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par L’enfoiré
samedi 21 janvier 2006

Banques et assurances : que se passe-t-il quand le magot n’est pas réclamé ? Sujet de « Question à la Une », à la RTBF (18 janvier)

Tout le monde épargne, en petit ou en grand, selon le niveau de vie, pour garder la fameuse pomme pour la soif et un semblant de vie future agréable, car en « chaque homme sommeille le cochon ». !

Pour les banques, cela fait beaucoup de bas de laine de petits cochons, quand on pense à tous les comptes dormants, dont 150 000 sont bloqués pour cause d’héritiers inexistants.

Le sujet est tellement insolite que les réponses à la question de savoir combien d’argent est en jeu et ce qui en est fait ne coulent pas de source.

En principe, après trente ans, cet argent tombe dans le pot commun. En transit. Mais est-ce moral, ou normal ?

A l’Association des banques belges, on dit que si un compte n’a plus de mouvements, il tombe dans cette catégorie, mais la période après laquelle les banques prennent cette option est tout à fait variable. Le total de l’argent qui serait ainsi en souffrance est totalement indéfini, et considéré comme quasi inexistant. Situation « théorique » donc, mais qui existe. Les chiffres ne sont pas connus, et correspondraient à une fraction infime du total de l’argent en banque. La banque principale belge détient un total de 44,5 milliards d’euros. Donc, même un pourcentage infime, ce n’est pas rien.

Les petits livrets d’épargne sont pourtant là pour le justifier.

Les enfants du juge qui, après de nombreuses années, sont sortis des instituts, avaient également, sans le savoir, de petits pécules bien gentiment constitués par des allocations familiales et autres, casés au fond des banques et prêts à l’emploi. Malheureusement, encore fallait-il en apprendre l’existence.

Les locataires des coffres qui ont disparu, ou ceux qui n’en payent plus la location, sont aussi dans le lot des énigmes auxquelles il faut trouver une issue. Encore une fois, le client est responsable, pas la banque. Celle-ci n’a pas d’obligation de retrouver le client.

Alors, quid ?

En Espagne, après vingt ans, l’argent revient de plein droit à la collectivité, à l’Etat, donc.

En France, il existe un projet du même type, qui étendrait la période à trente ans.

Mais le cas est-il parfaitement mis en pratique, ou le sommeil est-il plus profond qu’il ne le devrait ? Personne ne pourrait le jurer de prime abord. Si on ne connaît pas le montant global en jeu, c’est qu’on a intérêt à ne pas trop faire de vagues avec une information qui pourrait nuire à l’intéressé.

Pas loin d’ici, la Suisse s’est vue condamnée à rembourser les avoirs des Juifs confisqués pendant la guerre et qui se trouvaient dans leurs coffres, et à révéler par là-même les montants, en oubliant la sacro-sainte inviolabilité du secret bancaire.

Enquêtant dans ce beau pays, autant dire que le journaliste a créé un froid sibérien lors d’une assemblée générale des banques suisses, quand il poursuivait son investigation. Toujours le même souci de savoir combien d’argent est "oublié" et ce qu’on en fait. Toujours les mêmes réponses : "On ne sait pas répondre". Alors, une question comme : "Est-ce que vous ne savez pas donner l’information, ou vous ne voulez pas la donner ?"

Au sujet des assurances vie non récupérées, car elles ne sont pas payées d’office -la restitution doit en être demandée par le client, que se passe-t-il, quand cela ne se passe pas, et que les ayants droit ne se manifestent pas ?

Le montant total dans ce cas est estimé à 2 milliards d’euros en France. Pas de chiffres en Belgique. A un âge de 110 ans, estimation de la limite de vie extrême, le problème se pose si les assurés n’ont pas réclamé leur dû.

En 2002, on passait en grande pompe, et dans l’euphorie générale, à l’euro.

Ensuite, la rentrée des anciennes monnaies pour la conversion vers l’euro s’est faite sans problème. Tous les petits francs, pesetas et autres ont pu être changés dans un délai suffisamment long. Mais tous les bas de laine n’ont pu ressortir de tous les "greniers de nos avoirs", et une partie non négligeable n’a pas pu passer par la moulinette. Tout cet argent en souffrance n’est pas non plus passé dans les troncs des œuvres charitables. Et là, c’est la véritable caverne d’Ali Baba. Fin 2005, en Belgique, 198 millions convertibles en euros (16,6 millions de billets) sont restés sous forme de bons vieux billets à l’effigie de nos chers représentants belges.

Mais la "souffrance" n’est pas vraiment perdue pour tout le monde, et se retrouve tout naturellement dans le domaine public. Tout bénéfice pour la Banque nationale, et surtout pour nous, non ?

La dette publique pourrait être grignotée un fameux coup si cet argent venait combler les déficits de l’Etat, comme il serait naturel.

Mais, comme le disait le journaliste : "Pour tous ces sujets, c’est motus et bourse cousue".


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