Annie Lacroix-Riz dénonce, faits à l’appui, la non-épuration des collabos et s’attire les foudres de la censure

par taktak
mercredi 26 février 2020

Puisés à l’analyse exhaustive, minutieuse et vérifiable des archives suivant les méthodes les plus rigoureuses du travail historique, les ouvrages de l’historienne Annie Lacroix-Riz sont non seulement des références mais également des succès d’édition. Des ouvrages solides où s’établissent sur des centaines de pages le résultat d’années de recherches rigoureuses. Des ouvrages qui ne craignent pas la transparence puisque chaque élément apporté y est soigneusement sourcé permettant à chacun une pleine vérification de la qualité du travail effectué. Une vertu rare dans un monde universitaire où les citations circulaires de travaux et de thèses rebattues ont pris bien souvent la place de l’investigation. Il est vrai que cette méthode est bien moins épuisante et qu’elle présente l’immense avantage de pouvoir s’inscrire dans les réseaux établis des défenseurs des thèses du pouvoir, assurant à bien moindre effort de mener sans risque de belles carrières, sans risque de trouver le moindre fait contrariant les puissants ou les ordres établis…

 

Les conférences d’Annie Lacroix-Riz sont très largement vues et partagées sur les réseaux sociaux. Et ses livres des succès. Son dernier ouvrage qui dresse un solide bilan de l’absence d’épuration des collaborateurs à la Libération n’échappe pas à la règle. Ce qui n’est pas sans susciter des jalousies. Et également des haines tenaces de la part de ceux qui ne sauraient souffrir de ce que la vérité historique puisse d’une manière ou d’une autre mettre en cause les puissants. A fortiori quand ses travaux sur la collaboration n’hésitent pas à donner les noms et les actes et les preuves de ceux qui impliqués dans la collaboration auront pu poursuivre leurs œuvres par la suite sans guère être jamais inquiétés. S’étonnera-t-on de ce que des appels violents à la censure soient lancés ? S’étonnera-t-on de ce que plus insidieusement d’autres, se prétendant historiens, se lancent dans de virulentes critiques pour tenter de discréditer le travail réalisé ? Des critiques qui, loin de se confronter aux sources – cette vérité essentielle en matière d’histoire –, ne sont en réalité qu’idéologiques, forgées à ce vieil anticommunisme nauséabond dont on comprend bien qu’il soit si éructant dès lors que quiconque ose rappeler l’histoire de la Résistance en France – essentiellement menée contre l’occupant par les communistes sur le territoire national – tandis que la collaboration fut le fait des classes dominantes.

 

De fait, ces critiques violentes, injurieuses, outrancières, grossières et en définitive dénuées du moindre argument solide ne doivent apparaître que pour ce qu’elles sont : une dangereuse chasse aux sorcières.

La meilleure des réponses, au-delà du droit de réponse que l’on se doit de donner à Annie Lacroix-Riz, c’est de lire ses travaux et d’aller les vérifier et les compléter en poursuivant l’indispensable travail de recherche historique en demandant l’ouverture des archives et en confrontant les sources.

JBC pour www.initiative-communiste.fr

La Non-épuration en France de 1943 aux années 1950 : Droit de réponse d’Annie Lacroix-Riz

Des mœurs délétères de l’historiographie dominante française témoignent des articles parus depuis décembre contre La Non-épuration en France de 1943 aux années 1950 et des y afférents échelonnés depuis le 10 février. J’ai appris que se développait depuis décembre 2019 une campagne contre mon dernier ouvrage, paru chez Armand Colin en 2019, via quatre recensions surenchérissant dans l’insulte.

Celle de Jean-Marc Berlière, tenu par la communauté académique pour « l’historien français de la police » : https://hsco-asso.fr/wp-content/uploads/2020/01/Lettre-aux-amis-de-la-police-2020-2.pdf. On trouve là, entre autres, développé un thème intéressant, développé à bas bruit depuis que je suis publiée chez Armand Colin (1996), mais désormais écrit en toutes lettres : mon éditeur, avec lequel j’ai conclu un premier contrat en 1994, est désormais enjoint de me congédier.

Celle de Gilles Antonowicz, auteur d’une stupéfiante réhabilitation de Pierre Pucheu, L’énigme Pierre Pucheu, préfacée par Jean-Marc Berlière, dont j’ai rendu compte dans Le Monde diplomatique (https://www.monde-diplomatique.fr/2019/07/LACROIX_RIZ/60082) a commis : https://www.culture-tops.fr/critique-evenement/livresbdmangas/la-non-epuration-en-france-de-1943-aux-annees-1950#.XkA_X2j0k2wr

Celles de Gilles Morin, historien officiel du Parti socialiste, et grand admirateur de ses dirigeants (dont Adrien Tixier et André Philip). M. Morin me poursuit de longue date, à la fois aux Archives nationales (où il trône, parfois entouré d’une cour, comme président de « l’Association des usagers du service public des Archives nationales (AUSPAN)) et dans la revue L’OURS de l’office de recherche socialiste (https://fr.wikipedia.org/wiki/Office_universitaire_de_recherche_socialiste). La cour susmentionnée l’a escorté un soir où je m’étais plainte auprès de lui d’une attaque ad hominem dans sa revue à propos d’un de mes ouvrages dont le titre n’était même pas mentionné.

À ma connaissance, le billet « La non-histoire », dans L’OURS de décembre 2019, ci-joint, constitue la première mention précise d’un de mes livres.

