Une réflexion fondamentale sur la question de l’Etat

par uteur de
lundi 28 juin 2021

Une réflexion fondamentale sur la question de l'Etat.

Ne prenez pas l'auteur pour un anarchiste ou libertarien. C'est un adversaire du POUVOIR et de ses consignes, partisan d'une AUTORITE basée sur la SAGESSE et le BON SENS.

Comment en sommes-nous donc arrivés au Pouvoir absolu ? Peut-être cette réflexion nous aidera-t-elle à en sortir ?

« Une certaine confusion règne encore, mais encore un peu de temps et tout s'éclaircira ; nous verrons enfin apparaître le miracle d'une société animale, une parfaite et définitive fourmilière.  » (Paul Valéry, La crise de l’esprit, Première lettre, 1918, in Œuvres I, Pléiade, p.994)

 

Je viens de faire paraître un court essai intitulé La fin de l'Etat dont voici la Préface

La crise de 2020

L’année 2020, marquée, sous le prétexte de la crise sanitaire, par un bouleversement spectaculaire des comportements politiques et sociaux, n’a pourtant rien amené de véritablement neuf. Elle a joué un rôle central d’accélérateur de toute une série de tendances inquiétantes déjà présentes dans notre société. Tendances qui nous faisaient nous demander : « Où va-t-on ? » et qui nous amènent désormais à nous poser plutôt la question : « Où en sommes-nous donc arrivés ? ». Car cette crise jette une lumière vive sur nombre de travers dont nous souffrions, travers qu’elle a accentués brutalement.

Concernant la nature de la crise elle-même, je me contenterai de relever ce qui est pour moi le point essentiel : la disproportion totale entre un problème sanitaire réel mais limité et les décisions prises par les États qui l’ont gonflé démesurément. Je n’aborderai donc ici ni la question de la nature du virus ni sa relation hypothétique avec les recherches en vue d’une guerre bactériologique. Je voudrais seulement insister sur le fait que les mesures développées par les États sont totalement extravagantes et disproportionnées par rapport à une épidémie qui en un an a fait environ 0,1% de victimes dans la population, la plupart dans les classes les plus âgées, au-delà de 75 ans. Des mesures radicales n’eussent été justifiées que dans le contexte d’une épidémie dévastatrice. Par comparaison, la grippe espagnole de 1918-1919 a fait 2% (vingt fois plus) de victimes, dont la plupart dans les classes actives de la population (entre 20 et 40 ans). Pour ne pas parler des véritables épidémies dévastatrices auxquelles on a osé comparer la présente contamination, comme la peste noire, qui élimina en quelques années un tiers de la population (trois cents fois plus). C’est la disproportion totale entre l’événement et les moyens déployés qui pose un problème évident et fait de la gestion de l’épidémie, baptisée pandémie pour justifier ces mesures, avant tout une attaque directe contre la vie sociale.

 

Si j’ai écrit ce texte, c’est parce que depuis quarante ans que j’écris, je me sens toujours dans une complète incompréhension, parce que je ressens mon point de vue comme rejeté a priori, non entendu. Non audible ? Je n’en suis pas convaincu. Forcément, sinon je ne reprendrais pas la plume. Mais non écouté, parce que les esprits sont toujours orientés vers une perspective qui semble incontournable et qui de mon point de vue bloque toute réflexion :

- du point de vue positif, la perception de la vie idéale comme absence de contradictions, de travail. Une sorte de pays de cocagne. Je ne crois sûrement pas que le monde soit une vallée de larmes et que nous ayons à gagner une félicité éternelle par les peines que nous endurons ici bas. C’est une vision qui a régné jadis. Mais les esprits sont passés dans l’inverse qui est tout aussi faux : la dictature du plaisir, de la spontanéité, la négation de toute élaboration… ce qu’on appelle liberté, développement du sujet… et qui n’est en fait de mon point de vue que le règne du spontané, du n’importe quoi.

- du point de vue négatif, l’idée que l’ennemi est la violence, la contrainte, dite fascisme, parce que nous avons vécu le syndrome de la Grande Guerre (1914-1945) et que les vainqueurs, l’union des démocraties, a rejeté la faute, la responsabilité de la guerre, en 1914 et plus encore en 1939, sur les régimes autoritaires. Je n’ai jamais voulu encenser le pouvoir autoritaire, loin de là, mais il est historiquement plutôt de l’ordre du passé, et il faut, je crois, aujourd’hui stigmatiser surtout (parce que c’est cela qui nous bloque) le pouvoir insidieux de régimes qui s’appuient sur la corruption interne des humains et font régner le chaos. Tous les États sont coupables au même titre de la catastrophe du XXe siècle, époque dont le paradoxe est qu’elle s’épanouit dans ce bien-être produit par une efflorescence technologique issue en grande partie des nécessités de la guerre (médecine, informatique…). Je dénonce la croyance apparemment incontournable au fait que notre problème politique et social soit lié à l’existence de gens qui recherchent le profit, l’enrichissement (les capitalistes) et de gens qui recherchent le pouvoir (les politiques). Je pense quant à moi que bien des gens de bonne intention font parfois (souvent !) plus de mal que ceux qui ouvertement veulent profiter, dominer. Le profit et la domination ne sont pas des désirs respectables certes, mais les bonnes intentions de l’égalité et du bien-être pour tous, sous l’égide d’une Nature divinisée, elle aussi soi-disant exempte de conflits, aboutissent au même résultat, d’autant plus incontournable, qu’il est auréolé de bonne volonté. Ce Welfare State promu depuis les années 1930 et devenu la Démocratie, est un idéal d’autant plus redoutable qu’il s’est inscrit en nous, qui ne sommes plus dominés de l’extérieur mais qui nous abandonnons à une servitude volontaire et cherchons subjectivement à nous sentir bien plutôt qu’à nous réaliser.

