L’ALIÉNATION PARENTALE : son mécanisme implacable et ses effroyables effets

par JPCiron
mardi 8 août 2023

L'objet de cette Note est de lever le voile hypocrito-pudique jeté sur ce phénomène, et d'en expliquer le fonctionnement en m'appuyant sur le livre de JP Cambefort. (1) Je profite également de l'occasion pour pousser quelques coups de gueule en direction de l'ineptie politique et judiciaire.

Bien sûr, toute relation humaine peut amener à influencer le psychisme de l'autre. C'est naturel. En voici quelques exemples, classés intuitivement par ordre de ''puissance'' : le charme, la réputation, l'autorité, la manipulation, l'aliénation. Déjà le troisième niveau cité peut suffire pour violer un enfant et le faire taire.

 

Ce que l'on appelle Aliénation Parentale c'est une forme particulière de grande violence, qui apparaît généralement après la séparation d'un couple. Il frappe l'enfant (éventuellement la fratrie), concerne les deux parents, et s'étend souvent aux proches & amis. JP Cambefort (1) évalue à environ 6% la proportion de cas d'aliénation parentale moyenne ou sévère parmi la population de parents séparés impliquant des enfants de 0 à 12 ans. Cette tranche d'âge représente environ 10 millions d'enfants en France. Comme les familles monopatentales et recomposées y représentent environ un tiers des familles, le nombre d'enfants affectés, dont je parle dans cet Article, représente approximativement 200.000 enfants en France (10 M x 0,333 x 0,06).

Ceci dit, une fois identifié un faisceau d'éléments qui suggèrent la présence d'aliénation parentale de l'enfant (laquelle détruit psychologiquement le parent aliéné et l'enfant), le travail n'est pas fini. Car il est des situations qui peuvent ressembler à de l'aliénation parentale, mais qui correspondent à toute autre chose (sévices, inceste,...) qui sont d'autres formes de violences.

Il peut aussi s'agir d' une situation complexe résultant d' une combinaison de multiples facteurs. Situation qui exige, pour être identifiée-comprise, que la Justice dispose (et soit capable de mettre en œuvre) une série d'outils. Comme l'explique Jean Yves Hayez, pour « appréhender, comprendre et prendre en charge famille et enfant, l’investissement intensif de services judiciaires et sociaux est primordial. » (8)

Et on en est loin du compte ! Notre Justice des Affaires Familiales (JAFs), depuis des décades, ne dispose pas des ressources pour délivrer une justice de qualité. Pour que ça change, il faut prendre le taureau par les cornes. D'abord, nos Politiques-Parlementaires doivent sortir du fromage et se mettre au travail : non seulement l'institution Judiciaire est à la ramasse pour ce qui concerne les JAFs, mais ils n'ont pas assez de psychiatres et pédopsychiatres disponibles pour investiguer. En outre, les Services Sociaux fonctionnent comme des Administrations. Le tout est impropre à délivrer une saine justice.

 

Parlant de l'aspect ''Aliénation Parentale'', l'avocat Jean Pannier martèle : « Il faut revenir inlassablement sur le sujet de ce fléau qui ne se réduit absolument pas bien qu’on le dénonce depuis une vingtaine d’années. Les pouvoirs publics ne savent pas comment le traiter et ne font rien, (...) » (9) 

https://www.village-justice.com/articles/juge-francais-face-alienation-parentale-par-jean-pannier-avocat,33754.html

 

Dans mon Article, je me concentre sur la forme de violence particulière décrite comme ''Aliénation parentale''. Ce qui n'exclut pas les autres, qui doivent aussi être combattues. Sans botter en touche en les opposant.

 

Ouvrage « Famille éclatée, enfants manipulés – L' aliénation parentale » par Jean-Pierre Cambefort – Albin Michel – 2016 (1)

 

Le Phénomène d' Aliénation Parentale (AP) est aussi connu sous le nom de Syndrome d'Aliénation Parentale (SAP).

