Le Mont Fuji photographié par le satellite ALOS

par Pyxmalion
mercredi 22 février 2006

Le satellite japonais ALOS livre sa première image. À travers ce cliché du Mont Fuji, nous voyons qu’au-delà de la recherche scientifique, la photographie révèle un champ d’un caractère artistique indéniable, où les contrastes du Japon moderne sont mis en évidence.

Le satellite japonais ALOS, construit par l’agence JAXA (Japan Aerospace Exploration Agency) en association avec l’ESA (Agence spatiale européenne) et récemment mis en orbite autour de la Terre, nous a dévoilé sa toute première image, réalisée le 14 février 2006 : la plus haute montagne du Pays du soleil levant, culminant à 3 776 m., le célèbre Mont Fuji, volcan légendaire endormi depuis 1707. Au pied de ce géant s’étale le bassin de Kofu, dont on peut voir de beaux détails, du fleuve qui serpente jusqu’aux rues de la ville de Yamanashi.

Le noir et blanc de la photographie en transforme littéralement (et littérairement) son atmosphère, transfigurant sa beauté d’origine, saisissant les contrastes des tons, du temps, des matières, d’espace, du sens, etc., inhérents à ce pays lointain. L’objectif de la caméra du satellite a comme oublié son rôle exclusivement scientifique, pour préférer envelopper de son regard les mystères de l’immense volcan.
C’est une véritable photographie d’art, dans laquelle nous sommes invités à nous plonger, pour remuer avec nos yeux ces immenses espaces inertes, éplucher chaque détail de ce tableau codé par les forces vives des temps modernes et les antiques éclaboussures de laves ... On peut y déchiffrer les attachements de l’âme japonaise : Mont Fuji, berceau du Japon, présent dans toute son histoire et ses traditions, investi d’un grand rôle spirituel, omniprésent dans la culture... et à ses pieds, une vaste fourmilière humaine, d’une très grande densité de population, occupant la moindre parcelle de terrain, laissant si peu d’espace libre, où seule la veine du fleuve descendant des pentes de la montagne semble amener un goût sauvage à ce tentaculaire assemblage urbain.
À l’arrière-plan, une nature sauvage et majestueuse, et au premier-plan, une nature domestiquée, occupée, voire évacuée. Deux colosses se côtoient et créent un décor presque irréel, comme lointain et figé dans l’épaisseur du temps. C’est un Japon moderne, tourné vers l’urbanité, et qui, aussi, n’oublie pas complètement ses traditions.


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