait violemment de la route tuant sur le coup l’équipage, alors qu’Attilio Bettega avait perdu la vie un an plus tôt au même endroit, au volant de sa Lancia 037.

J’étais venu parce que c’est mon sport, c’est ma passion ; j’étais venu parce qu’un de mes amis était engagé, il portait le n°108, il était engagé dans la Coupe 206, Gaétan Houssin copilotait Joffrey Lixon, mais tout cela n’a plus aucune importance, tout cela est tellement dérisoire, car voyez-vous, ce matin, en plein coeur du Gévaudan, le malheur a encore frappé.

Pour Thierry et Grégory, toutes nos condoléances et pensées aux familles, proches, amis et concurrents, ce soir-là, la famille du Rallye a eu mal, très mal...


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