Ces deux termes parlent de ce que l'on observe. Pour comprendre ce qui se passe il faut étudier les processus situés en amont, qui ont conduit à la situation observée.

Penser ''Processus'' aide aussi à imaginer comment (peut-être) s'en libérer. Là, l'intelligence mais surtout le discernement peuvent aider l'enfant à s'en sortir. Mais certainement pas avant l' adolescence. Ni en cas de conflit de loyauté. Pour les parents, c'est plus compliqué, mais pas complètement impossible.

 

Voici le Plan de l'Article :

 

> L' Aliénation Parentale, c'est quoi ?

> L'Aliénation Parentale : une histoire de fous !

> L'installation de l'Aliénation Parentale.

> Une Justice aux Affaires Familiales 'à la ramasse'.

> Un environnement favorable à l' Aliénation Parentale via les mères.

> Les ''trucs'' qui marchent pour faire rendre l'injustice aux JAFs médiocres.

> Le S.A.P. n'existe pas !?

 

>> L' Aliénation Parentale, c'est quoi ?

Le pédopsychiatre Américain Richard A. Gardner la définit comme « un désordre qui survient presque exclusivement dans le contexte de disputes sur la garde de l'enfant. Sa manifestation principale est, d'une part, la campagne de dénigrement injustifiée de l'un de ses parents par l'enfant (du fait d'un lavage de cerveau) et, d'autre part, l'alimentation que l'enfant lui-même apporte au discours de disqualification du parent-cible que tient le parent aliénant. (...) » (2)

C'est le parent qui a ''la garde'' de l'enfant qui sera le plus souvent aliénant. Le parent aliénant commence donc par dénigrer l'autre parent (appelé parent-cible par Gardner). Ces dénigrement sont peu à peu intégrés-adoptés par l'enfant qui, de passif initialement, va peu à peu prendre parti pour le parent aliénant. Puis, il passera à l'étape suivante : dénigrer lui aussi le parent-cible. Ce dernier se trouvant injustement affublé de nombre de défauts et d'actions critiquables... dont il peut aussi être accusé en Justice... par le parent aliénant ET parfois aussi par l'enfant. Le parent aliéné se trouvant alors dans la position inconfortable de devoir démontrer qu'il n'est pas l'auteur d'un fait qui n'a jamais existé.

Pendant tout le long processus, l'enfant aura toujours une pensée personnelle, mais 'clivée', et dont le degré d'autonomie se réduit avec le temps.

 

En effet, les mécanismes de survie psychique de l'enfant passent par le clivage et l' amnésie. « Le clivage consiste à scinder le moi en deux parties : l'une tente d'isoler la situation traumatique tandis que l'autre reste connectée à la réalité. (…) L'amnésie arrive ensuite. L'enfant perd son ambivalence. » (6) Il rejoint alors l'état du parent aliénant. Un enfant dès lors très probablement ''perdu'' pour le parent aliéné : « un véritable meurtre psychique » comme le souligne la psychiatre M-F Hirigoyen (6)

 

>> L'Aliénation Parentale : ses manifestations (7)

https://www.thyma.fr/analyse-ethique-du-syndrome-dalienation-parentale-sap-ou-alienation-parentale-ap/

Le psychiatre Américain Richard Gardner décrit huit manifestations chez l’enfant révélatrices du SAP :

  1. rejet et diffamation d’un parent ;

  2. rationalisation absurde ;

  3. absence d’ambivalence normale ;

  4. réflexe de prise de position pour le parent manipulateur ;

  5. extension des hostilités à toute la famille et à l’entourage du parent rejeté ;

  6. phénomène de libre opinion ;

  7. absence de culpabilité du fait de la cruauté supposée du parent adversaire ;

  8. adoption de ''scénarii empruntés''.

