Les solutions de la BCE face à une crise économique

par Charles Carpentier
lundi 22 août 2022

Face aux crises économiques que nous vivons actuellement, l’économie se détériore : la dette publique augmente (98,1% du PIB en 2019 contre 115,1% du PIB en 2020), l'emploi chute (recule de 0,9% en 2020) et l’inflation diminue le pouvoir d'achat de nos ménages.

Mais alors comment les banques centrales peuvent-elles influer positivement sur la situation économique des différentes zones régulées ?

Les chefs d’orchestres de ces politiques monétaires sont en effet les banques centrales. Dans la zone Euro, c’est la B.C.E. dirigée par Christine Lagarde (ancienne directrice générale du F.M.I.) qui choisit quelle politique appliquer au sein de l’Eurosystème. L’objectif de ces politiques monétaires est de ré-engendrer une croissance (ou l'inverse) tout en retenant l’I.P.C.H. (Indice des Prix à la Consommation Harmonisée), plus connue sous le nom d’inflation, en dessous des 2%.

On distingue deux types de politique monétaire : la politique conventionnelle et la politique non conventionnelle qui, née de la crise des subprimes de 2008, est mise en place quand la conventionnelle s’avère inefficace.

Parmi les politiques monétaires conventionnelles, on retrouve celles reposant sur le T.I.D. (Taux d'Intérêt Directeur) : c’est le taux auquel la B.C.E. prête de l’argent aux banques de second rang (B.S.R.). 

On distingue dès lors : 

➔ La politique monétaire de relance. Cette dernière consiste pour la B.C.E. à diminuer le T.I.D. Cela va entraîner une augmentation de la masse monétaire qui va entraîner une hausse de la demande de biens et services, qui elle-même, va accroître la production, donc l’emploi et enfin, les recettes publiques.

➔ La politique monétaire de rigueur (ou d’austérité). Cette dernière consiste cette fois à rehausser le T.I.D, qui entraînera une baisse de la masse monétaire (car moins d'argent sera emprunté par les ménages). Cela aura pour conséquence de diminuer la demande et donc la production de biens et services, ce qui provoquera une désinflation. Le but de cette politique est de limiter l’inflation et ainsi de modérer une économie qui s'emballe.

La B.C.E. peut aussi opérer des opérations de refinancement :

➔ Parmi elles, on trouve les opérations d’open market c’est-à-dire des interventions sur le marché interbancaire (lieu où les établissements de crédit s’octroient mutuellement des prêts en monnaie centrale) de la part de la banque centrale qui achète et vend de titres.
➔ La banque centrale de l’EuroSystème peut aussi appliquer les facilités permanentes. Elles permettent de fournir ou de retirer des liquidités, de manière automatisée ou à l’initiative des établissements de crédit. Les taux de rémunération sont décidés par la Banque Centrale Européenne (BCE).

Enfin, les réserves obligatoires sont des dépôts obligatoires des établissements financiers auprès de la banque centrale. Ces derniers ne sont pas forcément rémunérés (cela dépend du pays). Le montant de la réserve constitue un pourcentage (coefficient de réserve) de l’encours de leurs dépôts. En modifiant les coefficients de réserve, la banque centrale agit directement sur la liquidité bancaire.

Aux politiques que je viens de décrire, peuvent s’ajouter les nouvelles politiques monétaires, dites NON conventionnelles : elles ont été imaginées après l’enfer de la crise de 2008. A la suite du constat de l’inefficacité de la baisse du T.I.D. par les banques centrales, ces dernières imaginent des mesures non conventionnelles. Parmi elles, figurent le "quantitative easing” et le “qualitative easing”.

En premier lieu la banque centrale peut pratiquer le quantitative easing. Cette dernière consiste pour la banque centrale à intervenir de façon massive, généralisée et prolongée sur les marchés financiers en achetant des actifs aux banques. Les actifs achetés par la B.C.E. sont principalement des obligations émises par les États de la zone euro, achetées sur le marché secondaire. En achetant massivement des titres aux banques, les banques centrales augmentent la liquidité en circulation et font baisser les taux d’intérêt, agissant ainsi indirectement contre le risque de déflation et le ralentissement de la croissance. En bref, le quantitative easing permet d'accroître la quantité de liquidité dont disposent les banques.

La B.C.E. peut aussi appliquer la politique de qualitative easing qui consiste à fournir des liquidités à taux fixe en répondant favorablement à toutes les demandes des banques. Financer les ménages et les entreprises devient alors beaucoup moins risqué. Les taux d’intérêt baissent, donc les ménages et les entreprises peuvent assumer des crédits et financer leurs activités. Cette pratique s’appelle le “qualitative easing” (assouplissement qualitatif). Par exemple, la B.C.E. a, entre 2011 et 2012, prêté aux banques plus de 1000 milliards d’euros à 3 ans et avec un taux d'intérêt de 1%.

Selon Alain Beitone, Emmanuel Buisson-Fenet, Christine Dollo et Emmanuel le Masson (co-auteur.e.s de l'ouvrage Économie) les banques centrales ont tendance à combiner les 2 types d’interventions.


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