PS à la sauce hollandaise

par Bernard Lallement
jeudi 10 novembre 2005

Comme il fallait s’y attendre, la motion soutenue par la direction nationale sort victorieuse du vote des militants avec environ 55 % des suffrages. L’indiscipliné Laurent Fabius est le grand perdant, avec environ 20 % des mandats, et crie à la triche. Jean-Luc Mélenchon dénonce, même, un « résultat arrangé. »
Dans le paysage politique actuel, les socialistes n’ont pas les moyens d’une division, tant ils sont en mal de lisibilité. Certes, le vote des sections renforce l’autorité du Premier secrétaire, mais il n’est pas sûr qu’il soit en mesure de mettre un frein aux nombreuses ambitions élyséennes déclarées.


Il est vrai que la droite, elle non plus, ne se présente pas dans une totale unité, malgré l’avance certaine qu’a prise Nicolas Sarkozy sur ses challengers éventuels.
Quoi qu’il en soit, seuls Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius ont la stature nécessaire pour prétendre diriger le pays... L’ancien Premier ministre sort minoritaire et sa motion recueille nettement moins de voix que celle qu’il avait présentée au congrès de Rennes. Il reste le mal aimé d’un parti où la « chasse au Fabius » a toujours été le sport favori. Quant à l’ancien ministre des finances, il a contre lui un certain dilettantisme et une multitude de prétendants, au sein de son propre camp, qui ne manqueront pas de faire monter les enchères.
Dans ce contexte, il n’est pas sûr qu’attendre novembre 2006 pour désigner celui qui portera les couleurs du parti en 2007 soit la meilleure des solutions. Car il reste aux socialistes à présenter une alternative résolue, et crédible, à la politique droitière actuellement menée. Or, le jeu des ego présidentiables risque d’occulter un nécessaire débat de clarification idéologique.
Si, selon un sondage CSA, 48 % des Français estiment que le PS représente le mieux les idées de gauche, les socialistes ne sauraient, pour autant, prétendre incarner toute la gauche. Ils doivent, encore, prendre conscience que la réalité du pays est loin d’être celle de l’appareil.

L’alternance de gauche pour la présidentielle n’est, décidément, qu’une simple hypothèse. Aussi, le congrès du Mans ne sera-t-il qu’une étape. Le plus dur reste à venir.

Photo sipa


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