 

Quand on en est arrivé là, la situation est très grave. Cependant, un examen psychiatrique et pédopsychiatrique de la famille permettra de vérifier qu'il ne s'agit pas d'autre chose que l'Aliénation Parentale. Car si c'était bien l'AP, il faudrait impérativement soustraire l'enfant au parent aliénant et imposer un/des traitement(s) psychiatrique(s) suivi(s). Mais, s'il s’agissait par exemple d'inceste, la décision à prendre pourrait être toute différente, on le comprend bien. Seul un pédopsychiatre expérimenté peut identifier la véritable source des phénomènes observés/ décrits.

Au lieu de ça, encore de nos jours, dans une affaire de fort conflit de loyauté avéré de l'enfant, une officine en psychologie peut impunément rédiger (sur demande) une attestation qui suggère de considérer négativement la seule partie qu'elle n'a jamais reçu. Ces officines devraient être fermées. ''On'' les laisse prospérer.

 

>> L'Aliénation Parentale : une histoire de fous !... qui, au final, touche les parent et l'enfant/ la fratrie.

 

> Normalement, le parent aliénant ne se rend pas (plus) compte de la souffrance qu'il inflige, car il s'est ''installé'' dans son monde imaginaire, dans lequel il se voit clairement comme une victime. Et tout ce qui contredit ce monde-là est simplement rejeté mentalement, comme si ça n'existait pas. L'aliénation l'habite, et, sans traitement psychiatrique, il n'en sortira probablement jamais.

Notons que certains traumatismes de l'enfance fragilisent le psychisme. Et ils peuvent ''ressortir'' sous différentes formes psychiques à l'âge adulte. Il en est ainsi par exemple de la séparation de ses propres parents qui est en elle-même un traumatisme lors de l'enfance. Traumatisme auquel il convient de rajouter les événements ''associés'' à cette séparation. Le tout plaçant l'enfant dans une situation de victime. Ce sentiment de victime peut facilement se réactiver à l'âge adulte, à l'occasion d'une séparation conjugale, contribuant à mettre ce parent sur la pente d'un ressenti de victime, dont la responsabilité sera projetée sur l'ex-conjoint.

 

> L'enfant, petit à petit, pour 'survivre' psychologiquement, finira par 'choisir' de prendre parti pour la ''victime'' déclarée, qu'il côtoie tous les jours. Et, peu à peu, il adoptera systématiquement ses positions, ses points de vue, et même la ''mémoire'' des faits imaginaires du parent aliénant, devenus dès lors réels pour lui. Il ne ressent pas de remords conscient vis-à-vis du parent aliéné quand il l'accuse de ces faits. Il sépare les deux choses dans sa tête. L'inconscient, par contre, peut l'amener à s'auto-punir. C'est lourd. Car le clivage de l'esprit est profond. Si, adolescent, il s'ouvre l'esprit sur d'autres sphères, et que, de ce fait, le parent aliénant perde sont statut de repère central, il pourrait peut-être s'en sortir de lui-même.

Autrement, le clivage peut lui rester toute sa vie, avec les faits-vérités imaginaires qu'il ressentira toujours comme réels-vrais. Le parent aliéné étant ''mis à mort'' symboliquement et émotionnellement.

 

> Le sort le plus dur est celui du parent-cible, le parent aliéné. Car il doit simultanément interagir dans le monde réel par rapport au monde fictif qui l'agresse dans le monde réel (fictif qui est souvent considéré potentiellement réel par la Justice). Le parent aliénant (et l'enfant) lui demandant de reconnaître ses propres problèmes (fictifs) et d'y remédier...

 

Pour ressentir un peu le monde de fous dans lequel le parent aliéné est plongé (et je compte la Justice et notre Parlement parmi ce monde-là), je recommande le roman (au plus près d' expériences réelles) intitulé « Papa, avoue ! » par Christophe Mieze. (4)

 

>> L'installation de l'Aliénation Parentale.

C'est la plupart du temps une installation lente, continue, crescendo. Il n'y a le plus souvent pas de ''plan'' initial du parent aliénant, car l'aliénation se construit comme une évidence et s'installe via les relations 'de tous les jours'.

