Ça me chiffonne…
par C’est Nabum
jeudi 12 septembre 2024
Deux poids, deux mesures…
Une icône tombe à son tour au son des cornes qui sonnent l’hallali. La curée est impitoyable et la soutane sortira en lambeau tandis que la meute se précipite pour lui arracher les deux oreilles et la queue. Oubliées les belles actions de celui qui tombent désormais et sans doute à juste titre dans l’opprobre et l'abjection. Il convient d'effacer son nom du fronton des écoles confessionnelles et des fondations caritatives, sa mémoire à jamais sans domicile fixe !
Ce n'est certes pas cette mise à nu des turpitudes d'un pauvre bougre qui ne fut qu'un homme avec toutes les bassesses de cette moitié de l'humanité. On peut déplorer ses faiblesses, s'indigner de son comportement, être révulsé de ce qu'il a fait subir à des victimes sous l'influence de sa notoriété et de la chape de plomb qui accompagnait ses turpitudes. Tout ceci est légitime mais alors, pourquoi d'autres échappent depuis toujours à ce tribunal de la moralité ?
C'est bien ça qui me chiffonne quand je sais qu'un ancien ministre qui continue à occuper des fonctions officielles échappe à la curée pour des pratiques plus honteuses et hideuses encore. Il faudra pour lui aussi attendre quelques années après sa mort pour que tombe le voile et que les courageux nécrophages se jettent sur ses reliques.
C'est encore ce qui me chagrine quand des vedettes de l'actualité traînent des accusations qui n'en finissent pas de n'aboutir à rien quand la justice se plaît à faire durer le plaisir pour ne pas faire de vagues. Ceux-là sont-ils moins coupables que le pauvre abbé ? Bénéficient-ils de dossiers qui les mettent longtemps à l'abri de la juste punition ? On peut s'interroger sur cette extraordinaire lenteur des procédures pour ceux-là.
C'est ce qui me révolte quand des plaques de nos rues font toujours la part belle à des célébrités du temps passé ayant du sang sur les mains. Le bourreau des communards est de ceux-là sans que bien peu s'élèvent pour demander qu'il disparaisse à jamais de la toponymie de nos rues. Je pense à celui-là quand bien des maréchaux et des monarques ne méritent en rien de bénéficier de la glorification posthume.
C'est ce qui me scandalise chaque année dans ma cité quand je découvre l'oriflamme du plus grand pédophile qui s'illustra dans notre pays, trôné en majesté dans la cathédrale très catholique de l'endroit. Le pardon pour Barbe bleue et l'excommunication pour le vicaire des chiffonniers. On peut se demander pourquoi tant de mansuétude pour le premier et un tel acharnement pour le second.
Si l'avers et le revers font partie intégrante de toute personnalité, il y a désormais de terribles travers qui sont impitoyablement pourchassés sans que la volonté de laver plus blanc que blanc ne touche tous les coupables. Certains font des nœuds à leur mouchoir pour ne pas mettre en cause des gens de pouvoir, d'autres ferment les yeux sur des personnages entrés dans les livres d'histoire ou dans la légende nationale. Mais malheur à celui qui tombe sous les crocs d'une meute qui n'aime rien tant que chasser à courre un vieux mâle à bout de force.
Comme jamais rien n'est fait au hasard dans ce maelstrom médiatique, il est permis de s'interroger sur cette remontée d'égout, sur ses remugles qui émanent des agissement fétides d'un individu qui par ailleurs a laissé une trace qu'il convient d'éliminer pour poursuivre une politique de casse sociale. Il convient sur ce cas particulier de distinguer la tête d'affiche qui est en voie d'être mise en miette et son héritage que certains se feraient un malin plaisir à détruire.
Il est des pierres qui ont bâti des refuges qu'il convient de préserver d'un travail de sape mené par des moralisateurs qui ont l'âme bien plus noire dans d'autres domaines. Ne vous laissez pas prendre à leur honteuse manœuvre et sachez faire la part entre Dieu et Diable.