Et si on changeait de calendrier ?

par Bruno Jordan
mercredi 22 juin 2005

Mercredi prochain, nous serons le 22 juin. Mais qui sait que nous pourrions être le 1er granée ? Il suffirait pour cela de quitter le calendrier grégorien pour adopter le calendrier sexagésimal.

Mais, me direz-vous, pourquoi quitter le calendrier grégorien ? Parce que c’est une véritable usine à gaz dont la complication extraordinaire n’apporte à l’usage que des inconvénients. Mais qui en a seulement conscience ? Nous sommes tellement conditionnés à “penser grégorien” que la seule idée que l’on puisse utiliser un jour un autre calendrier est tout simplement impensable.

Essayons donc de mettre en lumière cet impensable.

Premier exercice. Posons-nous la question : pourquoi utilise-t-on deux systèmes différents pour mesurer le temps, le système sexagésimal pour mesurer le temps de la journée (il y a soixantes secondes dans une minute, soixante minutes dans une heure) et le système grégorien pour mesurer le temps de l’année ? Nous viendrait-il à l’idée d’utiliser deux systèmes différents pour mesurer des longueurs ? Evidemment non. Nous utilisons sans même y penser le système métrique qu’il s’agisse de mesurer notre habitation ou la distance entre deux villes.

Deuxième exercice. Comparons le système sexagésimal et le système grégorien. Commençons par le système sexagésimal. Regardez votre montre. Quelle heure est-il ? Et quelle heure sera-t-il demain au même moment de la journée ? La même heure assurément. Et après-demain ? Toujours la même heure. Reconnaissons qu’il est assez pratique de lire chaque jour la même heure au même moment de la journée. C’est tellement évident qu’on n’imagine pas un instant qu’il puisse en être autrement. Et pourtant... Passons maintenant au système grégorien. Quel jour sommes-nous ? Et dans un mois à la même date, quel jour serons-nous ? Certainement un autre jour. Et dans deux mois ? Encore un autre jour ! Tout ça parce que le calendrier grégorien utilise des unités, les mois, qui ont quatre grandeurs différentes (imaginons le système métrique avec quatre mètres différents). De décalage en décalage, il juxtapose ainsi quatorze modèles d’année différents (comme si la terre décrivait quatorze orbites différentes autour du soleil). Résultat : nous ne savons jamais où nous en sommes, quel jour sera le 15 septembre ou le 20 décembre.

Partant du constat que le calendrier grégorien est l’outil de mesure du temps le plus malcommode qui soit, un designer, Edouard Vitrant, a eu l’idée de concevoir un nouveau calendrier basé sur le système sexagésimal (1). Et voici l’œuf de Christophe Colomb : un nouveau calendrier aussi simple que le calendrier actuel est compliqué. Il se compose de six périodes de soixante jours, les “soix”, elles-mêmes subdivisées en dix périodes de six jours, les “sizaines”. Il y a donc soixante jours dans un soix et soixante sizaines dans une année sexagésimale. Et comme entre les six soix il y a cinq espaces (ça tombe bien !), un jour surnuméraire dit “jour adventice” vient se glisser dans chaque espace. 6 fois 60, 360, plus 5 : le compte est bon.

Du fait que l’année commence toujours un lundi, que chaque soix aussi, chaque date est associée une fois pour toutes à un jour donné. Ainsi, si vous avez un rendez-vous le 25, il vous suffit de connaître votre table de multiplication par six pour savoir que c’est un lundi. Enfantin, non ?

Plus besoin de réimprimer chaque année de nouveaux calendriers ou de nouveaux horaires SNCF, plus besoin non plus de changer les dates des vacances scolaires, des examens, des jours fériés, des ponts, des festivals, des salons, des élections. Comme il n’y a plus qu’une seule année type, les dates reviennent chaque année le même jour. On les connaît une fois pour toutes. Que de confort et d’économies en perspective ! Alors on change quand ? Il suffit juste d’accepter de remettre en cause notre représentation du temps et de changer nos petites habitudes.

Mais d’abord il faut ouvrir le débat, un débat qui devrait être aussi passionné que celui sur la Constitution Européenne. Ouvrons des forums, diffusons l’information, et peut-être que la presse finira par s’en faire l’écho.

Bruno Jordan (Paris)

(1) Le projet est exposé en détail sur le site http://www.sexagesimal.org.


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