Et que se passe-t-il de fondamental dans les relations familiales de tous les jours ? :

 

Vis-à-vis de l'enfant, il y a tout d'abord ce que l'on appelle « amour », qui est ressenti et se traduit par un attachement ''sacré'' parent-enfant et enfant-parent, lequel est en principe incompatible avec l'agressivité ou le rejet. Pour le parent aliénant cela peut induire la sur-protection de l'enfant, parfois ''à tout prix''. Sur-protection qui correspondra, pour l'enfant, à une situation de dépendance lourde.

Vis-à-vis du parent aliéné, le parent aliénant concentre sur lui la responsabilité de ses multiples ressentiments. «  L'aliénation parentale se caractérise par un harcèlement permanent du parent aliéné. » (1) JP Cambefort ajoute que les parents aliénants «  affirment avec un applomb déconcertant que leur croisade est juste, que l'autre parent est irresponsable, immature, incompétent, dangereux, voire violent.  » Dans les cas les plus graves, c'est tout cela en même temps. J'ai pu approcher un de ces cas graves ! C'est inhumain... surtout quand la JAF est en plus aux manettes.

 

Et l'enfant, qui est désormais le principal lien entre les parents, devient un 'vecteur' entre les parents. La relation d'amour du parent aliénant avec l'enfant vient à être teintée-tachée de ce ressentiment, qui sera ''partagé'' avec/par l'enfant. Ce dernier servant au final de véhicule pour atteindre-frapper le parent aliéné (= manipulation). C'est alors que, pour le parent aliénant, « l'amour devient une relation de pouvoir et d'emprise. » (1)

 

Cependant, tout le vécu de l'enfant, au fil des ans, contribue à construire sa propre identité. Une identité dans laquelle une trop grande part aura été ''imposée'' par ce qu'il faut bien appeler une violence psychologique. Et cela crée chez l'enfant une identité hybride-clivée... que le parent aliénant considère être l'identité propre de l'enfant. Et ledit parent défendra le droit pour l'enfant d'exprimer librement ''ses'' propres idées.

On l'a vu plus haut, ne pouvant se soustraire à la violence, le mode de survie de l'enfant par rapport à l'emprise du parent aliénant est de prendre parti inconditionnel pour lui, et appliquer l'amnésie pour les choses ingérables. (6)

 

En pratique, on est en plein dans une logique de secte.

 

>> Une Justice aux Affaires Familiales 'à la ramasse'.

Quand, depuis l'extérieur de la cellule familiale ''infectée'', on est témoin de l'Aliénation Parentale en action, c'est que l'on a quelque proximité avec les uns ou les autres. Et l'on a tendance à voir ici les gentils, et là les méchants. En fait, toute la cellule ''infectée'' est victime, que ce soit l'enfant aliéné, le parent aliéné, ou le parent aliénant.

C'est là qu'en cette matière, la Justice aux Affaires Familiales (JAF) crée plus de dégâts qu'elle n'en répare. Incapable de s'adapter aux changements sociétaux, la plupart des JAFs font plus figure d'intervenants administratifs, incapables de laisser leurs inclinations personnelles au vestiaire au moment du jugement. (Il convient toutefois de saluer les quelques-uns qui font leur job correctement, perçus qu'ils sont comme des OVNIs par les JAFs médiocres. Par leur inertie-ineptie, les politiques se placent aux côtés des médiocres)

 

En 2019, j avais écrit un Article sur « L' Enfant dans le Projet de Loi ''Autorité Partagée et Résidence Alternée'' » :

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-enfant-dans-le-projet-de-loi-219378

Qu'est-ce qui a changé depuis le Rapport de la Chancellerie de novembre 2013 ? Rien. C'est la continuation du bla-bla par des politiques occupés dans leur fromage.

 

>> Un environnement favorable à l' Aliénation Parentale via les mères.