Le titre de cet ouvrage aurait pu être Mort de l’État ou Mort de l’espèce ? car depuis plus d’un siècle, la survie des États se fonde sur leur action de destruction de l’Humain, destruction physique d’abord, destruction beaucoup plus insidieuse depuis 75 ans à travers une société d’abrutissement qui s’articule sur le luxe, l’hyperconsommation et la négation du Réel. Et inversement la survie de l’espèce dépend de la FIN DE L’ÉTAT qui est cette forme d’organisation de la société esquissée depuis huit cents ans, élaborée depuis le XVIe siècle et triomphante depuis un siècle. J’ai développé mon analyse essentiellement dans un ouvrage intitulé D’août 14 à l’âge d’or de l’État (2001) que j’ai résumé et actualisé en 2016 dans un pamphlet L’État. De l’âge d’or au délire. À la relecture, le ton de ce dernier texte ne m’apparaît pas assez serein et j’en veux pour preuve que je l’ai présenté en finale comme un testament. Sa véritable conclusion énonçait une réalité qui s’est révélée de manière particulièrement sensible dans la crise de 2020 : « La Terreur que le Pouvoir développe aujourd’hui n’est pas autre chose que la mobilisation générale d’Août 14 élevée au carré. […] Qu’elle soit issue de la violence absurde du Terrorisme politique, ou qu’elle règne comme Terreur alimentaire, Terreur climatique et bientôt bactériologique, la Terreur frappe les populations dans leur vie quotidienne. D’où le repli, l’enfermement, la coupure de tout lien social.  » On ne pouvait, je crois, mieux caractériser ce qui éclate maintenant au grand jour. J’ai dans le présent texte choisi de positiver car la Fin de l’État est aujourd’hui à la fois un fait - apparent dans le délire politico-médiatico-administratif de la crise et des mesures adoptées - et un but : la survie de l’espèce, pas sa survie physique, mais sa survie en tant qu’espèce véritablement humaine, dépend du fait que nous entérinions la réalité et la nécessité manifeste de la Fin de l’État. Je vais tenter d’expliquer pourquoi, dans l’espoir d’ouvrir une brèche dans la conviction commune.

Je développe ensuite la question en deux parties.

Dans la première, j'explicite mon point de vue central : ce qui caractérise l'époque moderne, ce n'est ni l'explosion technologique, ni l'essor du capitalisme, c'est avant tout le DEVELOPPEMENT DU POUVOIR qui pour se faire plus puissant n'a pas seulement employé la guerre, la contrainte ou la ruse, mais s'est fait via l'économie (... politique !) l'organisateur de la Société qu'il a dissoute pour en faire une société civile et s'est ainsi introduit au coeur des humains, dont il a fait des esclaves volontaires.

Dans la seconde partie (Le nerf de la guerre) j'étudie le "monde d'après" sous l'angle économique et financier. Ce qu'entérine la crise actuelle : la disparition de la Valeur-Travail remplacée par une monnaie-jeton d'Etat. Tout repose désormis sur la Dette d'Etat et son crédit (à la fois financier et moral).

Et voici le dernier paragraphe de cet Essai :

Pour maintenir et développer son crédit, l’État n’a guère d’autre solution que de s’édifier comme le seul et unique rempart contre les catastrophes… qu’il génère ! La peur, la Terreur sont ses armes favorites. Elles ont nom chômage, terrorisme, changement climatique, catastrophe sanitaire,… et si elles ne suffisent pas, la guerre civile, dont bien des conditions sont aujourd’hui en place. Emploi, Sécurité, Économie verte et Mesures sanitaires, voilà les bases du Crédit de l’État, l’opium de la crédulité publique et le message des intellectuels. Mais c’est devenu tellement gros que peut-être cette crise ouvrira-t-elle une brèche dans ce consensus ?

Ouvrage vendu sur le site TheBookEdition (4€08 + port)

 


Lire l'article complet, et les commentaires