De AUTEUR à AUTEURICE : la novlangue WOKE en roue libre ?

par Jean-Luc ROBERT
vendredi 16 mai 2025

Le mot “auteurice”, récemment apparu dans certains milieux militants et universitaires, est bien plus qu’une simple curiosité linguistique. Il condense à lui seul toute une idéologie, celle de la novlangue woke, qui prétend façonner la réalité au nom d’une égalité sans fin. Ce néologisme, à la croisée d’“auteur” et d’“autrice”, incarne une logique militante qui ne connaît plus de limites.

Une évolution sans fin ?

Nous sommes passés — sans débat public réel — de “auteur” à “auteure”, puis à “autrice”, terme ancien mais remis au goût du jour par un souci légitime de visibilité féminine. Mais cela ne suffisait visiblement pas. Aujourd’hui, voici venir “auteurice”, présenté comme un mot “inclusif”, neutre, égalitaire, universel.

Et demain ? Quel sera le prochain mot ? Quelle syllabe, quel suffixe, quelle chimère devra-t-on inventer pour rester dans la course à la conformité linguistique ? Car il s’agit bien d’une course. Une course sans ligne d’arrivée.

Une soif d’égalité... jusqu’au grotesque ?

Ce qui interpelle n’est pas tant la volonté d’inclusion — qui peut se discuter, se défendre, s’expliquer — que le refus assumé de toute limite. Une fois qu’on a admis que la langue doit se plier aux revendications identitaires, plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. Chaque mot devient suspect, chaque genre grammatical, un oppresseur potentiel. Et à force de vouloir tout aplatir, on finit par rendre la langue illisible, imprononçable, et vide de sens.

L’idéologie à l’œuvre n’a rien d’innocent. Elle installe une norme morale déguisée en réforme linguistique, et fait peser un soupçon sur ceux qui refusent de l’adopter. Refuser “auteurice” ? C’est risquer d’être catalogué rétrograde, voire réactionnaire. Un comble, pour celles et ceux qui défendent simplement la clarté, la beauté, et la cohérence de la langue française.

Autrice : un mot légitime sacrifié ?

Il faut le dire clairement : “autrice” avait trouvé une forme d’équilibre. Un mot attesté historiquement, porteur d’une légitimité culturelle, et apte à rendre visible la place des femmes dans la création. Mais ce mot-là ne suffisait pas. Il fallait aller plus loin. Toujours plus loin. Jusqu’à “auteurice”, qui n’appartient plus à la langue, mais à l’idéologie pure.

Affaire à suivre…

Aujourd’hui, “auteurice”. Et demain ? “Professeureux” ? “Docteur·e·x” ? “Ministreux·e·sse” ? Le problème n’est pas l’évolution de la langue — qui est naturelle — mais son instrumentalisation, sa mise au service d’une vision militante qui refuse la nuance, l’histoire et la beauté du mot juste.

Oui, l’égalité est une valeur fondamentale. Mais toute quête d’égalité poussée jusqu’à l’absurde finit par produire l’effet inverse : le rejet, la lassitude, et parfois même... le ridicule.

À suivre, donc. Et à surveiller.

www.jeanlucrobert.fr


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