Son second article, « Du mésusage des archives et de l’histoire », paru en janvier 2020 dans 20&21, n° 145 de 20&21, p. 159-168, livre contre moi, d’abord via Olivier Lecour-Grandmaison, exécuté sans réplique en 2005 (l’intéressé me l’a confirmé) une charge au vitriol, ci-jointe.

Elle fait suite à deux assauts unilatéraux, respectivement livrés en 1987 et 2012, précisés dans le texte de ma réponse également ci-joint (il y en eut peut-être d’autres mais je ne les connais pas). Elle vise à l’évidence à empêcher mon travail historique d’être désormais publié (chez Armand Colin) et à me faire taire sur Internet. Ma réplique, évidemment explicitée par la lecture de La Non-épuration, est ci-jointe.

L’attaque de M. Morin a été exaltée comme « nécessaire » et bienvenue sur Facebook, et semble-t-il aussi sur Twitter, par plusieurs de mes collègues, dont certains me sont inconnus. Je l’ai appris de deux correspondants (je suis absente des réseaux sociaux)

Leur discussion, ci-jointe (ALRVigna), est d’une virulence qui m’a sidérée, sauf, sans doute, concernant Florent Le Bot. Ce dernier ne m’a à l’évidence jamais pardonné ni un échange de 2008, critique mais fort courtois de ma part, agressif de la sienne (« Critique Fabrice Le Bot, La fabrique réactionnaire’ », pièce ci-jointe), ni mes critiques d’ouvrages, parues dans Le Monde diplomatique. Notamment celle de l’Histoire économique de Vichy, Paris, Perrin, 2017 (Fabrice Grenard, Florent Le Bot, Cédric Perrin), qui s’efforçait d’innocenter nos élites économiques calomniées par des historiens malveillants, dont moi-même, et des archives mal choisies : https://www.monde-diplomatique.fr/2019/02/LACROIX_RIZ/59554)

Comme je l’ai écrit aux intéressés, sauf à M. Le Bot, qui m’a ordonné de ne plus l’importuner, le contenu de ces « échanges », atteste que nos enfants et petits-enfants ne sont pas les seuls à être transformés par les « écrans récréatifs » crétins digitaux, pour reprendre l’expression d’un excellent ouvrage du chercheur Michel Desmurget paru en 2019.

Les propos rapportés à mon propos par un de ces collègues déchaînés, Olivier Loubes, concernant feu Pierre Laborie, sont faux et calomniateurs. Je ne me rappelle pas avoir connu M. Loubes à Toulouse, où je suis arrivée en 1985 et où il a passé l’agrégation en 1988. Mais je ne puis être formelle. Je le suis en tout cas sur la fausseté de ses accusations. Je le lui ai fait observer, arguments à l’appui ; et lui ai demandé de me présenter des excuses pour son gros mensonge, avec notre éditrice commune en copie. J’attends encore à cette date sa réponse.

La violence de Xavier Vigna, historien, tenu pour progressiste, « des mondes ouvriers » (https://idhes.parisnanterre.fr/equipe/chercheurs-enseignants-chercheurs/xavier-vigna–859195.kjsp, et rédacteur d’articles au Monde diplomatique, que je ne connaissais pas plus que d’autres intervenants, et son mépris pour la non- « historienne » que je serais, me sont incompréhensibles. « Aux armes historiens ! » a clamé récemment Le Monde diplomatique.Je ne m’attendais pas à être prise pour cible d’historiens contributeurs du mensuel. Notons que M. Vigna est membre du « comité de lecture » de 20&21 (voir l’OURS, au sens classique, de la revue).

J’ai sondé sur ces violences verbales et écrites quelques collègues que j’avais motif à croire hostiles à la chasse aux sorcières. Parmi eux figurent notamment :

Jean Vigreux, qui tient les 10 pages de 20&21 pour l’amorce d’une intéressante « controverse » et a semblé prendre pour une demande de censure (évidemment inacceptable) ma demande de rappel à l’honnêteté intellectuelle et morale de plus jeunes collègues (Xavier Vigna l’a accompagné à Dijon).

Mme Simonin, glorifiée à plusieurs reprises par M. Morin, qui oppose ses talents de chercheuse sur l’épuration à mon ignorance du métier d’historien, s’était montrée sensible, il y a environ vingt ans à des attaques unilatérales de collègues dans le quotidien Libération contre mes travaux. C’était, il est vrai, hors de la sphère publique. Elle ne m’a pas même répondu.

Ajoutons-y l’élu communiste et ancien professeur de Lettres Ian Brossat. Je l’avais (vendredi 21 juin 2019 10:13) soutenu après une attaque anticommuniste indigne d’un journaliste manifestement inculte, sans obtenir d’accusé de réception. J’ai sollicité son soutien contre ces attaques et appels à la censure définitive. Je l’attends encore à cette date.

On lira ci-dessous quelques éléments de cette quête vaine de soutien académique contre ce que je m’obstine à qualifier de chasse aux sorcières. Mais, surtout, ne pas négliger les attaques au canon de marine, où droite et fausse gauche font chorus.

Annie Lacroix-Riz

https://www.initiative-communiste.fr/articles/culture-debats/annie-lacroix-riz-denonce-faits-a-lappui-la-non-epuration-des-collabos-et-sattire-les-foudres-de-la-censure/

 

Pour commander : https://www.armand-colin.com/industriels-et-banquiers-francais-sous-loccupation-9782200277765

 


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