Pourquoi je joue aux échecs presque tous les jours

par Franck ABED
lundi 28 avril 2025

 

 

Il y a dans le jeu d’échecs quelque chose de fascinant qui dépasse la simple distraction. C’est un espace clos, limité à 64 cases, où pourtant l’infini se déploie. C’est un monde dans lequel j’entre chaque jour — non pas pour fuir le réel, mais pour m’y exercer autrement.

 

Les échecs me forcent à la concentration. Ils réclament de moi une vigilance que peu d’autres activités exigent. En face, une position. Une menace. Une possibilité. Chaque mouvement compte, chaque inattention se paie. Il n’y a pas de place pour la distraction : pendant une partie, je suis totalement présent.

 

Mais plus qu’un exercice de concentration, les échecs sont une école du plan. Il ne suffit pas de répondre à l’instant, il faut préparer, organiser, construire. Cela m’apprend à penser sur plusieurs temps, à ne pas me précipiter, à entrevoir les conséquences. Mettre en place une stratégie, déployer une tactique, attendre le bon moment pour frapper : tout cela développe en moi une rigueur et un sens de la vision à long terme.

 

Et puis, j’aime aussi l’intensité du blitz. Les parties de trois minutes — ou parfois même d’une minute — exigent une autre forme d’intelligence : la vivacité. Il faut aller vite, jouer juste, être percutant. C’est presque un art martial mental : ne pas se laisser submerger, savoir improviser sans perdre l’équilibre, faire confiance à son instinct.

 

Ces duels éclairs me forcent à m’adapter. Je ne suis plus dans la lente construction, mais dans l’attaque fulgurante, la riposte immédiate. Et malgré le stress, il y a du plaisir à sentir son cerveau s’accélérer, à dompter le chaos en temps réel.

 

Je joue presque tous les jours parce qu’à chaque partie, je m’exerce à mieux penser. Parce que je retrouve, dans ce jeu ancien, une forme de discipline intérieure. Et parce qu’il y a, dans le simple fait de déplacer une pièce au bon moment, une satisfaction profonde : celle de s’être compris soi-même.

 

 


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