Qu'il soit clair que les mères ne sont pas plus aliénatrices que les pères. Non, le sujet est autre : comme la garde des enfants a été donnée en très grande majorité aux mères, il est normal qu'il y ait beaucoup moins de pères aliénants, puisque c'est le lien créé par la proximité apportée par la garde qui est un des principaux points qui favorisent l'aliénation. (à nouveau précisons que je parle ici de la forme de violence nommée ''Aliénation Parentale''. Et il y a d'autres formes de violence venant de l'un et/ou l'autre parent, qu'il convient également d'affronter)

Le psychologue Hubert Van Gijseghem indique que le parent se trouvant le plus fréquemment impliqué dans l'instauration du SAP sont les mères dans les trois quarts des cas. (10)

 

> La Famille, ce n'est plus ce que c'était. Autrefois, la tradition voulait que la famille (= un père, une mère et leurs enfants) soit sous l'autorité ''juridique'' du père. Ce n'est plus le cas aujourd'hui : « Désormais, les rôles et places entre parents et enfants dans les familles relèvent plus souvent d'une âpre négociation (…). » (1) Aussi, les formes de famille sont à présent nombreuses et variées.

Ces changements ont été ''validés'' sociétalement par la montée de l'individualisme et par la satisfaction des revendication d'autonomie-développement personnel qui vont avec. D'où le progrès des valeurs égalitaires et de l' émancipation des femmes & mères par rapport aux structures traditionnelles précédentes.

 

> Les chiens aboient, l'injustice passe.

L'ennui, c'est que la plupart des JAFs ont voulu comprendre que l'émancipation des mères impliquait qu'on leur ''attache'' leurs enfants. Alors que les textes ne disent aucunement cela. Mais ils le font quand même ''dans l'intérêt de l'enfant'' disent-ils, sans cependant préciser en quoi cela consiste.

Je traite aussi de ce sujet dans l'Article mentionné plus haut : 

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-enfant-dans-le-projet-de-loi-219378

 

Ainsi, «  les mères ont acquis très rapidement un pouvoir croissant, surtout en ce qui concerne l'attribution de la garde de l'enfant par les tribunaux qui, dans l'immense majorité des cas, leur accorde ce droit en priorité. » (1) Jean Pierre Cambefort cite la psychanaliste Françoise Hurstel : « On peut parler d'un pouvoir légal des mères et même d'exclusion légale des pères. » (3)

 

> Une loi ''Garde Alternée'' qui compte ''pour du beurre'' pour les JAFs

Depuis la loi de 2002, la Garde Alternée est possible sur le papier. Bien sûr, elle est souvent demandée par les ''nouveaux pères'' qui sont résolus à s'occuper de leurs enfants, des biberons-couches-bains-chansons à l'université. Et ceux qui parviennent à l'obtenir, cette garde, montrent être eux aussi à la hauteur.

Mais cela aurait contribué à accentuer le processus d'aliénation par certaines mères, visant (inconsciemment ?) à maintenir la situation antérieure. (1)

 

>> Les ''trucs'' qui marchent pour faire rendre l'injustice aux JAFs médiocres.

Quand on a affaire à des JAFs médiocre, il y a des 'trucs' auxquels ils mordent volontiers. Souvent car cela leur mâche le travail administratif : avoir des papiers sur lesquels appuyer les décisions pour lesquelles ils penchent.

 

> La violence du père de l'enfant, c'est le truc-bateau.

Statistiquement, en termes de violence physique (envers tout le monde), les garçons sont le plus souvent cités comme violents. On le sait. La plupart du temps, on évoque beaucoup moins le sujet des violences psychologiques.

