Clubhouse : pour ou contre ?

par La Baronne verte
vendredi 29 juillet 2022

Clubhouse : pour ou contre ?

 

Avantages et inconvénients du nouveau réseau social en vogue Clubhouse

 

Avez-vous déjà entendu parler de Clubhouse ? Fraichement débarquée de la Silicon Valley, cette application est l’une des dernières sensations en matière de réseau social. Conversations en direct, accès par parrainage, Clubhouse affiche son exclusivité doublée d’un redoutable sens de la communication. Développée en avril 2020 par deux jeunes entrepreneurs, elle compte aujourd’hui 1,3 million d’utilisateurs à travers le monde. Un succès retentissant qui invite à s’interroger sur la pertinence et les limites de ce nouveau modèle de réseautage. Clubhouse, bonne ou mauvaise idée ?

 

Clubhouse : la «  radio libre  » sélective des réseaux sociaux

 

L’application Clubhouse repose sur deux piliers : l’audio et l’exclusivité. Les utilisateurs sont invités à créer et participer à des conversations sur des sujets divers et variés en fonction de leurs intérêts. Il est donc possible d’aborder des thématiques telles que la culture, l’astronomie, le féminisme, le poulet-coco-curry, etc. Il suffit de filtrer en fonction de ses affinités et d’explorer les salons de causeries, un peu comme lorsqu’on badine d’une table à l’autre dans une soirée avant de jeter son dévolu sur celle qui fait le plus de bruit. En rejoignant une «  room  », l’utilisateur devient un auditeur. Il ne peut prendre la parole que s’il le demande et sur autorisation hégémonique des administrateurs. Il est aussi possible de créer son propre salon de discussion privé avec ses contacts et amis pour s’introniser khalife à la place du khalife.

Outre le côté oral de la plateforme, Clubhouse n’est pas ouvert à M et Mme tout le monde. Il n’est envisageable d’intégrer le programme qu’à deux conditions : être l’heureux possesseur d’un iPhone et être parrainé par un autre adepte de la marque à la pomme. Au moment de son «  onboarding  », le «  clubhouser  » fraichement introduit reçoit deux invitations, qu’il peut distribuer à sa guise. Impossible d’accéder à l’application sans ce précieux Graal. Une fois immergé dans le métavers de Clubhouse, tout est réalisable ! À travers cette interface, vous avez l’occasion d’écouter et d’échanger avec des personnalités connues. Une perspective alléchante, n’est-ce pas ?

 

Un réseau social inédit aux nombreux atouts

 

Si tout le monde parle de Clubhouse, c’est en grande partie pour son côté «  select  » qui attire les curieux. Très en vogue, la participation des célébrités a décuplé son attrait. Dès son lancement, Elon Musk, Oprah Winfrey et Bill Gates sont très actifs sur la plateforme. Il n’en faut pas plus pour faire décoller Clubhouse. L’impression d’accessibilité et de proximité à des sommités ainsi que l’échange «  on air  » sont plus marqués sur cette application que sur les autres réseaux sociaux. Le sentiment d’appartenance est intensifié par l’intimité induite par les débats «  de vive voix  ». Le contenu sur Clubhouse n’est pas enregistrable, ce qui amplifie le caractère unique et inédit des conversations. Si vous ne participez pas à une discussion lorsqu’elle a lieu, vous ne pourrez pas l’écouter en replay. Quand c’est raté, c’est raté ! Une exclusivité qui pousse la dopamine à son paroxysme et renforce l’aspect addictif de la fonctionnalité.

Vous l’aurez compris, Clubhouse est l’application «  hype  » par excellence. Au-delà de son attrait purement divertissant, elle est également un formidable tremplin professionnel. Au même titre que LinkedIn, elle agit comme un catalyseur qui séduit les entrepreneurs. La plateforme offre l’opportunité d’établir des liens communautaires et professionnels. Une aubaine qui permet de décloisonner le monde du travail et surtout de multiplier les occasions de «  faire des affaires  ». Moins formel qu’une visioconférence et basé sur le partage de conversations et d’échanges spontanés, Clubhouse réinvente les codes du réseau. Rafraichissant et décomplexé, il invite à une socialisation affranchie des techniques de prospection et de recrutement dogmatiques.

