Le Tragique et l’Infini

par politzer
samedi 17 mai 2025

Macbeth 2.0 : La Tragédie Shakespearienne à l’Ère des Crimes Sociaux et de l’Héroïsme Quotidien
 
Dans l’ombre de l’infini, où l’existence humaine oscille entre grandeur et perte, Macbeth de William Shakespeare demeure une tragédie intemporelle, dont les échos résonnent dans les drames de l’ère contemporaine. Loin d’être une relique du passé, Macbeth se réinvente en 2.0, ses thèmes – ambition destructrice, violence, culpabilité, héroïsme – s’entrelacent avec des tragédies modernes comme le crime social et raciste de Crépol (2023), l’épuisement de l’ouvrier bâtisseur de cathédrales, ou le destin inachevé de figures comme Nikola Tesla. Cette réflexion s’inspire d’une vision philosophique selon laquelle tout – vie, mort, amour, labeur – découle de l’infini. Rejetant l’absurde, elle proclame l’existence tragique, un combat chargé de sens mais marqué par l’injustice et la finitude, sublimé par l’héroïsme. À travers Macbeth, la tragédie d’hier éclaire les luttes d’aujourd’hui, de l’Écosse médiévale aux rues de Crépol.
 
L’Infini : Le Cadre du Tragique
 
L’infini, dans ses dimensions grande et petite, forme la toile de fond de cette tragédie. L’infiniment grand – un univers sans limites de galaxies – captive l’imagination humaine, tandis que l’infiniment petit – le royaume des particules quantiques – demeure insaisissable, accentuant l’ignorance collective. La conscience cultivée, bien que capable de poser des questions profondes, se heurte à ces limites, réduisant l’humanité à des « marionnettes perdues » et de simples « briques » dans l’édifice cosmique. Dans Macbeth, cet infini se manifeste à travers les prophéties des sorcières, évoquant un futur insondable qui manipule le destin du héros. L’infiniment petit, quant à lui, se reflète dans les « scorpions » de l’esprit de Macbeth, une psyché tourmentée où les conflits intérieurs défient toute compréhension.
L’infini confère du sens : dans un univers spatialement infini, des doubles exacts répètent chaque vie, chaque émotion, chaque lutte, offrant une éternité aux histoires affectives. Temporellement, les atomes se transforment en matière éternelle, recyclés dans le cosmos, liant chaque individu à l’éternité. Mais l’infini impose aussi la tragédie : son immensité condamne à l’inachèvement, les aspirations humaines brisées par la mort ou l’injustice.
 
Macbeth : Une Tragédie Intemporelle
 
Macbeth incarne la tragédie aristotélicienne, mettant en scène un protagoniste de grande stature dont une faille fatale précipite la chute, suscitant pitié et terreur. Macbeth, noble guerrier écossais, débute comme un héros loyal au roi Duncan. Son ambition dévorante, attisée par les sorcières et Lady Macbeth, devient son hamartia, le poussant à commettre des meurtres – Duncan, Banquo, la famille de Macduff – qui entraînent sa descente vers la damnation. Cette tragédie n’est pas absurde, mais pleine de sens : l’ambition de Macbeth vise la grandeur, un trône promettant l’éternité. Pourtant, sa chute – rongé par la culpabilité, isolé, tué par Macduff – incarne une perte tragique, un destin inachevé.
Cette tension entre sens et perte trouve un écho dans les drames contemporains, où des efforts héroïques sont brisés par l’injustice. Macbeth 2.0 relie cette pièce à des tragédies modernes, marquées par la violence et la quête de sens.
 
Crépol : Le Macbeth des Rues
 
Le crime de Crépol, où Thomas, 16 ans, a été tué au couteau lors d’un bal de village le 18 novembre 2023, est un écho tragique de Macbeth. Ce n’est pas un simple « fait divers », mais un crime social et raciste, enraciné dans des fractures sociétales profondes. Des témoignages, relayés sur les réseaux sociaux et dans certains médias, indiquent que les agresseurs, issus de communautés immigrées, ont ciblé des participants « blancs », avec des phrases comme « on est là pour planter des blancs ». La justice n’a pas retenu le motif raciste, une décision qui alimente l’indignation et un sentiment d’injustice. Loin d’être une affaire « enterrée », Crépol reste un cri vibrant contre l’oubli, car banaliser ce meurtre reviendrait à « tuer deux fois » Thomas, en massacrant le potentiel émotionnel de sa famille – leurs liens d’amour, leurs espoirs d’avenir.
Comme les meurtres de Macbeth, qui déclenchent des tragédies corrélées – chaos social, vengeance –, Crépol fracture une communauté, laissant le père de Thomas, ses amis et le village dans le deuil. Cette violence, comparable à celle des « décapitations », brise des vies par haine ou division, à l’image de l’ambition destructrice de Macbeth. Mais Crépol suscite l’héroïsme : la communauté, par ses manifestations et ses appels à la justice, refuse l’oubli, luttant pour que la mémoire de Thomas inspire un changement social, sublimant la tragédie.
 
L’Ouvrier : Le Bâtisseur de Cathédrales
 
L’existence de l’ouvrier, comparée à une abeille travaillant sans relâche jusqu’à sa mort, mécaniquement, sans espoir de repos ni de santé, incarne un tragique quotidien. Cette vie d’épuisement, où le corps s’use sous le poids du labeur, reflète la finitude et l’ignorance face à l’infini : l’ouvrier manque de temps pour contempler les étoiles ou explorer l’infiniment petit. Pourtant, cette tragédie est sublimée par la figure du bâtisseur de cathédrales, un héros anonyme dont le travail contribue à une œuvre grandiose, dépassant son existence. Comme Macbeth, qui cherche l’éternité à travers le pouvoir, l’ouvrier bâtit un legs durable, mais sa tragédie réside dans son sacrifice silencieux.
Dans le contexte moderne, cet héroïsme au quotidien résonne : les ouvriers – dans les usines, les chantiers, les services – soutiennent la société, permettant la perpétuation de l’humanité. Leur tragédie, marquée par la précarité, est transcendée par leur contribution, une cathédrale invisible pour les générations futures.
 