Le truc, c'est : on l'accuse d'abord, on produit quelques attestations teintées de fiel contre lui, on le laisse se démener avec ça... et on attend le jugement. Ça marche presque à tous les coups. J'ai même pu avoir accès à l'info d'un (rare ?) exemple stupéfiant : celui de la « condamnation à € 1 » : Alors qu'ils s'accusent mutuellement, alors qu'il y a un témoignage visuel que c'est elle qui le frappait et qu'il ne répondait pas, il a été condamné pour violence sans incapacité, avec une dispense de peine et 1 euro de dommages & intérêts. Un jugement que le bon peuple ne comprend guère, de quelque bout qu'il le prenne... Ce qui ne renforce guère la confiance du citoyen moyen dans l'institution... car la condamnation pour violence reste. Et la mère saura le rappeler le moment venu. (voir plus loin les recommandations du Parlement Européen).

 

> Le discernement de l'enfant

A partir de 9 ou 10 ans, il est souvent considéré que l'enfant est en mesure de dire ce qu'il souhaite, et qu'on peut l'entendre. Aussi pour ce qui touche le Droit de Visite et d'Hébergement (DVH).

Pour le parent aliénant, c'est une aubaine, car l'enfant dira au juge ce que le parent aliénant attend de lui.

Côté parent aliéné, c'est comme une lutte avec les bras liés dans le dos. Car c'est à lui de réaliser l'exploit consistant à montrer que l'enfant souffre d'un conflit de loyauté. L'enfant vivant avec un conflit de loyauté ne pouvant avoir le nécessaire discernement...

De la sorte, la Justice travaille là en pratique pour la partie aliénante.

 

Souvent, les avocats de la partie aliénante suggèrent de recueillir des attestations montrant la maturité de l'enfant. S'il a de bons résultats scolaires, on pourra affirmer qu'il a une intelligence nettement supérieure à la moyenne. Pour ce faire, il suffit de passer par une officine de psychologie spécialisée dans la mesure du QI de l'enfant. Il est rare qu'il ne sorte pas avec un parchemin d'excellence... qui sera produit au juge à support de la ''demande spontanée'' que l'enfant aura fait au juge visant, par exemple, à la réduction du DVH.

Ce faisant, on ''invite'' implicitement le juge à assimiler ''intelligence'' à  ''discernement'', qui sont pourtant deux choses bien différentes. Avoir pris parti inconditionnel pour le parent aliénant démontre la non-capacité de discernement. En outre le discernement vient aussi avec les connaissances générales et l'expérience, qui n'apparaissent qu'avec le temps...

 

En outre, il ressort à l'annalyse que ce ''système'' de QI est fort critiquable, pour des raisons objectives que notre législation même condamne, mais que l'on se plaît à ignorer (et à taire).

J'ai développé là-dessus dans l'Article intitulé : « Le Test de QI sur enfant de 10-12 ans servira à inciter un JAF à utiliser la facilité de ce pseudo-avis d'expert pour rendre l'injustice. » :

https://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/le-test-de-qi-sur-enfant-de-10-12-248392

 

> Les Attestations d'officines de Psychologie et de QI

Ces attestations demandées à ces officines par le parent aliénant peuvent mentionner des considérations sur le parent aliéné, sans qu'elles ne l'aient jamais rencontré. Cela empêche-t-il les JAFs de tenir compte de ces pseudo-avis d'experts ? En tout cas, cela ne semble représenter aucun risque pour les officines. Y a-t-il des règles professionnelles qui empêchent de faire n'importe quoi ? Et des sanctions ?

 

Recevoir la parole de l'enfant

La revue THYMA (7) rappelle qu'il convient « d'exiger que l’expert désigné pour évaluer un mineur (auteur ou victime) possède une compétence en pédopsychiatrie attestée par sa formation et par une pratique régulière de la spécialité. » On en est très loin ! Bien des JAFs ne reçoivent même pas personnellement l'enfant qui dit vouloir s'exprimer, et délèguent-abandonnent l'audition à quelque association (de bénévoles ?) dont on ne connaît guère les formations ni les compétences.

