Ben Smith, le nouveau PDG d’Air France attendu au virage par les syndicats

par ylefebvre
samedi 8 septembre 2018

S’il a jusqu’au 30 septembre pour prendre ses fonctions, l’ex numéro deux d’Air Canada est d’ores et déjà prévenu : l’intersyndicale d’Air France n’a rien lâché dans son combat.

L’arrivée du Canadien Benjamin Smith au poste de directeur général d’AF-KLM n’a «  absolument pas réglé la question du rattrapage  » des salaires de base chez Air France, bloqués entre 2012 et 2017, a regretté l’intersyndicale dans une déclaration lue le 30 août, lors du comité central d’entreprise. Dans leur texte, les syndicats s’étonnent que «  la question des salaires [ait] trouvé une réponse rapide pour la direction générale d’AF-KLM, mais toujours pas pour les personnels d’Air France ».

Le Canadien devrait en effet toucher un salaire de 4,25 millions d’euros, soit plus du triple de son prédécesseur, Jean-Marc Janaillac. Une augmentation qui n’a pas laissé les syndicats indifférents, Benjamin Smith étant « le même qui va expliquer aux salariés d’Air France qu’il faut aller vers la modération salariale  », comme avait justement ironisé Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste.

Mais si son augmentation suscite le malaise, son passé fait naître la méfiance. Perçu comme un homme lié aux intérêts de groupes étrangers concurrents, Benjamin Smith rappelle l’influence grandissante des compagnies nord-américaines qui ne cachent plus leur volonté de prendre le contrôle des groupes européens.

Alors que le groupe Air France-KLM reste fragile, « un des alliés d’Air France figure idéalement en embuscade pour prendre le pouvoir. La compagnie américaine Delta possède déjà 8,8 % du capital d’Air France-KLM et elle pourrait être tentée d’augmenter sa participation et de s’offrir ainsi une tête de pont en Europe. Une mésaventure similaire est arrivée à Alitalia à Rome et à Iberia à Madrid, passées respectivement sous le contrôle d’Etihad (Abou Dhabi) et British Airways  », souligne Libération.

Pour le quotidien, comme pour les syndicats, une autre issue reste malgré tout possible. Connu pour avoir réussi à trouver d’importants accords sociaux avec les personnels d’Air Canada, Benjamin Smith « pourrait être tenté de proposer aux syndicats d’Air France une augmentation de salaires  », estime un membre du CA. Pour l’instant, une chose est sure : les intéressés attendent le nouveau PDG au tournant.

 


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