Greffe totale d’un visage : une première mondiale d’importance

par 1-Les Brèves d’AgoraVox
vendredi 9 juillet 2010

La médecine pratique les greffes depuis plusieurs dizaines d’années mais la greffe partielle ou totale d’un visage est un challenge d’une très grande complexité en raison de la multiplicité des organes (muscles, nerfs, glandes etc) qui le composent.
 
Un premier pas avait été franchi il y a 5 ans à Amiens avec une greffe partielle, une femme avait alors reçu le bas du visage d’une autre. Un nouveau - et très important pas - a été franchi cette fois ci en région parisienne par Laurent Lantieri, chirurgien au CHU Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne). Jérôme, un jeune homme opéré atteint de neurofibromatose, une maladie génétique dégénérative qui déformait son visage, notamment au niveau des yeux, a été opéré et a reçu un visage complet, y compris les paupières et les glandes lacrymales. L’opération, longue et complexe mais qui s’est bien passé, est considérée comme un succès pour le moment. Le jeune patient a d’ailleurs manifesté à la fois sa forme et sa joie en levant les pouces dès son réveil.
 
Bien sur, un processus de greffe ne fait que commencer au moment de la transplantation. En effet, il s’agit de faire coexister l’organisme avec des cellules en provenance d’un autre, donc un corps étranger. Et le corps humain, qui prend cela comme une attaque, se défend vigoureusement en mettant en place de complexes mécanismes de rejets. Des traitements immuno-suppresseurs seront donc nécessaires afin que le corps du patient ne rejette ou ne tue ce nouveau visage. En parallèle, des traitements destinés à combattre de possibles infections seront aussi mis en place.
 
Cette première mondiale représente tout de même, au delà de l’exploit chirurgical, un espoir pour des milliers d’hommes et de femmes mutilés et défigurés par des accidents ou des maladies lourdes. Le visage est perçu comme un élément déterminant de l’identité d’une personne et sa destruction ou sa mutilation engendre des problèmes non seulement physiques, mais aussi psychologiques lourds, ainsi que, souvent, des situation de mort sociale. Il suffit, en France par exemple, de se souvenir de ces "gueules cassées", ces soldats de la première guerre mondiale, mutilés sur le champ de bataille, pour prendre conscience de l’importance de ce geste médical.

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