Par ailleurs, les recommandations de l'OMS disent « de ne pas porter de diagnostic de personnalité avant l’âge de 16 ans » , ce qui peut être en contradiction avec le fait d'accepter la parole de l'enfant comme du ''pain béni'' à tout âge. Ce qui ne veut pas dire de ne pas l'écouter, mais de le faire d'abord via des structure de pédopsychiatres adaptées.

 

> Se référer aux ''cogitations'' du Parlement Européen (PE)

https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2021-0406_FR.html

 

Le PE nous dit que le père a les mêmes droits que la mère... sauf si c'est contraire à l'intérêt supérieur de l'enfant... en clair, c'est donc selon le sentiment du JAF ... (ou selon son inclination ? )  :

….. (9) «  souligne qu’en principe, la garde partagée et les visites non surveillées sont souhaitables pour que les parents puissent jouir des mêmes droits et exercer les mêmes responsabilités, sauf si cela est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant »

 

Le PE dit aussi que si vous avez un ''passé'' violent (jugement) , ne pas en tenir compte pour déterminer le DVH serait une violation des droits de l'homme  :

….. (10) souligne que la non-prise en considération de la violence conjugale dans les décisions relatives aux droits de garde et aux visites constitue une violation par négligence des droits de l’homme à la vie

 

Et, pour qu'il soit bien clair à tout le monde que le méchant, c'est le père, le PE se fend d'une considération parfaitement sexiste  :

….. (3) « souligne que les auteurs de violences utilisent souvent les procédures judiciaires pour étendre leur pouvoir et leur emprise, et pour continuer à intimider et à effrayer leurs victimes ; souligne, à cet égard, que bien souvent le parent violent manipule l’enfant et se sert de la demande de garde partagée pour continuer à atteindrla mère après la séparation »

On comprend à la lecture du point 3 du PE, que, pour eux, l' emprise (ou Aliénation Parentale) n'existe ''bien souvent'' que pour le père. Dire que l'opposé est ''bien souvent'' possible serait sexiste pour le PE. Pourtant, on l'a vu plus haut, c'est le cas le plus fréquent, pour des raisons historiques.

 

Mais, pour qui travaillent donc ces gens du PE, que nous payons ? Qui prépare leurs textes ? De quelles idéologies s'inspirent-ils ? A qui répondent-ils de leurs actes ?

 

>> Le S.A.P. n'existe pas !?

L'aliénation d'une personne, c'est le fait de la faire devenir progressivement psychologiquement étrangère à elle-même. Un genre de viol psychologique de fond en comble.

 

Sur le SAP, que nous dit le Ministère de la justice ?

https://www.senat.fr/questions/base/2017/qSEQ171202674.html

En fait, il ne semble pas trop savoir quoi dire. La séparation des pouvoirs lui interdit de préconiser ou de proscrire tel ou tel concept. Et si quelqu'un doit apprécier la vraisemblance d'une emprise, c'est au JAF d'en faire son affaire.

C'est une approche bien cavalière ! Qui est en charge de s'assurer que les JAFs ont la compétence (et les outils) pour comprendre les phénomènes situés en amont des faits qu'ils jugent ? Et qui s'occupe de vérifier que leur ''production'' globale de jugements est conforme à l'esprit de la loi ? Et si un écart apparaît, par exemple ''dans l'intérêt de l'enfant'', qui garantit la transparence 'indépendante' sur le pourquoi et le comment du phénomène ? 

Pour le SAP, ils se sont quand même fendus d'une note pour informer les magistrats que le SAP est controversé... qu'il faut être prudents, qu' ils suggèrent de regarder les ''autres outils disponibles''... (je traduis : débrouillez-vous)

 

En fait, le Parlement ''Européen'' a pondu son méga-oeuf de recommandations :

https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2021-0406_FR.html

Et ils sont tous tétanisés !

