Tous rapporteurs ?

par Emily Turrettini
jeudi 25 août 2005

Des initiatives lancées par des autorités publiques de différents pays se multiplient, où les citoyens sont sollicités à envoyer par SMS ou MMS, des infos sur d’autres citoyens.

Je publie plusieurs blogs en anglais qui suivent l’évolution de la téléphonie mobile, et depuis quelque temps, je vois paraître des articles concernant des initiatives lancées par des autorités publiques de différents pays se multiplier, où les citoyens sont sollicités pour envoyer par SMS ou MMS, des infos sur d’autres citoyens.

Malte et Jakarta ont tous deux récemment lancé des initiatives pour lutter contre la pollution et sollicitent par SMS, les numéros d’immatriculation des voitures polluantes. Le Conseil Municipal de Harlow (UK) encourage ses habitants à prendre en photo toute personne ou groupe de personnes manifestant un comportement "anti-social" ou tout acte de vandalisme. En Indonésie, le Ministère de la Santé sollicite des SMS pour déceler où se trouvent des irruptions de maladies contagieuses. Et encore, le Ministre de Transport de Malaisie demande à ses citoyens de prendre en photo ceux qui commettraient une effraction au code de la route, et de la leur envoyer par MMS. La photo paraissant ensuite sur Internet sur un site intitulé "the Hall of Shame", ou "le Hall de la Honte", aux yeux de tous.

Je vois une différence entre ces initiatives encourageant la délation citoyenne - où je crains le dérapage, et celle, positive, du citoyen reporter qui volontairement envoie une photo ou une vidéo prise lors d’un événement, offrant ainsi un témoignage précieux de l’actualité. Ou encore l’appel fait par Scotland Yard aux Londoniens d’envoyer leurs photos des scènes d’attentats afin de les aider à trouver les coupables. Ici, il s’agissait de sécurité nationale.

Pour les cas cités précédemment, je ne vois pas quelles sauvegardes pourraient être mise en place pour éviter les abus ou la mise en accusation d’innocents. Sur le site web denonciation.comdenonciation.com, il est écrit "la dénonciation est un acte civique, à l’opposé de la délation qui elle est un acte révoltant et inacceptable de nos jours". Saurons-nous toujours faire la différence ?

Et si grâce aux nouvelles technologies et comme le soulignait récemment Libération, nous sommes tous des reporters, n’y a t il pas un risque réel que nous ne devenions tous des rapporteurs ?


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