Publicité EDF - « C’est ŕ nous »
par Piotr
vendredi 11 novembre 2005
Cette publicité révèle une perception négative de la propriété collective. Pour parler avec fierté devant ses enfants, en admirant une centrale électrique nucléaire, un parc d’éoliennes et un barrage hydroélectrique, le père de famille déclare : « J’ai acheté des actions, c’est à nous ». Et avant, c’était à qui ?
Si vous n’avez pas vu la pub de l’E.D.F., cliquez d’abord ici
Maintenant essayons de décrypter le message :
Quand l’E.D.F. était publique, elle était à qui ? A nous, à nous les citoyens ? Sans doute que non, car la publicité nous fait bien comprendre que pour dire "C’est à nous", il faut être actionnaire. Comment s’étonner que le citoyen ne se sente pas concerné par le bien, les biens publics. Insidieusement, une telle publicité veut nous faire penser qu’un bien collectif n’appartient pas au citoyen.
Alors doit-on s’étonner du manque de respect des biens publics, de la dégradation dans les lieux publics, et même, en ce mois de novembre 2005, des détériorations graves des espaces publics, écoles, moyens de transport, etc. ?
Même s’il n’y a pas de lien direct entre la
"casse" et une telle publicité, il existe cependant un rapport. A
déposséder le grand nombre des biens collectifs, la "fracture sociale"
ne peut que s’élargir. Inconsciemment, le message est transmis et
certainement reçu : hier les Telecom, aujourd’hui les autoroutes et
l’E.D.F., demain pourquoi pas les écoles, les prisons... Celui qui ne peut pas être "actionnaire" sera totalement dépossédé.
Messieurs les décideurs, tout a un prix. Une publicité comme celle-là a un prix difficile à mesurer mais certainement très élevé dans l’évolution des mentalités. Un simple contre exemple, pour apprendre à respecter le bien public. A Reykjavick, en Islande, vers 8 heures le matin, je rencontre une lycéenne de 16 ou 17 ans qui entretient les fleurs dans un jardin public. Surpris, je l’interroge. Elle m’explique que tous les lycéens assurent chaque matin une heure d’entretien dans les lieux publics. Tout est possible.... si l’on veut bien réfléchir à ce que l’on fait.