Une guerre justifiée

par Alain Hertoghe
mardi 6 septembre 2005

Bernard Kouchner présentait à Jean-Pierre Elkabbach, ce mardi matin sur Europe 1, le livre sur les crimes de Saddam Hussein qu’il a préfacé (1). En l’écoutant, souvenirs et sentiments du printemps 2003 ont refait surface. Je me suis souvenu de mon émotion à l’annonce du début de l’intervention américano-britannique en Irak, le 20 mars.

A l’aube de ce jour, alors que les premières bombes tombaient sur Bagdad, j’ai pensé aux soldats des deux camps, et aux civils irakiens, surtout aux enfants, qui allaient mourir, à toutes ces familles qui allaient être endeuillées. Mais le sentiment qui me dominait était le soulagement de savoir, après des mois de crise diplomatique, que les heures étaient comptées pour l’une des pires dictatures de notre temps.

Tout journaliste ou simple citoyen qui avait pris la peine de parcourir les rapports d’Amnesty International savait que Saddam Hussein arrivait juste derrière Hitler, Staline et Pol Pot dans le panthéon des horreurs du XXe siècle.

Peu m’importait, franchement, le prétexte mis en avant pour mettre hors d’état de nuire le tyran de Bagdad. Et, à ce jour, je n’ai toujours pas compris pourquoi la France, patrie des droits de l’Homme, ma terre d’élection, était alors plus hostile à George W. Bush et à Tony Blair qu’à Saddam Hussein. J’ai fait le récit, dans mon livre La guerre à outrances, de la manière dont la presse française avait collectivement dérapé durant cette période.

Car je ne voyais pas d’alternative au renversement militaire du dictateur irakien, sauf à imaginer maintenir encore pour longtemps un embargo international d’abord sévère pour le peuple d’Irak ou à le lever et à permettre au prédateur Saddam Hussein de se réarmer avec les revenus du pétrole.

Nous étions bien peu nombreux, en France, à penser ainsi et à oser l’exprimer au printemps 2003. Bernard Kouchner était de ceux-là. Puisse aujourd’hui la lecture du Livre noir de Saddam Hussein aider à comprendre que, malgré les erreurs américaines dans l’occupation de l’Irak et la violence qui ensanglante encore actuellement ce pays, le renversement de cette dictature a été un bienfait.

Le procès de Saddam Hussein devrait commencer le 19 octobre prochain à Bagdad. Pour ses milliers, dizaines de milliers, centaines de milliers de victimes, justice va, enfin, être rendue. Souhaitons qu’elle le soit avec la décence et la sérénité voulues.

(1) Le Livre noir de Saddam Hussein, Oh ! éditions, 700 pages, 29,90 euros


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