Mission Rosetta : l’Europe devient un géant de l’exploration spatiale

par 1-Les Brèves d’AgoraVox
lundi 12 juillet 2010

Avec la mission Rosetta, l’Europe confirme son statut de grande puissance spatiale, quasiment à pied d’égalité avec les Etat-Unis. C’est en effet l’une des plus complexes et ambitieuses qu’ait lancé l’Agence Spatiale Européenne. la sonde a décollé de la Terre le 2 mars 2004 pour un très long voyage au travers du système solaire, utilisant des trajectoires lui permettant d’accroitre sa vitesse et de changer de cap sans faire appel à ses propulseurs grâce aux effets de frondes gravitationnelles, 4 au total.
 
La mission primaire de la sonde européenne nécessite en effet d’atteindre des vitesses très élevées : en 2014, Rosetta a rendez-vous avec une comète, 67 P/Churyumov-Gerasimenko selon sa dénomination officielle. Ce corps spatial est en orbite autour du soleil selon une révolution excentrique, une ellipse de 6.6 années autour du soleil.
 
Cette trajectoire complexe de la sonde l’a déjà amenée en 2008 à croiser le chemin d’un premier astéroïde, Steins, qu’elle a pu photographier pour mettre en évidence une surface couverte de gravats, raison pour laquelle sa surface n’est pas autant grelée de petits cratères d’impacts qu’on pourrait s’y attendre. Cette première rencontre, soigneusement choisie, avait pu validée la théorie de l’effet YORP (pour Yarkovsky-O’Keefe-Radzievskii-Paddack) sur cet effet de surface.
 
Samedi 10 juillet, la sonde avait un second rendez vous, cette fois ci avec un mastodonte de la ceinture d’astéroïdes. En effet, s’il n’est pas comparable à Ceres (950km de diamètre) ou Vesta (530 km de diamètre), Lutetia n’est pas un petit caillou, il a une taille similaire à Phobos, l’une des deux lunes de Mars. De forme irrégulière, il mesure 130km dans sa plus grande longueur. Lutetia est donc peut être un vestige dont la formation remonte aux origines du système solaire, il y a 4.5 milliards d’années.
 
La vitesse relative de la sonde et de l’astéroïde était très élevée, 15m par seconde, à une distance minimale de 3000 km a néanmoins permis à Rosetta de prendre quelques 400 clichés qui vont être longuement analysés afin de déterminer, si possible, sa composition et voir s’il est entouré de poussières ou de gaz.
 
Après cette seconde rencontre, elle aussi soigneusement planifée, Rosetta va être mise en sommeil pour la suite de son voyage, qui durera 4 ans pour l’amener dans le voisinage de sa comète.
 
Quand la sonde sera à proximité, elle larguera un module d’atterrissage, Philae, qui ira se poser à la surface de la comète pour une série d’études scientifiques. Le module a été conçu pour s’arrimer à la comète malgré une gravité qu’on estime très faible. On espère qu’il sera actif 5 jours, le temps de récolter et d’envoyer une moisson de données qui permettront à la communauté scientifique internationale d’en savoir un peu plus sur la composition des comètes. Ces corps spatiaux sont en effet très mal connus et certaines théories posent l’hypothèse qu’elles renferment des molécules organiques complexes qui pourraient être à l’origine de la vie sur Terre.
 
Rosetta restera de toute façon un an en orbite autour de 67 P/Churyumov-Gerasimenko, un temps suffisamment long pour enrichir les données de Philae et ouvrir de nouveaux pans de la connaissance scientifique sur les comètes qui nous viennent des confins du système solaire, une zone très froide qui leur aurait permis de conserver en leur sein des informations remontant à sa jeunesse.
 
Avec cette mission comprenant trois rendez vous successifs, l’Europe s’affirme donc comme une puissance spatiale de premier rang, capable de rivaliser avec les meilleurs programmes de la NASA. Les deux agences travaillent d’ailleurs de plus en plus main dans la main, comme lors de la mission Cassini Huygens qui avait permis à la sonde (américaine) d’envoyer un module (européen) à la surface de Titan, la plus grosse lune de Saturne.

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