 

Pourtant, si vous preniez un groupe de magistrats, d'avocats et de psychiatres, et que vous leur posiez le problème (ils seraient d'ailleurs mieux à même de poser le problème eux-mêmes), ils vous trouveraient des solutions pragmatiques pour la Justice aux Affaires Familiales. Ils pourraient proposer les axes d'un plan à long terme pour revoir les recommandations, de manière coordonnée, regonfler les divers effectifs/ compétences/ outils, et prévoir la transition. Les politiques, vu les sommes importantes qui seraient à débourser pour rendre effectivement la justice des Affaires Familiales, devraient pour une fois être structurellement créatifs. Car on sortirait d'un monde de masques pour passer à un monde plus véritablement attentif à l'humain. Un autre monde.

Mais y aura-t-il un autre monde ? Car les lobbies savent influer sur les processus de formation des grandes orientations tant nationales que supra-nationales pour l' Europe. Et ils ont toujours été à la manoeuvre dans tous les domaines, aussi depuis l' extérieur de l'Europe. Et cette situation ''envahissante'' concerne aussi l'approche négative vis-à-vis du concept d'Aliénation Parentale.

Ces groupes influents ont des approches ''bien souvent' plus ou moins teintées de fondamentalismes. Ils sont aussi plus ou moins nos amis, et sont modérément bienveillants. Et l'humain n'est pas vraiment au centre effectif de leurs préoccupations, quoiqu'il soit prétendu.

Tandis qu'en France, ''bien souvent'', nos élus préfèrent attendre que quelqu'un décide pour eux, et ils s'adaptent au fait accompli. Soumis.

Tant que nous le tolérons, il n'y a pas de raisons que ça change.

 

JPCiron

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Note : je ne m'oppose pas à ce que mes articles soient republiés (totalement ou partiellement) (traduits ou non), pour peu que soit rappelée l'adresse Web de l'Article concerné.

°°°°°°°°°°°°° NOTES °°°°°°°°°°°

 

.. (1) - Ouvrage « Famille éclatée, enfants manipulés – L' aliénation parentale » par Jean-Pierre Cambefort – Albin Michel – 2016

 

.. (2) – Ouvrage «  The Parental Alienation Syndrome  » par Richard A. Gardner – Cresskill, Creative Therapeutics - 1992

 

.. (3) – Ouvrage « La Déchirure paternelle  » par Françoise Hurstel – PTF, coll. ''L'éducateur'' - 2002

 

.. (4) – Ouvrage «  Papa, avoue ! » par Christophe Mieze – Un autre reg'art - 2023

 

.. (5) – Ouvrage « Séparations conflictuelles et aliénation parentale – Enfants en danger  » par Dr Roland Broca et Olga Odinetz – Chronique Sociale - 2021

 

.. (6) – Ouvrage « Le harcèlement moral , la violence perverse au quotidien  » par Marie – france Hirigoyen – La Découverte hors Collection social – 2003

 

.. (7) – Article de THYMA 2018 « Analyse éthique du Syndrome d'Aliénation parentale (SAP) ou Aliénation Parentale (AP) » sur le livre « Recueillir la parole de l'enfant témoin ou victime. » par G. Lopez – Paris – Dunod - 2013

https://www.thyma.fr/analyse-ethique-du-syndrome-dalienation-parentale-sap-ou-alienation-parentale-ap/

 

.. (8) – Article « L' aliénation parentale : info ou intox ? » par Jean Yves Hayez – Le Journal des Psychologues – 2012/1 (N° 294 p. 33 à 38)

https://www.cairn.info/revue-le-journal-des-psychologues-2012-1-page-33.htm

 

.. (9) – Article «  Le juge face à l'aliénation parentale. » par Jean Pannier – Village de la Justice – mars 2023

https://www.village-justice.com/articles/juge-francais-face-alienation-parentale-par-jean-pannier-avocat,33754.html

 

..... (10) - Dossier "L'Aliénation parentale, points controversés" par Hubert Van Gijseghem - Divorces & séparations - N° spécial "L'Aliénation parentale" - Loverval - Labor - 2005

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