Jehanne et le réchauffement climatique

par C’est Nabum
jeudi 2 mars 2023

 

Anachronisme municipal.

 

Est-ce pour réclamer le renouveau de la sidérurgie lorraine que la municipalité orléanaise soucieuse d'assurer sa transition écologique a mis les fers au feu pour célébrer sa reconversion environnementale ? Nul ne le saura jamais à moins que les arcanes de cette campagne médiatique ne sortent un jour, lors du procès en réhabilitation de l'échevin après son crime de lèse héroïne. Pour l'heure, nous devons nous satisfaire de supputations et d'hypothèses, toutes plus incertaines les unes que les autres.

Toujours est-il que la ville est sur la bonne voie, celle qui, selon l'incontournable complexe de la place, doit en faire la Capitale du virage vert. L'important est du reste d'être Capitale de quelque chose sans jamais changer son arquebuse libérale d'épaule. Nulle contradiction dans tout cela puisque la communication fera prendre des vessies johanniques pour des lanternes solaires.

La dame Jehanne a donc été mandée pour assurer la communication sans réclamer le même droit à l'image . Elle y fait d'ailleurs feu de tout bois au cœur d'un réchauffement climatique qui n'a pas bien appris ses leçons d'histoire. Prétendre mettre la main au feu du ciel en 1429 pour ne pas mettre en lumière la ville de Rouen en 1431 n'est pas sans risquer de se brûler les doigts.

Se couvrir de fer puis de plastique sans omettre le ridicule c'est se donner les raisons de faire un joli four. Nul graphiste d'ailleurs n'a songé à équiper la susdite armure d'un sifflet pour laisser échapper la vapeur en cas de trop forte pression. Il est vrai que le souci de véracité n'est pas le fort de ce travestissement du réel qui vient jeter un trouble sur la prétendue féminité de l'héroïne.

Le vert est dans le fruit défendu aurait affirmé un des instigateurs de la campagne, sans que quiconque puisse savoir s'il faisait allusion à la virginité du modèle. Le tournant écologique sans déchirer l'hymen et les pratiques passées, tout ceci constitue du reste un risque non négligeable de voir cette volonté de changement tomber à l'eau. Reste alors à savoir si ce sera dans la Seine ou bien la Loire. L'instrumentalisation de l'histoire exige toujours quelques petits ajustements.

Le ridicule ne tue pas, c'est bien là l'essentiel et il a même le mérite de faire parler de lui. Le plus étonnant dans l'affaire c'est que dans la place forte du culte johannique, bien peu s'émeuvent de cette nouvelle hérésie. La Pucelle a connu le bûcher pour avoir endossé l'habit d'homme, elle va devoir se justifier pour avoir changé la couleur de son étendard. Les fleurs de lys risquent de faire désordre sur un fond vert mais ceci n'est qu'un problème esthétique fort éloigné de la réalité de terrain.

Avec cette campagne on peut s'attendre à un virage radical en matière de politique locale, une sorte de révolution verte ce qui expliquerait sans doute que la nouvelle Aréna n'est que la queue de la Comète des temps obscurs de la gabegie énergétique. Dans pareil cas, nous ne pouvons qu'admirer la logique éditoriale de ce discours médiatique.

Seule évidence dans la nature même des slogans : simplistes, idiots et parfaitement anachroniques, il y a eu un glissement sémantique dans la cité des chiens. Les instigateurs de cette farce ont cessé d'associer les orléanais aux chiens, analogie qui leur colle à la peau depuis la croisade des pastoureaux en 1251 pour les confondre désormais avec des ânes, référence qui échoit au convoi muletier organisé par les habitants de Meung-sur-Loire en 1338 pour venir au secours d'une cité où sévissait la famine.

Dans le bestiaire de l'endroit, la référence au dragon eut été plus pertinente que notre cocotte-minute de Domrémy dont le passage dans l'histoire ne fut qu'une simple et merveilleuse fulgurance. Je doute que le terme de fulgurance convienne à cette campagne de communication qui a le triste privilège de nous faire tous passer pour des ânes bâtés ce qui naturellement me donne du grain à moudre.

En écrivant ceci, je risque fort de me brûler les ailes, j'en mettrai ma main au feu du bûcher du 28 décembre1022, passé totalement sous silence par nos falsificateurs de l'histoire.

À contre-feu


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