Le pic de neuvième vague est passé. Fin provisoire du Covid

par Bernard Dugué
vendredi 16 décembre 2022

 

 I) Nous venons de passer le pic de la neuvième vague et sauf surprise, les contagions vont aller en diminuant sans que l’on ne puisse anticiper la vitesse de décrue. Les chiffres fournis par SPF à une semaine d’intervalle sont significatifs. Le lecteur pourra se référer au schéma et constater une similitude en durée et amplitude avec la huitième vague bien que le variant ait changé. Les chiffres du mardi sont toujours supérieurs car ils incluent le rattrapage du WE.

mardi 6 : 106 000

mercredi 7 : 76 000

mardi 13 : 97 000

mercredi 14 : 70 000

 

 II) Brève histoire des neuf vagues

 

 1 et 2) L’historique des vagues permet de comprendre comment a évolué la pandémie, avec trois phases, la première en 2020, avec deux premières vagues très agressives mais moins contagieuses que les vagues de 2022, avec les variants historiques, désignés en nomenclature Gisaid par 20A et 20 B, ces deux variants étant dominants face au 20E qui n’a pas percé. Ils ont été précédés par 19A et 19B.

 

 3, 4 et 5) En 2021 deuxième phase, trois vagues ont suivi avec une vaccination croissante des populations. D’abord le variant alpha, en hiver, puis le variant delta en été et une reprise technique en fin d’automne. Les données indiquent que la vaccination a réduit les formes graves sans que l’on ne dispose d’un chiffre exact sur la protection qui a été constatée.

 

 6a) La fin de la vague delta a coïncidé avec une sixième vague et un changement de physionomie de l’épidémie ce qui initié une troisième phase très différente des précédentes. Le variant (ou virus) nouveau Omicron est apparu et a fait flamber les contaminations fin décembre 2021. Le variant 21K (BA1) a été dominant en janvier 2022.

 

 6b) Une septième vague s’est superposée avec le variant 21L (BA2) et n’a pas été répertoriée, fusionnée avec la précédente. La létalité a été assez faible compte tenu du pic des contaminations chiffré à 350 000 par jours. Le Portugal a été aussi affecté et le Danemark qui avait levé presque toutes les restrictions. En France, passe sanitaire devenu passe vaccinal, population vaccinée à plus de 80%, masque obligatoire dans les transports et tous les lieux fermés, y compris les écoles. Résultat, 350 000 contaminations. Le lecteur saura tirer les conclusions sur l’efficacité de ces mesures. En espérant qu’une commission d’enquête se penche sur cette affaire, avec les données des autres vagues.

 

 7) Un nouveau variant a circulé lors de la septième vague l’été 2022, après les scrutins électoraux. Toutes les restrictions étaient supprimées, plus de masques, même dans les transports. Cette vague a été affrontée sans souci, comme une parenthèse estivale, avec un pic à 120 000 contaminations par jour et je le reprécise, sans masque. Cette vague a été causée par le variant Omicron 22B, alias BA5.

 

 8) La huitième vague a affecté la France et bien qu’elle ait coïncidé avec la rentrée et le début de l’automne 2022, le pic a été de moitié celui de la précédente, soit 55 000. Elle a été causée par une sorte de reprise technique opérée avec le variant 22B.

 

 9) La neuvième vague a atteint un pic de 60 000, comparable avec la précédente et avec une cinétique pratiquement équivalente. Il n’y avait pas de quoi s’affoler et cette fois, saluons le bras du ministre de la santé qui n’a pas tremblé en refusant d’imposer le masque. Ce qui n’a pas empêché les médias de faire planer une inquiétude en convoquant les Cassandre du Covid. Cette vague est causée par un nouveau variant, BXmachin, et désigné comme 22E par Gisaid.

 

 III) L’évolution à baisse semble la tendance la plus probable. Le variant 22E est certes dominant en France mais en Europe, il n’a pas la puissance évolutive des précédents et ne monte pas en puissance aussi rapidement que le 22B qui résiste bien. Les 22D et 22F ne percent pas. Comment expliquer l’atténuation de l’épidémie qui il faut le préciser, n’est pas éteinte et du reste, le Covid n’est pas une affection à prendre à la légère, il occasionne fièvre, courbatures, fatigue et parfois agueusie et anosmie, sans oublier d’autres symptômes ? Le contrôle de cette épidémie apparemment énigmatique s’explique par une immunité collective due aux vaccins mais dont la force repose sur la réponse immunitaire robuste acquise par les patients contaminés dont le taux reste à déterminer bien qu’on puisse l’estimer à plus de 70%. Dans mon entourage, presque tous l’ont eu, y compris votre serviteur qui a encaissé le delta il y a un an.

 

 IV) Les données Gisaid à l’échelle mondiale indiquent une absence de percée des nouveaux variants et une résistance du 22B qui occupe plus de 40% de part de marché. Le 21L n’a pas disparu et l’on se dirige vers une évolution erratique du virus avec une superposition de variants et une population immunisée par les contaminations et donc, une diminution de la contagion, observée du reste lors des dernières vagues. Il est raisonnable de penser à une normalisation de l’épidémie en n’oubliant pas que ce n’est pas le virus qui crée la maladie mais le patient qui produit le virus et les variants avec un jeu complexe associant la « mécanique adaptative virale » et le système immunitaire qui influe sur la production des virions au point d’être qualifié de coproducteur. Ce même système immunitaire qui offre une réponse robuste et durable qui ne se limite pas à une histoire d’anticorps. L’immunité cellulaire T est bien plus durable.

 

 Bonne fêtes, le Covid s’en va, la grippe arrive et le ciel attend les bienheureux.

 

 Sources

 

https://renkulab.shinyapps.io/COVID-19-Epidemic-Forecasting/_w_34cf5658/_w_8d1cc1e5/_w_f333af95/?tab=jhu_pred&country=France

 

https://nextstrain.org/ncov/gisaid/global/all-time

 

https://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/le-omicron-pourrait-etre-un-238020

 


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