 

Traitement des données utilisateurs et du respect des RGPD : les limites de Clubhouse

 

Nouvel espace de parole libertaire, eldorado professionnel, Clubhouse est un réseau social inspirant et attractif. Néanmoins, en janvier 2021, le programme est mis en cause en Europe. Une association de consommateurs dénonce de graves lacunes juridiques et le non-respect des règles RGPD. Pourquoi ? Parce que Clubhouse importe automatiquement la totalité des contacts de chaque utilisateur et crée un profil à chacun d’entre eux, qu’ils aient téléchargé l’application ou pas. De plus, les usagers de la plateforme n’ont pas le droit d’enregistrer les conversations des salons sous peine d’exclusion, mais Clubhouse en revanche ne se gêne pas pour sauvegarder tous les échanges qui ont lieu sur l’interface.

La question du transfert et de la vente de données intimes se pose donc, sous-jacente. Clubhouse est un réseau social gratuit et exempt de publicité. Or, ce genre de modèle économique équivaut souvent à une grande braderie d’informations personnelles. En France, la CNIL a reçu une pétition de plus de 10 000 signatures contre Clubhouse pour atteinte à la vie privée. L’enquête devra confirmer si la start-up respecte bien les RGPD. Les données individuelles sont toujours convoitées. Dans le doute, rester méfiant et se protéger grâce à des outils de confidentialité (VPN, gestionnaire de mot de passe, etc.) demeure la meilleure option.

 

L’avenir discutable et incertain de l’application Clubhouse

 

La grande question concernant le futur de Clubhouse reste celle de la modération. En effet, celle-ci paraît difficile à opérer sur des contenus audios en direct, et peut poser des problèmes si l’audience est pervertie. Dans une société où la désinformation est de plus en plus mise en cause, Clubhouse est montrée du doigt comme un relai hors de contrôle de propagation de fake news. L’application s’est ainsi fait critiquer pour le manque de modération de ses salons de conversations, ainsi que pour harcèlement. Fausses rumeurs, théories du complot liées au vaccin contre la Covid-19 ou à la 5G, discours antisémites, propos haineux envers la communauté LGBTQ, les dérives sont nombreuses.

Le deuxième point noir concernant le futur de Clubhouse est celui de la concurrence. Sur le marché des réseaux sociaux, rien ne reste nouveau très longtemps. La plupart des autres canaux de communication s’engagent dans l’arène et organisent la sortie imminente d’une fonctionnalité audio sur leur plateforme. Twitter déploie «  Spaces  » (disponible sur iOS et sur Android), Telegram lance «  Voice Chat 2.0  » et les GAFAM ne sont évidemment pas loin derrière. Finalement, ce sont plus de 30 acteurs qui prévoient l’adoption d’une application similaire à Clubhouse. La mort du réseau serait-elle déjà annoncée ?

 

Clubhouse prône la liberté des échanges et offre de toutes nouvelles perspectives en matière de liens interpersonnels. Son potentiel est immense d’un point de vue économique. Basée sur un modèle gratuit et sans publicité, la start-up a franchi le cap symbolique du milliard de dollars de valorisation. Les limites de la plateforme sont néanmoins indéniables : absence de modération, statut juridique discutable, concurrence accrue, etc. Dans une société ou les réseaux sociaux font rimer communication avec désinformation, ce modèle peut-il être maitrisé et apporter une réelle plus-value pour les générations futures ?

 

Sources :

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/02/10/tout-comprendre-a-l-application-clubhouse-etoile-montante-des-reseaux-sociaux_6069436_4408996.html

https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2021/03/06/clubhouse-le-nouveau-salon-ou-l-on-cause_6072183_4500055.html

https://www.phonandroid.com/clubhouse-tout-savoir-sur-le-reseau-social-dont-tout-le-monde-parle.html

 


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