Nikola Tesla : L’Inventeur Méconnu
 
Le destin de Nikola Tesla, génie visionnaire de l’électricité, illustre une autre facette du tragique. Inventeur du courant alternatif et de technologies révolutionnaires, Tesla a repoussé les limites de l’ignorance, mais il est mort en 1943, pauvre et méconnu, ses travaux souvent éclipsés par d’autres, comme Edison. Sa quête, visant à éclairer l’humanité, était pleine de sens, mais son inachèvement – mourir sans voir la reconnaissance de son génie – est tragique. Comme Macbeth, Tesla aspirait à une forme d’éternité, mais la société l’a trahi, le laissant isolé.
Pourtant, l’héroïsme de Tesla sublime cette tragédie : ses inventions, aujourd’hui au cœur de la technologie moderne, forment une cathédrale intellectuelle, éclairant le monde bien après sa mort. Son sacrifice, parallèle à celui de l’ouvrier, transcende la perte personnelle.
 
Autres Figures Tragiques
 
D’autres exemples enrichissent cette tragédie contemporaine :
  • L’enfant perdu, brisant l’amour parental, évoque la douleur de Lady Macbeth, hantée par la perte implicite d’un enfant.
  • Le communiste fusillé par les nazis aux cris de :" vive le parti communiste allemand !", sacrifiant sa vie sans voir Stalingrad ou Berlin, rappelle Macbeth, dont l’ambition s’effondre. Son héroïsme, contribuant à la victoire, sublime sa perte.
  • Le père voyant son fils tomber, à la guerre "pour le roi de Prusse"ou à Crépol, partage la terreur de Macduff, dont la famille est massacrée. Son héroïsme, luttant pour la justice, transcende la douleur.
Ces figures, comme Macbeth, sont tragiques car leurs efforts – amour, idéal, transmission – sont brisés, mais leur héroïsme les élève au-dessus de l’absurde.
 
Le Devoir de Perpétuer et de Lutter
 
Face à ce tragique, un dessein émerge : le premier devoir naturel et social est de perpétuer l’espèce par la procréation. Faire des enfants défie la mort et l’ignorance, prolongeant les histoires affectives et le rôle d’observateurs de l’infini. Ce devoir est menacé par des forces nuisibles : maladies, catastrophes, et surtout la violence, comme à Crépol, où la haine raciste a fauché une vie. L’ouvrier, par son labeur, soutient ce devoir, bâtissant un monde où la procréation est possible. Tesla, par ses inventions, a facilité la survie moderne, contribuant indirectement à ce projet. Combattre ces forces – par la justice, l’éducation, la cohésion sociale – est un acte héroïque, transformant la tragédie en Destin.
 
L’Héroïsme : Sublimer le Tragique
 
Macbeth 2.0 sublime le tragique par l’héroïsme, une affirmation courageuse de la vie. Macbeth, dans son acte final, lutte jusqu’à la mort contre Macduff, un héroïsme tragique affirmant sa dignité malgré ses crimes. De même :
  • À Crépol, la communauté incarne l’héroïsme, refusant l’oubli de Thomas, affrontant les racines racistes du crime.
  • L’ouvrier, bâtisseur de cathédrales, transforme son labeur tragique en une œuvre éternelle.
  • Tesla, persistant malgré l’adversité, éclaire le monde par ses inventions.
  • Le communiste, le père endeuillé transcendent leur perte par leur sacrifice ou leur lutte.
Cet héroïsme, ancré dans l’infini, sublime la tragédie : les doubles éternisent les efforts, les atomes persistent comme matière éternelle, et les enfants portent l’héritage.
 
Un Conte : Les Étoiles de la Mémoire
 
Dans un conte poétique, l’infini cache un secret. À Crépol, Thomas dansait sous les étoiles, son rire mêlé à celui de ses amis. Quand la haine raciale vola son souffle, ses molécules, empreintes de joie, devinrent des étoiles. À travers l’infini, elles cherchèrent celles de sa famille, formant des constellations d’amour. Les molécules de l’ouvrier, usé par le labeur, rejoignirent celles des bâtisseurs, formant des cathédrales célestes. Celles de Tesla, marquées par son génie, scintillèrent dans les réseaux électriques du cosmos. Dans ce conte, la tragédie demeure, mais l’héroïsme – de Crépol, de l’ouvrier, de Tesla – brille, guidant les générations dans l’éternité.
 
Conclusion : Macbeth 2.0, une Tragédie Sublime
 
Macbeth est une tragédie intemporelle, dont la version 2.0 résonne en 2025. Comme Macbeth, l’humanité est héroïque mais tragique, déchirée par la violence, le labeur, ou l’ambition, mais sublimée par le courage. Crépol, un crime social et raciste, n’est pas enterré : c’est un appel à l’héroïsme, refusant que Thomas soit tué deux fois par l’oubli. L’ouvrier bâtit des cathédrales, Tesla illumine le monde, leurs tragédies transcendées par leur legs. Dans l’infini, source de tout, les doubles, les atomes, les enfants portent ce combat. Héros tragiques, éphémères mais éternels, le courage humain est un chant défiant dans le silence du cosmos.


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